Les Slovaques votent aux législatives, avant tout contre la corruption

Les Slovaques ont commencé à voter samedi matin pour renouveler leur parlement dans l’espoir de réduire la corruption, imputée notamment aux populistes du gouvernement sortant, cet objectif étant devenu priorité nationale après le meurtre d’un journaliste d’investigation en 2018.

L’assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, dont un riche entrepreneur lié à des hommes politiques est accusé d’être commanditaire, a mobilisé l’opinion.

Aussi, la plupart des sondages indiquent-ils que le parti populiste de gauche Smer-SD, actuellement au pouvoir, durement touché, pourrait se retrouver à égalité avec OLaNO d’Igor Matovic, un parti d’opposition de centre droit, dont le combat contre la corruption est le principal mot d’ordre.

« J’aime bien la manière dont Matovic montre ce qui va mal en Slovaquie. Je crois qu’il apportera un vrai changement », a dit à l’AFP Daniela Jonasova, une employée de bureau de 35 ans qui a indiqué avoir voté pour OLaNO à Bratislava peu après l’ouverture du scrutin.

Selon un sondage de l’institut AKO-Focus, publié cette semaine en République Tchèque voisine pour contourner le silence radio imposé en Slovaquie, OLaNO dépasserait même le Smer-SD de 3,5% des intentions de vote.

– « Aspiration à la décence » –

Un analyste politique basé à Bratislava, Radoslav Stefancik exprime une opinion similaire : « Cette élection traduit avant tout l’aspiration à la décence en politique ».

Le double assassinat avait déclenché en 2018 d’importantes manifestations qui ont poussé à la démission le Premier ministre d’alors Robert Fico.

Selon l’analyste politique Grigorij Maseznikov, le meurtre du journaliste « a reconfiguré toute la scène politique, avec l’émergence de nouveaux partis libéraux et démocratiques qui ont immédiatement obtenu du soutien ».

« Le scénario le plus probable est la création d’une coalition gouvernementale de centre droit pro-démocratie de six ou même sept partis », ajoute le politologue.

Jurant de partir en guerre contre la démoralisation dès son arrivée au pouvoir, le chef d’OLaNO Igor Matovic semble avoir galvanisé l’indignation du public contre le meurtre de Kuciak et la corruption à haut niveau révélée par l’enquête.

Devenu millionnaire par ses propres moyens, cet ancien patron de presse de 46 ans ayant fondé OLaNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes) il y a une dizaine d’années pourrait prendre la tête du gouvernement s’il parvient à unifier une opposition fragmentée.

– Montée de l’extrême droite –

M. Fico, qui est toujours patron du Smer-SD, a exclu de former une coalition avec le parti d’extrême droite Notre Slovaquie LSNS de Marian Kotleba. Mais il a fait cause commune avec lui il y a quelques jours au parlement pour voter une loi offrant un 13e mois aux retraités, aussitôt dénoncée comme électoraliste par ses adversaires.

Il peut toujours compter sur un socle d’électeurs fidèles.

« Fico a du caractère. C’est un vrai homme politique. Tous les autres manquent d’expérience et de connaissances pour conduire le pays », a dit à l’AFP une retraitée de Bratislava, ne donnant que son prénom, Iveta.

« J’aime l’aide qu’ils (le parti Smer-SD) apportent aux jeunes et aux seniors. Je peux voyager gratuitement et les trains sont gratuits aussi pour ma petite fille qui est étudiante », a-t-elle ajouté.

De son côté, le LSNS de Marian Kotleba, qui se présente comme un parti anti-élites et affiche son inimitié à l’égard de la minorité Rom, pourrait porter de dix à vingt le nombre de ses sièges dans la chambre unique.

« Je vote pour le LSNS parce que depuis 1989 les gouvernements n’ont fait que voler l’argent des gens », a déclaré à l’AFP Dominik Kmet, un étudiant de 19 ans de la ville moyenne de Martin (nord).

« Ils ont soutenu les marchés étrangers au lieu de notre marché national. J’aime bien l’idée du LSNS de créer des entreprises d’Etat et de faire reprendre par l’Etat les entreprises stratégiques. Je suis plus ou moins d’accord avec tout leur programme. Le LSNS n’est par un parti de fascistes ou de racistes », a-t-il affirmé.

Favorable à la Russie, hostile à l’UE, Kotleba, 42 ans, voudrait que la Slovaquie quitte l’Otan.

Les bureaux de vote doivent fermer à 21H00 GMT. Des sondages sortie des urnes devraient indiquer peu après l’orientation de ce scrutin auquel participent 25 partis politiques. Une petite dizaine devraient entrer au parlement.

Bain de foule pour Carles Puigdemont aux portes de l’Espagne

L’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique après la tentative de sécession de 2017, va rassembler samedi des dizaines de milliers de partisans à Perpignan, dans le sud de la France près de la Catalogne où le contexte politique est sensible.

C’est la première fois que l’ancien président régional catalan se rend ainsi aux portes de l’Espagne depuis son départ à Bruxelles pour échapper aux poursuites de la justice espagnole qui a condamné en octobre à la prison pour sédition plusieurs anciens membres de son gouvernement régional.

Jusqu’à l’obtention récente, à la suite d’une longue bataille judiciaire de son immunité d’eurodéputé, M. Puigdemont ne s’était pas risqué à faire le voyage en France, pays dont la collaboration policière et judiciaire est étroite avec Madrid.

