CĂŽte d’Ivoire: la sociĂ©tĂ© civile prĂ©occupĂ©e par la dette estimĂ©e Ă  « 58% du PIB »

La Convention de la sociĂ©tĂ© civile ivoirienne (CSCI) se dit prĂ©occupĂ©e de la dette de la CĂŽte d’Ivoire, estimĂ©e Ă  17 676 milliards de Fcfa, Ă  fin mars 2021, soit « 58% du PIB », selon une Ă©tude prĂ©sentĂ©e par un consultant, lundi, Ă  Abidjan.

L’Ă©tude, menĂ©e par l’Ă©conomiste et statisticien Guillaume Adingra, a Ă©tĂ© dĂ©battue Ă  l’occasion d’un atelier de validation du rapport de cette Ă©tude sur la dette de la CĂŽte d’Ivoire, qui porte sur des donnĂ©es sur la pĂ©riode de 2017 Ă  fin mars 2021.  

Le coordonnateur de la Convention de la SociĂ©tĂ© civile ivoirienne, Mahamadou Kouma, a justifiĂ© que l’organisation, en faisant cet atelier, a un regard sur la situation de la dette pour voir comment cette question est gĂ©rĂ©e dans l’intĂ©rĂȘt des populations. 

« Le consultant, dans son exposĂ© a pu dĂ©montrer que l’endettement est une question prĂ©occupante et on voit que le cycle d’endettement est tel qu’il n’est pas encore alarmant, mais il est prĂ©occupant « , a dit M. Mahamadou Kouma Ă  la presse. 

Selon  Guillaume Adingra, « à fin mars 2021, le stock de la dette est estimĂ© Ă  17 676 milliards  Fcfa, composĂ© de 65% de dettes extĂ©rieures et 36% de dettes intĂ©rieures ». Ce qui dĂ©note que l’Etat ivoirien emprunte plus sur le marchĂ© extĂ©rieur que sur la marchĂ© intĂ©rieur.

« Le point alarmant est la viabilitĂ© de la dette, aujourd’hui, (car) nous avons atteint quasiment le niveau de 58% du PIB (Produit intĂ©rieur brut) et le pays court dangereusement vers le seuil de la dette recommandĂ© par l’Uemoa qui est de 70% », a-t-il dit. 

La Covid-19, fera observer le consultant ivoirien, a « accĂ©lĂ©rĂ© l’endettement de nos Ă©conomies notamment en CĂŽte d’Ivoire ». De ce fait, pour faire face aux dĂ©penses du pays, soutenir l’Ă©conomie, et poursuivre son programme de dĂ©veloppement, l’Etat a dĂ» emprunter. 

Il a rappelĂ© qu’en 2012, la CĂŽte d’Ivoire a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une annulation de sa dette qui est passĂ©e de 67% de son PIB Ă  18%. Mais, avec la pandĂ©mie de la Covid-19, plusieurs pays ont contractĂ© des dettes en 2020 pour soutenir leurs Ă©conomies.

Au regard de cette tendance, la CĂŽte d’Ivoire « court un risque de surendettement », a-t-il dĂ©clarĂ©, mentionnant que l’objectif de cette Ă©tude est de prĂ©venir les autoritĂ©s sur le niveau de la dette du pays.  

En outre, l’inflation est en hausse quasiment autour de 3% en 2021 et le solde budgĂ©taire s’est dĂ©gradĂ©. Ces indicateurs macroĂ©conomiques devraient ĂȘtre analysĂ©s pour contenir le risque de surendettement.  

Toutes les composantes de la dette sont en hausse et le stock global de la dette a connu une hausse de 26% de 2019 Ă  2020, rĂ©vĂšle le rapport d’Ă©tude qui souligne que celui de la dette extĂ©rieure est en hausse de 21% ainsi que la dette intĂ©rieure, de 36%.  

S’agissant de la viabilitĂ© de la dette publique, « nous avons pris les projections du PIB en 2021 et nous avons rapportĂ© le stock de la dette publique Ă  fin mars 2021, et nous nous situons aujourd’hui Ă  58% », a-t-il prĂ©cisĂ© sa mĂ©thodologie. 

« Le stock de la dette est passĂ© de 67% Ă  18% en 2021 (aprĂšs l’annulation), aujourd’hui, en 2022, le stock de la dette est remontĂ© Ă  58% du PIB. Il y a donc une accĂ©lĂ©ration de l’endettement, ce qui peut faire penser que le risque de surendettement est bien rĂ©el », a dit M. Adingra. 

La dette publique ivoirienne, estimĂ©e Ă  40% en 2017, s’est Ă©tablie selon l’Ă©tude Ă  58% en 2021. Le service de la dette, qui traduit le paiement des crĂ©anciers, lui, est composĂ© de 60% de dettes au plan intĂ©rieur et 40% Ă  l’extĂ©rieur.   

La CĂŽte d’Ivoire contracte le plus de dettes en d’autres devises, reprĂ©sentant un taux de 54% et 46% en monnaie locale. M. Adingra a fait observer « qu’il y a un risque au niveau du taux d’Ă©change » qui connaĂźt une fluctuation et cela peut ĂȘtre prĂ©judiciable pour l’Ă©conomie. 

« Quatre vingt quatorze pour cent (94%) de notre dette publique a une Ă©chĂ©ance qui est due Ă  plus d’un an et 6% Ă  moins d’un an ». Ensuite, les dettes dues dans moins un an sont essentiellement constituĂ©es de 48% de prĂȘts, 47% de bons de trĂ©sor et de 4% d’obligations, a-t-il ajoutĂ©.  

En 2020, la CĂŽte d’Ivoire Ă©tait autour de 1 000 milliards Fcfa de services de la dette, constituĂ© de 37% d’intĂ©rĂȘt. Selon M. Adingra, « l’Ă©conomie peut ĂȘtre dĂ©favorisĂ©e », tout en relevant que le pays a payĂ© 349 milliards Fcfa d’intĂ©rĂȘts auprĂšs des porteurs de titres de crĂ©ances et 117 milliards Fcfa aux partenaires bilatĂ©raux et multilatĂ©raux.

M. Armand BeniĂ©, reprĂ©sentant du ministĂšre de l’Économie et des finances, a rassurĂ© que « le gouvernement actuel gĂšre la dette Ă  travers plusieurs rĂ©formes », entre autres, l’analyse de la viabilitĂ© de la dette et la stratĂ©gie de remboursement Ă  moyen terme. 

Il a notĂ© que l’Etat a deux dĂ©fis majeurs, la lutte contre la pauvretĂ© Ă  travers le Programme social du gouvernement (PS Gouv) et la sĂ©curisation des frontiĂšres. Il y a notĂ© aussi la CAN 2023 qu’abritera le pays qui constitue, avec d’autres enjeux, des contraintes du gouvernement. 

« La dette ivoirienne, lorsque nous voyons le volume, on a l’impression que c’est une dette trĂšs colossale, mais lorsque nous prenons le classement au niveau de la dette en Afrique, les 10 pays les plus endettĂ©s, la CĂŽte d’Ivoire n’y figure pas », a-t-il renseignĂ©.  

L’analyse de la viabilitĂ© de la dette faite par le ministĂšre ivoirien de l’Économie et des finance avec le Fonds monĂ©taire international (FMI), ressort que la CĂŽte d’Ivoire est encore « au niveau du risque modĂ©ré », a-t-il poursuivi, ajoutant « on a une maĂźtrise parfaite de cette dette ».

Tension: « Le retrait de l’armĂ©e française du Mali est une option » (Analyste)

Professeur Ă  Sciences Po Ă  Paris et Ă  Advisor Brussels International center, Kader A. Abderrahim dĂ©crypte, pour Apa news, la dĂ©cision du gouvernement malien d’expulser l’ambassadeur français en poste au Mali, JoĂ«l Meyer.-La dĂ©cision malienne d’expulser l’ambassadeur de France, annoncĂ©e lundi 31 janvier,  était-elle prĂ©visible ?

Malheureusement oui. Ces derniĂšres semaines la tension est montĂ©e entre les deux capitales. Les dĂ©claration de Jean-Yves Le Drian et de Mme Florence Parly, en fin de semaine derniĂšre, n’ont pas contribuĂ© Ă  faire retomber la pression.

Le retrait annoncĂ©, jeudi dernier, des troupes danoises prĂ©sentes dans le cadre de la task-force europĂ©enne Takuba qui appuie l’armĂ©e française dans la lutte contre les groupes jihadistes au Mali et au Sahel aprĂšs une admonestation du gouvernement malien a marquĂ© le point d’orgue. 

Dans cette situation, il me semble que le Mali s’isole diplomatiquement et que la France est fragilisĂ©e dans ce qu’elle considĂšre ĂȘtre son prĂ©-carrĂ©. 