Maintenant qu’il ne risque plus l’extradition, les indépendantistes catalans vont lui offrir un bain de foule dans cette ville du sud de la France toute proche de la frontière et que les indépendantistes catalans considèrent comme la capitale de la « Catalogne nord ».

Les organisateurs ont réservé 600 bus et estiment qu’entre 70.000 et 100.000 militants séparatistes feront le déplacement d’Espagne pour ce meeting qui doit commencer à 12H00 (11H00 GMT) sur l’esplanade du parc des expositions de Perpignan.

– « A la maison » –

« Pour moi, c’est comme être à la maison », a confié mercredi M. Puigdemont au quotidien La dépêche du Midi.

La principale figure de la tentative de sécession de 2017 sera reçue samedi par le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol, et par la présidente du département des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe, après avoir assisté vendredi à un match de l’équipe de rugby locale, porte-drapeau de l’identité catalane.

Des réceptions dénoncées par l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, candidat malheureux l’an dernier à la mairie de Barcelone, sa ville natale.

« Des élus de tous bords vont recevoir en grande pompe à Perpignan un dirigeant politique qui a fui l’Espagne et qui est poursuivi par la justice d’un Etat de droit. Cet indépendantiste qui n’a rien d’un progressiste affirme venir en « Catalogne-nord » et non pas en France », a-t-il dit sur Twitter en critiquant un « électoralisme à la petite semaine » et une « absence de respect du pays voisin ».

– Contexte sensible en Catalogne –

Ce meeting de Carles Puigdemont intervient dans un contexte politique sensible en Catalogne.

Son successeur à la tête du gouvernement régional, Quim Torra, a en effet annoncé fin janvier la tenue prochaine d’élections régionales anticipées en raison des tensions entre les deux partis séparatistes contrôlant la région: Ensemble pour la Catalogne (JxC) de M. Puigdemont et Gauche Républicaine de Catalogne de son ancien numéro deux Oriol Junqueras (ERC), condamné à 13 ans de prison pour la tentative de sécession.

Ces tensions découlent des divergences stratégiques entre ces deux formations, ERC étant favorable à un dialogue avec le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez tandis que JxC prône toujours la désobéissance.

Ce dialogue, fixé par ERC comme une condition à son appui à M. Sanchez au parlement, vient de commencer mercredi à Madrid entre le gouvernement central et le gouvernement catalan pour tenter de trouver une solution à ce conflit qui envenime depuis des années la politique en Espagne.

Mais il est vu d’un mauvais oeil par M. Puigdemont et ses partisans. « L’expérience nous conseille résolument de ne pas faire confiance », a affirmé récemment l’ancien président régional qui réclame toutefois d’être un interlocuteur de Madrid dans ces négociations.

Trump nomme un élu républicain contesté à la tête des services de renseignement

Donald Trump persiste et signe: vendredi, il a nommé un de ses fervents partisans, l’élu républicain John Ratcliffe, à la tête des services de renseignement américains, un peu plus de six mois après avoir été contraint de renoncer à lui confier ce poste délicat.

Le président a annoncé sur Twitter la nomination de cet élu de la Chambre des représentants, âgé de 54 ans, comme directeur du renseignement (DNI). « John est un homme exceptionnel de grand talent », a-t-il assuré.

La cheffe de l’opposition démocrate au Congrès Nancy Pelosi a dénoncé cette nomination arguant que le président américain était en train « d’ignorer des réserves sérieuses » et laissait « la politique et non pas le patriotrisme, guider la sécurité nationale (des Etats-Unis) ».

Donald Trump avait déjà fait part début août de son intention de le promouvoir à ce poste chargé de superviser et de coordonner les activités de la CIA, de la NSA et de 15 autres agences de renseignement.

Mais cet ancien maire d’une banlieue aisée de Dallas, et procureur fédéral pendant tout juste un an, en 2007, avait été critiqué notamment par l’opposition démocrate, en raison de son manque d’expérience et de son dévouement envers le président.

Il avait également été accusé d’avoir exagéré certains faits d’armes et, même dans les rangs républicains, l’enthousiasme était resté mesuré.

Le milliardaire républicain avait finalement renoncé à choisir M. Ratcliffe, dénonçant au passage « la manière très injuste » dont il avait été traité par les médias.

« La dernière fois que sa nomination a été envisagée, des questions sérieuses avaient été soulevées par les deux partis », a rappelé le sénateur démocrate Mark Wagner. « J’ai du mal à voir ce qui a changé depuis », a assené dans un communiqué l’élu, numéro deux de la commission sénatoriale du renseignement.

– Colère –

Suite à cet échec, Donald Trump avait chargé Joseph Maguire, alors chef de l’antiterrorisme, d’assurer l’intérim après le départ le 15 août du DNI Dan Coats avec lequel il avait fréquemment été en désaccord notamment sur la Russie ou la Corée du Nord.

M. Maguire était pressenti pour être confirmé à ce poste, mais un briefing au Congrès par ses services le 13 février a, selon les médias américains, déclenché la colère du président à son encontre.

Lors de cette réunion, une conseillère de M. Maguire aurait fait état devant des élus démocrates de nouvelles ingérences russes dans la campagne de 2020 destinées à favoriser la réélection de l’impétueux président.

Le 19 février, Donald Trump a annoncé qu’il remplaçait M. Maguire par Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne.