-Quelle pourrait ĂȘtre la rĂ©ponse de la France Ă  cette annonce ?

La France pourrait prendre une dĂ©cision similaire. Toutefois, je ne crois qu’elle le fera afin de marquer son dĂ©sir de maintenir a minima des relations entre les deux pays.

En revanche, le dĂ©part des troupes françaises peut ĂȘtre une option. La France se trouve dans un contexte de prĂ©-campagne pour une Ă©lection prĂ©sidentielle prĂ©vue en, avril 2022. Le prĂ©sident Emmanuel Macron prendra, sans doute, une dĂ©cision en fonction de l’Ă©lection Ă  venir et de l’intĂ©rĂȘt pour la France de rester ou non au Mali. Son influence et son rĂŽle en Afrique sont ainsi remis en cause. Il doit en tirer des enseignements.

-Un retrait définitif des troupes françaises est-il envisageable ? 

C’est naturellement cela que les protagonistes de cette crise diplomatique ont Ă  l’esprit. 

-Paris et Bamako pouvaient-ils Ă©viter d’arriver Ă  ce niveau de tension ?

Chacun des deux acteurs pouvait faire l’Ă©conomie de cette dĂ©gradation bilatĂ©rale.

Il me semble que les autoritĂ©s maliennes tardent Ă  expliquer leur projet et leurs intentions, Ă  tout le moins vis-Ă -vis de leurs compatriotes, il est plus aisĂ© de se dĂ©terminer lorsque les citoyens comprennent dans quelle direction vous souhaitez aller. Ici on le sentiment d’une navigation Ă  vue, sans vĂ©ritable projet politique. Au niveau rĂ©gional, il y a une recomposition gĂ©opolitique en cours. 

Il est lĂ©gitime que le Mali cherche Ă  Ă©tablir des alliances ou des partenariats nouveaux pour prĂ©server ses intĂ©rĂȘts. 

Quant Ă  la France, les vieux rĂ©flexes et le sentiment d’ĂȘtre dans sa zone de confort ne lui ont pas permis de voir les Ă©volutions en cours sur le plan gĂ©opolitique.  

Burkina: PremiĂšres mesures majeures de la junte

Le lieutenant-colonel Damiba est officiellement investi des charges de prĂ©sident du Faso, chef de l’Etat et chef suprĂȘme des ArmĂ©es.Dans une dĂ©claration lue Ă  la tĂ©lĂ©vision nationale, le lundi 31 janvier 2022, par le lieutenant-colonel Cyprien KaborĂ©, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso le 25 janvier, a annoncĂ© plusieurs dĂ©cisions majeures. 

Selon cette dĂ©claration qui prĂ©cise que  le MPSR assure la « continuitĂ© de l’État en attendant la mise en place d’une Transition », la suspension de la Constitution est levĂ©e et celle-ci est rĂ©tablie dans ses articles qui ne contredisent par »l’Acte fondamental » mis en place par les militaires pour organiser le pouvoir en attendant l’adoption d’une «charte de la transition ». 

Le lieutenant-colonel Cyprien KaborĂ© a également dĂ©clarĂ© que le prĂ©sident du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est officiellement investi des charges de prĂ©sident du Faso, chef de l’Etat et chef suprĂȘme des ArmĂ©es.

Deux hauts responsables militaires ont aussi Ă©tĂ© dĂ©mis de leurs fonctions par la junte. Le chef d’Etat-major gĂ©nĂ©ral des ArmĂ©es, le gĂ©nĂ©ral de brigade Gilbert OuĂ©draogo, nommĂ© en octobre dernier par le prĂ©sident rĂ©cemment dĂ©chu, Christian Marc Roch KaborĂ©, a Ă©tĂ© relevĂ© de ses fonctions et le patron des Renseignements, le colonel François Ouedraogo n’est plus le directeur gĂ©nĂ©ral de l’Agence nationale des Renseignements (ANR), poste qu’il occupe depuis le 9 mars 2016.

CĂŽte d’Ivoire: le litre de l’essence super augmente de 20 Fcfa

Le prix de l’essence super passe de 615 Ă  635 Fcfa/litre du 1er au 28 fĂ©vrier 2022, soit 20 Fcfa d’augmentation.

Selon une note de la direction gĂ©nĂ©rale des hydrocarbures consultĂ©e par APA, lundi, le prix maxima de dĂ©tail des produits pĂ©troliers pour la pĂ©riode du 1er au 28 fĂ©vrier 2022 indique pour l’essence super sans plomb Ă  l’ambiant un coĂ»t de 635 Fcfa/litre contre 615 Fcfa/litre les mois prĂ©cĂ©dents, soit une augmentation de 20 Fcfa.  

Le prix du gasoil, lui, reste inchangĂ© Ă  615 Fcfa/litre de mĂȘme que le pĂ©trole lampant qui reste inchangĂ© Ă  555 Fcfa le litre Ă  l’ambiant.  Et ce, depuis quelques annĂ©es.

Ce produit pĂ©trolier est beaucoup utilisĂ© dans des campagnes et des villages, oĂč les populations n’ont pas accĂšs Ă  l’Ă©lectricitĂ©.

Le prix de la bouteille de gaz butane de 6 Kg (B 6) reste Ă©galement stable Ă  2 000 Fcfa. De mĂȘme le coĂ»t de la bouteille de 12,5 Kg, une bonbonne trĂšs utilisĂ©e dans les mĂ©nages dans le pays, qui demeure inchangĂ© Ă  5 200 Fcfa.

La bouteille de 15 Kg est fixée à 6 965 Fcfa et celle de 17,5 Kg à 8125 Fcfa. Quant à la bouteille de 25 Kg elle est cédée à 11 610 Fcfa et celle de 28 Kg à 13.000 Fcfa.

L’ajustement des prix des produits pĂ©troliers en CĂŽte d’Ivoire se fait chaque mois conformĂ©ment aux dispositions du mĂ©canisme automatique des prix des hydrocarbures sur le marchĂ© international.

Mali : l’ambassadeur de France sommĂ© de quitter le pays

Le diplomate français a trois jours pour quitter Bamako.La dĂ©cision des autoritĂ©s maliennes fait suite aux « propos hostiles et outrageux » tenus « rĂ©cemment » par le ministre français de l’Europe et des Affaires Ă©trangĂšres, Jean-Yves le Drian, et Ă  la « rĂ©currence de tels propos par les autoritĂ©s françaises Ă  l’Ă©gard des autoritĂ©s maliennes en dĂ©pit des protestations maintes fois Ă©levĂ©es », explique la prĂ©sidence de la RĂ©publique malienne.

Dans un communiquĂ© lu ce lundi sur les ondes de l’ORTM, la tĂ©lĂ©vision nationale, le gouvernement de transition a sommĂ© l’ambassadeur de France, JoĂ«l Meyer, Ă  quitter le Mali dans les 72 heures.

Ces derniers jours, Jean-Yves Le Drian avait jugĂ© « illĂ©gitimes » les autoritĂ©s de transition et dĂ©noncĂ© leur « fuite en avant ». Il avait aussi estimĂ© que le groupe russe Wagner Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre au Mali, et qu’il y « protĂ©geait les autoritĂ©s en Ă©change de l’exploitation des richesses miniĂšres du Mali. »

Tout en condamnant vigoureusement de tels propos, Bamako souligne qu’ils sont « contraires au dĂ©veloppement de relations amicales entre nations. »

L’exĂ©cutif malien rĂ©affirme cependant sa « disponibilitĂ© Ă  maintenir le dialogue et poursuivre la coopĂ©ration avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingĂ©rence, conformĂ©ment aux aspirations lĂ©gitimes du Peuple Malien.»

Il y a eu ces derniers jours des tensions entre Bamako et Paris sur le déploiement de soldats danois dans le pays, qui se sont finalement retirés.

Cedeao : quelle solution face aux putschs en Afrique de l’Ouest ?

Les rĂ©cents bouleversements qui ont brouillĂ© le paysage politique de l’Afrique de l’Ouest remettent directement en question la crĂ©dibilitĂ© de la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).L’institution dont beaucoup pensent qu’elle n’est bonne que pour donner des coups d’Ă©pĂ©e dans l’eau et faire des menaces de sanctions est Ă  bout de souffle et devient la cible d’une partie des populations. En l’espace de quelques mois, la Cedeao a suspendu trois de ses Etats membres, le Mali, la GuinĂ©e, et le Burkina Faso confrontĂ©s Ă  des coups d’Etat militaires. Un coup sĂ©vĂšre portĂ© au processus dĂ©mocratique selon l’organisation rĂ©gionale.