Agé de 53 ans, ce fidèle soutien de Donald Trump avait fâché de nombreux responsables allemands par ses prises de position peu diplomatiques et son arrivée avait été perçue comme une reprise en main de la part des services de renseignement par la Maison Blanche.

– « Impartial » –

John Ratcliffe doit encore être confirmé par le Sénat, où les républicains sont majoritaires.

Le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer les a appelés à joindre leurs voix à celle de l’opposition pour rejeter sa candidature.

« A un moment où les Russes interviennent dans nos élections, nous avons besoin d’un leader impartial à la tête de la communauté du renseignement, qui voit le monde avec objectivité et dise la vérité au pouvoir. Malheureusement ni le directeur par intérim Grenell ni l’élu Ratcliffe ne s’en approchent », a-t-il écrit dans un communiqué.

Le chef républicain de la commission du renseignement de la chambre haute, Richard Burr est resté prudent. « Nous avons besoin d’un directeur national du renseignement permanent, et non intérimaire. J’attends de recevoir la nomination officielle de l’élu Ratcliffe pour l’inscrire à l’ordre du jour du Sénat », a-t-il simplement commenté.

L’opposition russe défile contre Poutine

Des centaines de partisans de l’opposition russe se sont rassemblés samedi pour protester contre les réformes constitutionnelles voulues par le président Vladimir Poutine et en mémoire de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné il y a cinq ans aux pieds du Kremlin.

Il s’agit de la première manifestation d’ampleur depuis l’annonce de la vaste révision constitutionnelle voulue par le président russe et depuis le mouvement de protestation en faveur d’élections libres qui a secoué Moscou à l’été 2019 et qui avait été fermement réprimé par les autorités.

Elle commémore également la mort de , l’une des principales voix anti-Poutine jusqu’à son assassinat en février 2015. Cinq exécutants ont été condamnés, mais le commanditaire est resté introuvable.

A Moscou, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en début de manifestation avec des portraits de Boris Nemtsov et des pancartes « Non à la guerre » ou portant des citations de l’opposant défunt.

« Je suis contre les changements constitutionnels. Je veux que le pouvoir puisse être changé et je ne veux pas que nous ignorions le droit international », a déclaré l’une des participantes, Albina Poukhova, 54 ans.

A Saint-Pétersbourg (nord-ouest), près de 2.000 personnes ont défilé dans le centre de la deuxième ville de Russie jusqu’au monument aux victimes des répressions politiques.

« Il s’agit, de fait, de la seule possibilité de dire que nous sommes contre ce qui se passe dans le pays et contre l’Etat policier », a affirmé Galina Zouïko, 55 ans.

Un autre manifestant, Ivan Krasko, a dit « vouloir vivre normalement » : « Pourquoi nous interdit-on tout? Pourquoi le gouvernement cache des choses à ses citoyens? »

– « Maintenir Poutine au pouvoir » –

« Le Kremlin va regarder combien de gens participent à la marche pour Nemtsov. De cela dépendra avec quel niveau de cynisme ils continueront l’opération destinée à maintenir Poutine au pouvoir », a écrit mardi sur Twitter l’opposant numéro 1 au Kremlin, Alexeï Navalny, appelant ses partisans à rejoindre le défilé.

Autorisée par les autorités, la marche est la première manifestation d’importance depuis que Vladimir Poutine a annoncé une révision constitutionnelle qui renforcera plusieurs prérogatives du président et musclera le rôle du Conseil d’Etat, un organe jusqu’alors consultatif.

Pour beaucoup d’analystes, Vladimir Poutine organise avec cette réforme l’après-2024, en se laissant le maximum de portes ouvertes pour préserver son influence et pérenniser le système qu’il a bâti en 20 ans au pouvoir, alors qu’il doit quitter les fonctions présidentielles puisqu’il ne pourra pas se représenter.

Selon un récent sondage du centre indépendant Levada, seul 25% des Russes sont prêts à voter en faveur des changements constitutionnels voulus par Vladimir Poutine, tandis que 65% disent ne pas comprendre ce qu’ils signifient. Les sondés sont plus divisés que jamais sur l’avenir du président: 44% veulent le voir quitter le pouvoir après 2024, 45% veulent le voir rester.

– Rouvrir l’enquête –

L’assassinat par balles de Boris Nemtsov en février 2015 avait provoqué une onde de choc dans la société russe comme à l’étranger, les appels à retrouver les auteurs et les commanditaires se multipliant sur fond de soupçons d’implication des autorités russes.

L’opposant, qui incarnait la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avait servi dans le gouvernement de Boris Eltsine (1991-1999) avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine. Il préparait au moment de sa mort une enquête sur l’implication de l’armée russe dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, qui a fait plus de 13.000 morts depuis son déclenchement en 2014.

En 2017, cinq hommes originaires des républiques russes de Tchétchénie et d’Ingouchie ont été condamnés pour son meurtre à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête officielle estime que l’opposant a été assassiné pour ses critiques de l’islam, mais elle est mise en doute par l’opposition, qui soupçonne une implication de l’autoritaire dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, déjà mis en cause dans d’autres assassinats d’opposants et de journalistes.

Le commanditaire présumé a été identifié par les enquêteurs comme un certain Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Jamais arrêté, il aurait fui à l’étranger.

L’Union européenne et Alexeï Navalny ont appelé les autorités russes à rouvrir l’enquête.

Afghanistan: Pompeo à Doha pour la signature d’un accord inédit avec les talibans

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo est arrivé samedi à Doha pour assister à la signature d’un accord historique entre les Etats-Unis et les talibans qui ouvrira la voix à un retrait des troupes américaines d’Afghanistan et à des négociations de paix inédites.