Le premier pays Ă  subir les foudres de l’organisation est le Mali en 2020, la GuinĂ©e en septembre 2021 et plus rĂ©cemment, le Burkina Faso. Dans ces trois pays minĂ©s par des crises multiformes, des prĂ©sidents civils ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s au profit de militaires. Une situation qui a mis l’organisation ouest-africaine dĂ©sormais composĂ©e de 12 membres, dans l’embarras pour trouver les rĂ©ponses appropriĂ©es et pas nĂ©cessairement cohĂ©rentes Ă  ces crises.

Les juntes qui dirigent ces trois pays font l’objet de sanctions de la part de la Cedeao pour avoir renversĂ© des gouvernements dĂ©mocratiquement Ă©lus. Mais ces coups d’Etat de l’avis de certains experts politiques sont une rĂ©ponse Ă  la mal gouvernance et l’incapacitĂ© des dirigeants dĂ©chus Ă  faire face Ă  la crise sĂ©curitaire, comme c’est le cas au Mali et au Burkina Faso.

Naturellement, la Cedeao, qui regroupe 15 pays, a tentĂ© dĂšs le dĂ©but d’asseoir son autoritĂ© avec sa panoplie de sanctions. Mais Ă  l’Ă©vidence, ces mesures n’ont fait renforcer un sentiment nationaliste au niveau des Etats sanctionnĂ©s.

Elle est depuis lors entrĂ©e en scĂšne avec des sanctions contre les nouveaux dirigeants militaires qui, Ă  des degrĂ©s divers, l’ont prises au mot en prenant des mesures de reprĂ©sailles contre elle, laissant les observateurs se demander si la Cedeao a vraiment les moyens de faire face Ă  ce nouvel assaut contre la dĂ©mocratie en Afrique de l’Ouest.

AprĂšs que la Cedeao a annoncĂ© des sanctions Ă  l’encontre des nouveaux hommes forts de Bamako pour avoir voulu porter Ă  cinq ans une courte transition politique, le rĂ©gime militaire a non seulement condamnĂ© « les sanctions abusives » de l’organisation avant de fermer Ă  son tour ses frontiĂšres aux pays membres de la Cedeao.

Une dĂ©fiance assumĂ©e par la junte malienne qui vient saper l’autoritĂ© du groupement rĂ©gional ouest-africain. Les chefs d’Etat de l’organisation surpris par la riposte du Mali, a momentanĂ©ment envisagĂ© de revenir sur sa politique volontarisme mais sans impact rĂ©el, Ă  en croire le rĂ©cit de certains cercles au sein de l’organisation pour expliquer cet apparent changement d’opinion.

Beaucoup estiment qu’une Cedeao divisĂ©e et intrinsĂšquement minĂ©e par des intĂ©rĂȘts gĂ©opolitiques disparates dĂ©fendus par ses membres ne peut pas imposer de sanctions comme moyen sĂ©rieux, voire crĂ©dible, de mettre au pas les transgresseurs en son sein, sans risquer de diviser davantage ses rangs.

Par exemple, alors que les jeunes dĂ©mocraties dans les petits pays membres comme la Gambie, la Sierra Leone et la GuinĂ©e-Bissau soutiennent les sanctions pour des raisons Ă©videntes visant Ă  dissuader les coups d’Etat dans leur propre pays, les rĂ©gimes militaires en GuinĂ©e et au Mali voisin se soutiennent les uns les autres. En effet, ces deux voisins se considĂšrent comme les gardiens l’un de l’autre face Ă  une organisation rĂ©gionale dont ils se sentent de plus en plus isolĂ©s et dĂ©tachĂ©s.

Cette solidaritĂ© mutuelle entre le colonel guinĂ©en Mamady Doumbouya et le malien Assimi Goita ne peut que s’Ă©tendre au lieutenant-colonel burkinabĂ© Paul-Henri Damiba qui a gagnĂ© le droit d’entrer dans leur club exclusif grĂące Ă  son coup d’Etat du 24 janvier 2022.

DĂ©jĂ  discrĂ©ditĂ©e avant mĂȘme d’avoir eu le temps d’ĂȘtre mise en Ɠuvre, la politique unique de la Cedeao pour gĂ©rer les consĂ©quences des coups d’Etat en GuinĂ©e, au Mali et au Burkina Faso a montrĂ© qu’elle Ă©tait dĂ©connectĂ©e des politiques qui ont prĂ©cipitĂ© les interventions des militaires dans ces pays.