Le texte négocié pendant un an et demi au Qatar doit être signé vers 12H45 GMT par le négociateur de Washington, Zalmay Khalilzad, et le chef politique des talibans, Abdul Ghani Baradar.

Cet accord, qui n’est pas un accord de paix à proprement parler, doit permettre d’amorcer un retrait des forces américaines, après 18 ans de guerre en Afghanistan.

Vendredi, le président Donald Trump a exhorté les Afghans à « saisir la chance de la paix ». « Si les talibans et le gouvernement afghan parviennent à respecter leurs engagements, nous aurons une voie toute tracée pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et ramener nos soldats à la maison. »

Les autorités afghanes, elles-mêmes aux prises avec les divisions nées d’une élection présidentielle contestée, ont jusqu’ici été tenues à l’écart de ces pourparlers directs sans précédent.

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », avait assuré Mike Pompeo. Le chef des talibans, les insurgés afghans, Sirajuddin Haqqani, avait affirmé dans le New York Times que « tout le monde » était « fatigué de la guerre ».

– Retrait progressif –

« Il y a tellement de spéculations sur le contenu de l’accord », dit Andrew Watkins, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group. « On connaît les grandes lignes mais on ne sait même pas avec certitude si tous les termes de l’accord seront rendus publics. »

Ces contours sont connus depuis septembre, lorsque sa signature, imminente, a été brusquement annulée par Donald Trump qui avait invoqué la mort d’un soldat américain dans un énième attentat à Kaboul.

Cette fois, les belligérants se sont entendus sur une période d’une semaine de « réduction de la violence », globalement respectée sur le terrain, et qui prend fin ce samedi.

Sauf incident de dernière minute, les négociateurs américains, menés par Zalmay Khalilzad, pourront signer ce pacte que le président américain brandira pour clamer, en campagne pour sa réélection dans huit mois, qu’il a tenu une de ses promesses phares: mettre fin à la plus longue guerre des Etats-Unis.

Les termes du marché conclu entre les ennemis est le suivant: l’armée américaine va commencer à se retirer d’Afghanistan, une revendication-clé des talibans, qui en contrepartie s’engageront à bannir tout acte de terrorisme depuis les territoires qu’ils contrôlent et à entamer de véritables négociations de paix avec le gouvernement de Kaboul avec lequel ils refusaient jusqu’ici de parler.

Malgré les critiques de certains observateurs qui estiment qu’elle concède trop pour trop peu, l’administration Trump assure que les garanties fournies par les insurgés répondent à la raison première de l’intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l’Afghanistan alors dirigé par les talibans.

– « Etape préliminaire » –

Dans un premier temps, les Américains devraient ramener leurs troupes d’environ 13.000 soldats aujourd’hui à 8.600 dans les prochains mois. Le calendrier et l’ampleur des retraits ultérieurs demeurent plus vagues, même si M. Trump n’a pas fait de mystère sur le fait qu’il veut « ramener les gars à la maison » et « mettre fin aux guerres sans fin ».

Washington insiste toutefois pour assurer que le retrait sera progressif et conditionnel au respect des engagements des talibans.

Quelque 30 pays devraient être représentés samedi à Doha, mais pas le gouvernement afghan qui a toutefois dépêché une petite délégation pour une « première prise de contact » avec les talibans.

Parallèlement, selon des médias afghans, les Etats-Unis organiseront une cérémonie avec le gouvernement afghan à Kaboul, également samedi après-midi.

Après ces cérémonies, des négociations interafghanes devraient ensuite commencer relativement rapidement, dans une ville à déterminer. Oslo a été évoquée par le passé.

« Aujourd’hui, ce n’est qu’une étape préliminaire pour le début de ce processus, ce n’est pas encore un motif de célébration pour le gouvernement et ses alliés », estime Andrew Watkins.

Entre 32.000 et 60.000 civils afghans ont été tués dans ce conflit, selon l’ONU, et plus de 1.900 militaires américains.

Roman Polanski, la gloire et l’opprobre

Roman Polanski, qui a reçu vendredi le César de la meilleure réalisation pour « J’accuse » , est un cinéaste multirécompensé à l’oeuvre anti-conformiste, devenu pour beaucoup un symbole des agressions sexuelles impunies alors qu’il est visé par plusieurs accusations de viol.

Réalisateur, acteur, scénariste et producteur, il a bâti en une vingtaine de longs métrages une oeuvre souvent dérangeante, tourmentée et pessimiste, marquée par des thématiques comme l’enfermement, la perversion et la persécution, et d’une grande maîtrise technique.

Une carrière jalonnée de films marquants, comme « Répulsion », « Rosemary’s Baby », « Tess », « Le Pianiste » ou « The Ghost Writer ».

Récompensé à travers le monde, il a obtenu le Grand prix du jury à Venise en 2019 pour « J’accuse », la Palme d’or à Cannes en 2002 et l’Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour « Le Pianiste », deux fois le César du meilleur film pour « Tess » et « Le Pianiste », et cinq fois celui du meilleur réalisateur.

Mais le cinéaste franco-polonais de 86 ans est aussi un homme visé par plusieurs accusations de viol – 12 selon les féministes – qu’il réfute.