En GuinĂ©e, l’insistance de l’ancien prĂ©sident Alpha CondĂ© Ă  se maintenir au pouvoir aprĂšs avoir Ă©puisĂ© ses deux mandats constitutionnels a fourni le prĂ©texte Ă  Doumbouya pour agir.

Au Mali et au Burkina Faso, l’instabilitĂ© prolongĂ©e causĂ©e par des insurrections a poussĂ© les citoyens Ă  descendre dans la rue pour demander la fin des gouvernements en place, jugĂ©s incapables de faire face aux crises.

Selon les observateurs, le seul espoir pour le bloc rĂ©gional d’avoir plus de poids sur les trois pays en dĂ©faut de dĂ©mocratie est de revoir sa copie d’Ă©laborer des politiques spĂ©cifiques Ă  chaque pays, en fonction de leur situation politique au moment des coups d’Etat. Mais un bloc aussi divisĂ© que la Cedeao le reconnaĂźtra-t-il pour agir en consĂ©quence ?

L’Union africaine suspend le Burkina Faso

L’Union africaine a suspendu le Burkina Faso de toute participation aux activitĂ©s de l’organisation panafricaine jusqu’Ă  ce que l’ordre constitutionnel soit rĂ©tabli dans le pays.La dĂ©cision de l’UA, qui compte 55 États, a Ă©tĂ© annoncĂ©e ce lundi 31 janvier dans un tweet du Conseil de paix et de sĂ©curitĂ©. AprĂšs le coup d’Etat du 24 janvier 2022 contre le prĂ©sident Roch Marc Christian KaborĂ© renversĂ© par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Conseil de paix et de sĂ©curitĂ© de l’Union africaine (UA) rĂ©uni ce lundi a « dĂ©cidĂ© de suspendre le Burkina Faso de toute participation Ă  toutes les activitĂ©s de l’Union africaine jusqu’au rĂ©tablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays » peut-on lire sur le message.

Le prĂ©sident de l’Union africaine Moussa Faki Mahatma dit suivre avec « prĂ©occupation la situation trĂšs grave au Burkina Faso ». Il a exhortĂ© l’armĂ©e Ă  « s’en tenir strictement Ă  leur vocation rĂ©publicaine, Ă  savoir la dĂ©fense de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure du pays ».

L’Organisation en pleine rĂ©forme sera dirigĂ©e Ă  partir de fĂ©vrier par le sĂ©nĂ©galais Macky Sall, qui en assurera la prĂ©sidence tournante pour un an Ă  la place du prĂ©sident de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, FĂ©lix Antoine Tshilombo Tshisekedi, en poste depuis fĂ©vrier 2021.

CrĂ©Ă©e le 9 juillet 2002 Ă  Durban en Afrique du Sud pour prendre le relais de l’Organisation de l’unitĂ© africaine (OUA, 1963-1999), l’UA veut s’inscrire dans cette vision « d’une Afrique intĂ©grĂ©e, prospĂšre et pacifique, dirigĂ©e par ses propres citoyens ».

Auparavant, la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 15 États, avait dĂ©cidĂ© lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etats le vendredi 28 janvier par visioconfĂ©rence, de suspendre le Burkina Faso de ses instances aprĂšs le Mali et la GuinĂ©e.

Des Lions demi-finalistes en vedette dans la presse sénégalaise

Les quotidiens sĂ©nĂ©galais parvenus lundi Ă  APA titrent principalement sur la qualification de l’Ă©quipe nationale en demi-finale de la CAN 2021 aprĂšs sa victoire (3-1) hier sur la GuinĂ©e Equatoriale.« Les Lions dans le carrĂ© d’as », titre Sud Quotidien sur la victoire du SĂ©nĂ©gal sur la GuinĂ©e Ă©quatoriale en quart de finale de la CAN 2021. Pour le sĂ©lectionneur Aliou CissĂ©, « on ne doit pas s’enflammer ».

MalgrĂ© tout, L’AS a suivi « des Lions conquĂ©rants » hier. Stades note que « le Nzalang (a Ă©tĂ©) foudroyé », permettant aux Lions de poursuivre « leur rĂȘve ». Si le journal salue le « coaching gagnant d’Aliou Cissé », ce dernier indique que « le SĂ©nĂ©gal est en train de monter en puissance ».

Le Soleil magnifie également le « coaching gagnant » du technicien sénégalais, avec les entrées de Cheikhou Kouyaté et Ismaila Sarr qui ont marqué les deuxiÚme et troisiÚme buts du Sénégal.