Toujours poursuivi par la justice américaine pour des relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977, il est la cible depuis novembre d’une nouvelle accusation, de la part de la photographe française Valentine Monnier, qui dit avoir été frappée et violée par lui à Gstaadt (Suisse) en 1975, à l’âge de 18 ans.

Il est devenu pour les féministes et une partie de l’opinion publique un « cas exemplaire » d’abus sexuels impunis, selon l’expression de l’actrice française Adèle Haenel.

– « ligne de partage » –

Né le 18 août 1933 à Paris de parents juifs polonais qui retournent en Pologne alors qu’il n’a que trois ans, Roman Polanski est marqué par son enfance dans le ghetto de Cracovie.

Il évite de justesse la déportation, contrairement à ses parents et à sa demi-soeur. Sa mère, enceinte, ne reviendra pas d’Auschwitz. Il sera plus tard confié à une famille de paysans jusqu’à la fin de la guerre.

Il tirera de cette expérience son film le plus personnel, « Le Pianiste », où Adrien Brody campe un survivant du ghetto de Varsovie. « J’ai parfois l’impression, dira-t-il, que tout ce que j’ai fait avant était une espèce de répétition du +Pianiste+ ».

Diplômé de l’institut du cinéma de Lodz (Pologne) en 1959, le jeune Roman Polanski commence sa carrière en 1962 avec un thriller psychologique, « Le Couteau dans l’eau », mal vu dans son pays mais qui lui ouvre les portes de l’Occident.

Le succès en 1965 de « Répulsion », avec Catherine Deneuve en meurtrière démente, est son passeport pour Hollywood.

L’aventure américaine dure une décennie, parcourue de bonheurs – succès, mariage avec l’actrice Sharon Tate rencontrée sur le tournage du « Bal des Vampires » – et de cauchemars.

Le 9 août 1969, alors qu’il se trouve à Londres, son épouse, enceinte de huit mois, est retrouvée assassinée à Los Angeles avec quatre de ses amis par des satanistes disciples de Charles Manson.

Huit ans plus tard, à 43 ans, il est arrêté, accusé d’avoir drogué et violé la veille une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, lors d’une séance photo dans la villa de Jack Nicholson.

Le cinéaste, qui nie le viol mais plaide coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure, passe un mois et demi en prison. Une fois sorti, craignant une peine plus sévère, il s’enfuit des Etats-Unis début 1978 pour la France.

–  » fruits verts » –

Roman Polanski confiera plus tard à un journaliste français son attirance pour les « fruits verts »: « J’aime les très jeunes filles, d’abord parce qu’elles sont plus belles, c’est évident, mais surtout parce qu’elles satisfont mon désir de pureté et de romantisme ».

Sous le coup d’un mandat d’arrêt, il sera rattrapé par l’affaire Samantha Geimer à plusieurs reprises, notamment en 2009, quand il est arrêté en Suisse et assigné à résidence huit mois. La Suisse refuse finalement de l’extrader.

Naturalisé français depuis 1976, le cinéaste, marié depuis 1989 avec l’actrice Emmanuelle Seigner, avec qui il a deux enfants, y poursuit son parcours depuis la fin des années 70.

Il revient au premier plan au début des années 2000 avec « Le Pianiste », puis en 2010 avec le thriller « The Ghost Writer », récompensé par l’Ours d’argent à Berlin et le César du meilleur réalisateur. En 2014, il reçoit ce César pour « La Vénus à la fourrure ».

Mais en 2017, il doit renoncer à présider la cérémonie des César sous la pression des féministes, indignées aussi par une rétrospective qui lui est consacrée à la Cinémathèque.

« J’accuse », sur l’Affaire Dreyfus, remet le feu aux poudres. Le film connaît une sortie mouvementée en France en novembre, avant une nouvelle vague de protestation liée à l’annonce fin janvier de ses 12 nominations aux César.

Après des appels à boycotter le film, les féministes ont protesté vendredi devant la salle Pleyel, lieu de la cérémonie des César. Le cinéaste, lui, a renoncé à y assister.

Roschdy Zem, un acteur brut devenu incontournable

C’est une figure discrète mais incontournable du 7e Art français. Récompensé vendredi par un César du meilleur acteur pour « Roubaix, une lumière », Roschdy Zem est un acteur brut à la force tranquille, dont le parcours a été jalonné de plus de 80 films, mêlant cinéma d’auteur et populaire.

Nommé trois fois aux César dans la catégorie meilleur second rôle (pour « Ma petite entreprise », « Le Petit lieutenant » et « La Fille de Monaco »), une fois pour le meilleur premier film (« Mauvaise foi ») et une fois pour la meilleure adaptation (« Omar m’a tuer »), il n’avait jamais été récompensé.

Dans le polar sombre d’Arnaud Desplechin « Roubaix, une lumière », l’acteur franco-marocain de 54 ans incarne un commissaire charismatique et sensible, plein d’humanité, à contre-pied des personnages classiques de policiers.

Un rôle qui lui avait déjà permis de décrocher en janvier le Prix Lumière du meilleur acteur, décerné par la presse internationale en France.

« C’était le rôle parfait pour lui », confiait à l’AFP en mai à Cannes Arnaud Desplechin, qui voit en lui « un seigneur » qu’il a « vu grandir de film en film », un homme « très pudique ».

« Lino Ventura a une pudeur qui me bouleverse. Je trouvais que Roschdy avait cette pudeur. Et en le filmant, je me suis dit que ce n’était pas du tout Ventura, c’était Trintignant, parce qu’il a une précision de jeu chirurgicale ».