L’Observateur s’enflamme aussi sur le poker gagnant d’Aliou : « CissĂ© comme ça, on gagne la CAN ». Le journal souligne que les Lions ont alliĂ© « maturitĂ© tactique, force de caractĂšre et Ă©quilibre ».

Ils devront confirmer cette performance contre les Etalons du Burkina Faso qu’ils affronteront mercredi prochain en demi-finale, souligne Le Soleil.

En politique, EnQuĂȘte s’intĂ©resse au « dĂ©clin des partis traditionnels » tombĂ©s dans « le piĂšge des coalitions ». Le journal note que l’AFP, le PS, la LD et le PDS « continuent de perdre du terrain ».

Sur la gestion des conseils municipaux, Walf Quotidien indique qu’elle constitue « l’autre combat de Yewwi » Askan Wi, la coalition de l’opposition qui a remportĂ© d’importantes localitĂ©s du pays lors des derniĂšres Ă©lections municipales. « Les maires de l’opposition risquent un blocage », selon Ibou SanĂ©, enseignant en sociologie politique.

Le Quotidien revient sur l’accrochage entre l’armĂ©e et les rebelles du Mouvement des forces dĂ©mocratiques de Casamance (MFDC) et note que « Les Jambaars (ont Ă©tĂ© pris) dans un guet-apens ». Donnant « la liste des blessĂ©s et des disparus », le journal indique que c’est « une opĂ©ration rebelle bien planifiĂ©e ».

Economie, politique et sport ay menu des quotidiens marocains

Les nouvelles tendances de l’Ă©conomie mondiale, la rĂ©Ă©lection du premier secrĂ©taire de l’USFP pour un 3Ăšme mandat et les conditions dans lesquelles se dĂ©roulent la CAN 2021, sont les principaux sujets traitĂ©s par les quotidiens parus marocains ce lundi.+Aujourd’hui Le Maroc+ qui s’intĂ©resse aux nouvelles tendances qui feront la future Ă©conomie mondiale, Ă©crit que le Maroc a choisi Ă  juste titre de s’imposer un virage pour prĂ©parer son Ă©conomie aux batailles des prochaines dĂ©cennies.

Ainsi, les contours du modĂšle de dĂ©veloppement sont connus depuis quelques mois dĂ©jĂ  et devraient progressivement passer Ă  la phase d’application dĂšs cette annĂ©e, ajoute le quotidien, soulignant qu’une nouvelle charte des investissements sera incessamment mise en place pour encadrer et catalyser toute cette dynamique.

Des dispositifs de financements novateurs comme le Fonds Mohammed VI sont d’ores et dĂ©jĂ  prĂȘts, note-il, ajoutant Ă©galement que le secteur privĂ©, dans toutes ses composantes et secteurs, industries, services, formation, accompagnement, banques, financement et autres, s’engage lui aussi dĂšs aujourd’hui dans cette reconfiguration vitale du tissu Ă©conomique en faisant preuve de plus d’audace et de crĂ©ativitĂ©.

+L’Economiste+, qui revient sur le 11Ăš congrĂšs de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), indique que comme prĂ©vu, c’est Driss Lachgar qui sera aux manettes du parti pour un 3e mandat, relevant que le premier secrĂ©taire a Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu avec une Ă©crasante majoritĂ©.

Dans ce sens, une Ă©crasante majoritĂ© des membres du bureau politique a poussĂ© le patron, qui prĂ©side aux destinĂ©es de l’USFP depuis 2012, Ă  se reprĂ©senter. Pourtant, des questions demeurent en suspens, explique-t-il.

« La situation de l’USFP reflĂšte une image trĂšs ancrĂ©e dans la vie politique marocaine », estime-t-il, soulignant que les partis ne parviennent pas Ă  faire Ă©merger de nouvelles Ă©lites capables de prendre le relais.

+L’Opinion+, qui s’attarde sur les conditions dans lesquelles se dĂ©roulent la Coupe d’Afrique des Nations Cameroun 2021, Ă©crit que un malaise qui plane depuis le dĂ©but de ce tournoi et qui est devenu une Ă©vidence aujourd’hui mĂ©rite d’ĂȘtre soulignĂ©.