– Des puces au grand écran –

L’acteur, qui s’est illustré l’an dernier aussi par son rôle de président de la République aux faux airs de Barack Obama, dans la série « Les Sauvages » de Rebecca Zlotowski, s’est imposé tout au long d’une carrière où il a joué des hommes virils, avec de nombreux rôles de flics dans des polars français, mais aussi des personnages complexes, d’hommes mutiques ou écorchés, révélant sa fragilité.

Rien ne le prédisposait pour autant au cinéma. Né le 28 septembre 1965 de parents d’origine marocaine vivant dans un bidonville, qui le placent en famille d’accueil en Belgique jusqu’à ses 5 ans avant de s’installer à Drancy, Roschdy Zem devient d’abord vendeur de chaussures aux puces de Clignancourt.

Il découvre le théâtre seulement à 20 ans, en accompagnant une amie à un cours. Il commence alors à faire des castings et débute au cinéma dans « Les Keufs » de Josiane Balasko, avant « J’embrasse pas » d’André Téchiné, avec qui il travaillera à nouveau dans « Ma saison préférée » et « Alice et Martin ».

Il multiplie ensuite les rôles dans le cinéma d’auteur, se faisant vraiment connaître en veilleur de nuit dans « En avoir ou pas » de Laetitia Masson et surtout en toxicomane dans « N’oublie pas que tu vas mourir » de Xavier Beauvois.

L’acteur à la stature imposante et au visage buriné joue ensuite chez Dominique Cabrera (« L’Autre côté de la mer »), Patrice Chéreau (« Ceux qui m’aiment prendront le train ») ou Pierre Jolivet (« Ma petite entreprise »).

– le prix d' »Indigènes » –

Devenu populaire, on le voit au début des années 2000 dans des films grand public (« Chouchou » de Merzak Allouache, « 36 Quai des Orfèvres » d’Olivier Marchal) ou plus pointus (« Va, vis et deviens » de Radu Mihaileanu, « Le Petit Lieutenant » de Xavier Beauvois), avec des rôles variés, traçant la voie pour d’autres acteurs issus de l’immigration.

L’année 2006 marque un tournant. Grâce à « Indigènes » de Rachid Bouchareb, sur les tirailleurs nord-africains pendant la Deuxième guerre mondiale, il remporte collectivement le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes avec les autres acteurs du film.

Il réalise également cette année-là son premier film comme cinéaste, « Mauvaise foi », sur l’histoire d’amour entre une femme juive et un homme musulman.

Suivront « Omar m’a tuer » (2011), sur l’affaire Omar Raddad, « Bodybuilder » (2014), dans l’univers du culturisme, « Chocolat » (2016), sur le premier clown noir de France, et enfin le polar sombre « Persona non grata » l’an dernier.

Il continue parallèlement sa carrière d’acteur, alliant cinéma d’auteur et populaire, de « La Fille de Monaco » (2008) d’Anne Fontaine au « Jeu » (2018) de Fred Cavayé.

Actuellement à l’affiche de « La Fille au bracelet » de Stéphane Demoustier, il joue en ce moment aussi au théâtre dans « Trahisons » d’Harold Pinter, mis en scène par Michel Fau.

Qui était l’opposant russe Nemtsov, assassiné il y a cinq ans

Abattu il y a cinq ans près du Kremlin, l’opposant russe Boris Nemtsov est devenu un symbole de ralliement pour les voix critiques du Kremlin, dont les partisans célèbrent sa mémoire par une manifestation samedi.

– Charismatique opposant

Incarnant la génération des jeunes réformateurs des années 1990, il a d’abord servi comme gouverneur de la région de Nijni-Novgorod avant de devenir en 1997 vice-Premier ministre du président d’alors, Boris Eltsine.

Nemtsov, qui quitte le gouvernement avec la dévastatrice crise économique de 1998, fut envisagé par Eltsine comme un dauphin potentiel, avant de finalement lui préférer Vladimir Poutine.

Après l’arrivée au pouvoir de Poutine en 2000, Boris Nemtsov rejoint les rangs des critiques du nouveau président et devient notamment l’un des chefs de file de la vague de contestation de 2011-2012.

Plusieurs fois interpellé, perquisitionné et mis sur écoute, il s’était spécialisé dans les enquêtes sur la corruption dans les hautes sphères de l’Etat.

– Abattu au coeur de Moscou

Boris Nemtsov a été abattu à 55 ans de plusieurs balles le soir du 27 février 2015, sur un pont à deux pas du Kremlin, siège du pouvoir russe. Sa mort provoque la stupeur.

Bien que plutôt en retrait de la vie publique depuis quelque temps, il avait appelé le jour même de son assassinat à participer à une manifestation contre la guerre en Ukraine, qui a éclaté l’année précédente entre forces de Kiev et séparatistes pro-russes.

Selon ses alliés politiques, il préparait également un dossier prouvant l’implication massive dans ce conflit de troupes régulières russes, ce que Moscou a toujours nié malgré les constatations de nombreuses organisations et médias dont l’AFP.

Deux semaines après le meurtre, cinq suspects sont arrêtés. Tous sont originaires des républiques du Caucase russe et seront condamnés en 2017 à des peines de 11 à 20 ans de prison.

L’enquête estime que Boris Nemtsov a été assassiné pour ses critiques de l’Islam. Le commanditaire est identifié comme Rouslan Gueremeïev, commandant d’une unité militaire tchétchène. Il n’est jamais arrêté et est considéré en fuite à l’étranger.

L’opposition russe ne croit guère à cette thèse, jugeant plus probable que l’assassinat a été ordonné par le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov ou son entourage. Les opposants russes l’accusent d’être impliqué dans les morts de plusieurs de ses détracteurs.

– Symbole

La mort de Nemtsov a profondément marqué l’opposition au Kremlin qui organise autour de l’anniversaire de son assassinat l’un de ses plus importants rassemblements chaque année.

Ses partisans entretiennent jour après jour un mémorial de fortune sur le pont où il a été tué et que la mairie de Moscou a plusieurs fois tenté de débarrasser. Aucune plaque commémorative officielle n’a été installée.

De nombreux pays occidentaux ont eux rendu hommage à l’opposant de diverses manières. A Washington, la rue passant devant l’ambassade russe a été baptisée Boris Nemtsov, suscitant la colère de Moscou.

Ce mois-ci, Prague a fait de même avec la place faisant face à la représentation diplomatique russe en République tchèque.

Réagissant à cette décision, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que la Russie « aurait préféré » que les autorités tchèques rendent hommage aux forces soviétiques ayant vaincu les Nazis en Europe centrale et orientale il y a 75 ans.

Deux décennies d’interventionnisme américain se referment avec l’accord avec les talibans

L’accord que les Etats-Unis s’apprêtent à signer samedi avec les talibans pour sortir de la plus longue guerre de leur histoire incarne un tournant diplomatique majeur: l’essoufflement de l’interventionnisme américain à travers le monde.

La « guerre contre le terrorisme » déclarée par Washington au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 n’a longtemps souffert d’aucune contestation dans un pays traumatisé à jamais par l’effondrement des tours jumelles de New York.

Mais avec le temps, les nombreuses vies perdues en Afghanistan et en Irak, ainsi que les milliards de dollars engloutis en dépenses militaires, ont doucement érodé les convictions. Et Donald Trump s’est installé à la Maison Blanche après avoir promis de mettre un terme aux « guerres sans fin ».

L’accord que les Etats-Unis doivent parapher samedi au Qatar avec les talibans préparera le terrain à un retrait des troupes américaines d’Afghanistan, dont le sort, après deux décennies de conflit, sera désormais pendu aux négociations incertaines entre les insurgés et le gouvernement de Kaboul.

Adam Wunische, spécialiste de l’Afghanistan à l’Institut Quincy pour une gouvernance responsable, un nouveau think-tank de Washington anti-interventionniste, confirme que les lignes sont en train de bouger, même sur la question afghane, qui a longtemps été taboue aux Etats-Unis.

« La classe politique est terrorisée à l’idée d’une attaque terroriste fomentée en Afghanistan, et de devoir ensuite s’en justifier auprès de l’électorat », explique-t-il, rappelant « la cicatrice » laissée par le 11-Septembre.

« L’élection de Trump n’a pas été un tournant en elle-même, mais une indication qu’il avait eu lieu », estime cependant l’expert, qui voit mal les Etats-Unis revenir en arrière sur la question.

Tous les candidats démocrates en lice pour affronter Donald Trump dans les urnes en novembre se sont prononcés en faveur, à différents degrés, d’un retrait des troupes américaines d’Afghanistan.

« L’idée selon laquelle les bombes pouvaient nous protéger du terrorisme s’est avérée fausse », avance l’élu de la Chambre des représentants Ro Khanna, soutien de Bernie Sanders, grand favori dans la course démocrate à la Maison Blanche.

« Il existait un très large consensus pour dire que les frappes initiales en Afghanistan étaient justifiées. Mais qu’en est-il 20 ans plus tard? », s’interroge-t-il. « Personne n’avait dit que nous voulions transformer la société afghane. »

– Coûts humains et financiers –

Malgré les promesses de Donald Trump sur les « guerres sans fin », plus de 200.000 soldats américains sont toujours déployés aujourd’hui à l’étranger, et des renforts ont encore été envoyés l’an passé au Moyen-Orient.

Tout en affirmant se concentrer dorénavant sur les menaces que représentent à ses yeux la Russie et la Chine, l’administration Trump a engagé un bras de fer acrimonieux avec l’Iran, allant même jusqu’à éliminer dans une attaque de drone l’un de ses puissants généraux.

« Trump n’est pas un isolationniste, mais quelqu’un qui préfère choisir où les Etats-Unis doivent être impliqués », juge un haut diplomate d’un pays allié des Etats-Unis. « Cela semble être une bonne chose jusqu’à ce que le vide laissé soit comblé par d’autres puissances, plus problématiques, comme la Russie ».

C’est le cas de la Syrie, où Moscou soutient militairement le régime de Bachar al-Assad.

La décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines du nord du pays, ouvrant la voie à une offensive turque contre des forces kurdes alliées de Washington, lui a valu de nombreuses critiques, jusque dans son camp républicain. Mais peu au sein de ce dernier ont remis en cause un déploiement américain à long terme dans la région.

Depuis le 11-Septembre, les guerres menées par les Etats-Unis ont directement causé la mort de plus de 800.000 personnes et coûté à Washington quelque 6 mille milliards de dollars, selon une étude de l’université Brown.

De quoi faire reculer le soutien des Américains pour l’interventionnisme militaire: 43% d’entre eux pensaient en septembre, dans un sondage de l’institut Gallup, que la guerre en Afghanistan était une erreur dès le départ.