Il s’agit de la domination dĂ©sormais flagrante du foot business sur cette compĂ©tition continentale longtemps considĂ©rĂ©e comme l’une des plus populaires et des plus Ă©galitaires dans le monde, poursuit la publication, mettant en exergue des rĂ©vĂ©lations sur les conditions scandaleuses de sĂ©jour d’Ă©quipes nationales.

« De telles conditions sont susceptibles d’entacher mĂȘme les plus mĂ©ritĂ©es des victoires et ne manqueront pas de polluer le palmarĂšs de l’Ă©quipe gagnante de la coupe », dĂ©plore-t-il.

BĂ©nin : huit morts dans un affrontement entre la police et les membres d’une secte

Les affrontements ont opposé des fidÚles de la secte « Azzael awouignan » aux éléments de police républicaine, faisant huit morts dont deux policiers.  Le drame a eu lieu le samedi 29 Janvier 2022 dans la commune de Savalou au Bénin. 

Dans une dĂ©claration de presse effectuĂ©e le dimanche 30 janvier, le directeur gĂ©nĂ©ral de la police rĂ©publicaine Soumaila Yaya a apportĂ© des prĂ©cisions sur ce qui s’est passĂ©. Revenant sur les faits, il est Ă  retenir des explications de la hiĂ©rarchie policiĂšre que tout est parti de la violence infligĂ©e Ă  une femme enceinte. « Le lundi 24 janvier 2022, une dame enceinte a Ă©tĂ© curieusement violentĂ©e et sĂ©rieusement molestĂ©e par quinze (15) fidĂšles de ladite secte pour des motifs fallacieux constitutifs d’infractions Ă  la loi pĂ©nale. ConvoquĂ©s plusieurs fois par la Police, ils ont refusĂ© de rĂ©pondre auxdites convocations ».

Face au refus des responsables de « Azzael Awouignan » de rĂ©pondre aux convocations de la police, les Ă©lĂ©ments du commissariat de Monkpa sont allĂ©s Ă  leur siĂšge pour tenter de comprendre les faits. « Mais elle s’est vue opposer, par des individus violents et droguĂ©s, un refus catĂ©gorique d’accĂ©der Ă  leur siĂšge. L’équipe de la police a fort heureusement Ă©chappĂ© Ă  une sĂ©questration aprĂšs l’érection de plusieurs barricades faites de troncs d’arbres sur la voie par les soi-disant fidĂšles », a confiĂ© le premier responsable de la police.

En effet, les fidĂšles de cette secte professaient la fin du monde. Leur besoin ultime Ă©tait de vider leurs avoirs et de se dĂ©partir de tous biens et de toutes natures avant l’avĂšnement de la dite fin du monde. Ils Ă©taient donc autorisĂ©s par leur gourou, Ă  saccager les rĂ©coltes des populations, dĂ©truire les biens de leurs voisins puis, commettre tous les actes rĂ©prĂ©hensibles au motifs qu’ils en ont reçu l’inspiration et l’autorisation du Saint-Esprit.

Pour anticiper sur le drame qui pourrait survenir des agissements de cette secte, la police a planifiĂ© une opĂ©ration coup de poing pour arrĂȘter les auteurs, mais qui va malheureusement tourner au drame. « En effet, aprĂšs l’interpellation de certains responsables recherchĂ©s, les fidĂšles droguĂ©s, armĂ©s de gourdins et de fusils de fabrication artisanale, sous les ordres du gourou ont sĂ©questrĂ© dans un premier temps deux fonctionnaires de police qui, tentaient de les raisonner plutĂŽt que de faire usage de leurs armes ».

Les deux policiers retrouvés morts

AprĂšs de vaines nĂ©gociations pour faire libĂ©rer pacifiquement les deux agents de police, les fonctionnaires de la police rĂ©publicaine se sont rendus dans la brousse oĂč les membres de cette secte  se sont retranchĂ©s Ă  l’effet de retrouver leurs collĂšgues. Dans leur recherche, ils retrouvent les corps sans vie de leurs frĂšres d’arme. « Sur ce, ils ont entrepris une battue en vue de retrouver les auteurs de ce crime odieux. C’est alors qu’ils vont essuyer des tirs de personnes en embuscade auxquels ils ont ripostĂ©. Cela a entraĂźnĂ© la mort de six (06) personnes », explique le Directeur gĂ©nĂ©ral de la police rĂ©publicaine.

Il fait savoir que plusieurs responsables de la secte dont le fameux « pasteur Awouignan », Ă  l’état civil Mesmin KpondĂ©kon, sont activement recherchĂ©s.