Mais l’usure du temps semble y jouer davantage que la colère: les manifestations d’ampleur sont rares dans le pays pour demander un retrait d’Afghanistan, où 22 soldats américains ont encore péri en 2019.

Le général à la retraite David Petraeus, qui a oeuvré à la fois en Irak et en Afghanistan, estime que les Etats-Unis peuvent se permettre des déploiement à long terme à l’étranger, à condition de minimiser « les coûts humains et financiers ».

Les deux dernières décennies ont montré selon lui que les « régions mal ou non gouvernées du monde musulman, notamment dans le grand Moyen-Orient », offraient un terreau fertile aux « extrémistes islamistes ».

« Il n’est pas possible d’attendre sans rien faire que le problème s’en aille », a-t-il insisté devant l’auditoire, sceptique, du think-tank anti-interventionniste Quincy Institute.

Anaïs Demoustier, actrice rayonnante du cinéma français

Anaïs Demoustier, qui a commencé le cinéma jeune, n’en finit pas de s’épanouir à l’écran. Récompensée par un César de la meilleure actrice pour « Alice et le maire », cette rayonnante comédienne de 32 ans y brille en conseillère d’un homme politique désabusé.

Dans ce film de Nicolas Pariser, elle incarne une jeune philosophe normalienne, intellectuelle travailleuse chargée de conseiller le maire de Lyon qui n’a plus d’idées, incarné par Fabrice Luchini.

« Anaïs Demoustier est une actrice extraordinairement douée », a dit d’elle le réalisateur. « Sa grande force est de parvenir à rendre naturel et à habiter n’importe quel texte ».

Avec ce rôle, cette trentenaire au visage parsemé de taches de rousseur complète une filmographie déjà brillante depuis qu’elle a commencé sa carrière au début des années 2000.

Ils lui ont valu plusieurs nominations aux César: deux dans la catégorie du meilleur espoir féminin, pour « Les Grandes personnes » en 2009 et « D’amour et d’eau fraîche » en 2011, et une pour le César du meilleur second rôle pour « La Villa » en 2018, sans qu’elle ait été récompensée jusqu’ici.

La comédienne aux airs sages et au regard rieur s’est imposée au fil de plus de 40 films, sous la direction de cinéastes comme Michael Haneke, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier, Christophe Honoré ou François Ozon.

– cinéma d’auteur –

Née le 29 septembre 1987 à Lille, fille d’un cadre commercial dans la grande distribution et d’une mère au foyer, Anaïs Demoustier a pris des cours de théâtre avant d’être repérée par un directeur de casting à l’adolescence.

Elle n’a pas encore 15 ans quand elle est choisie en 2002 pour jouer la fille d’Isabelle Huppert dans « Le Temps du Loup » de Michael Haneke. « J’ai vraiment eu l’occasion de voir ce que c’était de faire du cinéma. C’est suite à ça que j’ai voulu continuer », racontait-elle à l’AFP en 2015.

« Ça a été une espèce de choc », ajoutait l’actrice, estimant que ce film a aussi « dirigé inévitablement les propositions » qui lui ont été faites « vers un cinéma d’auteur ».

Elle passe son bac et s’inscrit en fac de Lettres avant d’enchaîner les petits rôles, puis de se faire remarquer en 2008 dans « La Belle Personne » de Christophe Honoré, aux côtés de Léa Seydoux et Louis Garrel.

Elle tourne ensuite avec Rébecca Zlotowski (« Belle Epine »), Robert Guédiguian (« Les Neiges du Kilimandjaro », puis « Au fil d’Ariane » et « La Villa », rejoignant sa « famille » de cinéma), Claude Miller (« Thérèse Desqueyroux ») ou Bertrand Tavernier (« Quai d’Orsay »), et remporte en 2011 le Prix Romy-Schneider.

– « dans l’action » –

En 2014, elle est à l’affiche de « Bird People » de Pascale Ferran, « Au Fil d’Ariane » de Robert Guédiguian ou « Une Nouvelle amie » de François Ozon.

L’année suivante, elle met sa fraîcheur au service d’un rôle d’amoureuse dans « A trois on y va » de Jérôme Bonnell – un réalisateur qui loue sa « vaillance », son « courage » et son « énergie » -.

Elle y joue le rôle de Mélodie, « une fille volontaire, qui est dans l’action », décrivait-elle. « C’est un personnage duquel je peux me sentir assez proche. Je suis dans l’action depuis assez longtemps. J’ai commencé à travailler très jeune ».

On la voit ensuite dans « Caprice » d’Emmanuel Mouret où elle incarne une jeune femme excessive éprise d’un instituteur, puis dans « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli, en compétition au Festival de Cannes en 2015, sur l’histoire d’un frère et d’une soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste, et dans « Les Malheurs de Sophie » de Christophe Honoré.

Ces dernières années, Anaïs Demoustier a joué aussi bien chez le réalisateur de comédies absurdes et décalées Quentin Dupieux (« Au poste! ») que chez Frédéric Tellier (« Sauver ou périr » avec Pierre Niney), Félix Moati (« Deux fils ») ou Robert Guédiguian (« Gloria Mundi »).

Mère d’une petite fille qu’elle a eue avec l’acteur Jérémie Elkaïm, elle est actuellement à l’affiche du film de son frère Stéphane Demoustier « La Fille au bracelet », dans lequel elle incarne une avocate générale très offensive.