Le samedi 23 novembre 2019, les forces de lâopposition au pouvoir du prĂ©sident Patrice Talon, Ă lâexception des partis Union Sociale LibĂ©rale, Restaurer lâEspoir et une frange de Forces cauris pour un BĂ©nin Emergeant  ont tenu une assise Ă Paris.
Cette rencontre a mobilisĂ© les militants de lâopposition de la diaspora et certains politiciens en exil dans ce pays. Essentiellement, au cours de cette rencontre les participants ont passĂ© aux peignes fins la gouvernance du PrĂ©sident Patrice Talon. Ils ont reformulĂ© les critiques et exigences habituelles Ă lâendroit de son rĂ©gime. Une dĂ©claration finale a sanctionnĂ© les travaux de leurs assises que voici :
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ASSISES DE PARIS
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PARIS SAINT-OUEN, LE 23 NOVEMBRE 2019
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MANIFESTE SUR LA SITUATION NATONALE AU BENIN
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités et personnalités,
Chers compatriotes de la diaspora venus dâAfrique, dâEurope, dâAmĂ©rique et dâAsie,
Chers amis panafricains,
Chers compatriotes venus du BĂ©nin,
Mesdames et Messieurs,
Depuis le 06 avril 2016, date de lâavĂšnement au pouvoir de Monsieur Patrice Talon, le BĂ©nin vit une crise sĂ©vĂšre et profonde. Cette crise est Ă la fois politique, Ă©conomique, sociale, institutionnelle, morale et Ă©thique.
Au plan politique et des libertĂ©s, il est singulier de noter le recul dĂ©mocratique manifeste du BĂ©nin, avec une violation permanente des libertĂ©s et des droits, la mainmise absolue sur le fonctionnement des institutions de la RĂ©publique, toutes Ă la solde du pouvoir, la dĂ©sintĂ©gration des partis politiques historiques Ă coup de corruption, dâaudits sĂ©lectifs et dâacharnements incessants.
En effet, trĂšs tĂŽt, les partis politiques traditionnels ont Ă©tĂ© dĂ©sintĂ©grĂ©s (FCBE, RB, PSD et MADEP). Tous les maires qui nâont pas fait allĂ©geance au nouveau pouvoir ont Ă©tĂ© purement et simplement destituĂ©s ou rĂ©voquĂ©s et remplacĂ©s immĂ©diatement par des personnes qui flĂ©chissent facilement les genoux (Allada, Parakou, Ouidah, Cotonou, Gogounou, BonouâŠ).
Tous les partis dâopposition ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s de la parodie dâĂ©lections lĂ©gislatives du 28 avril 2019, par des mesures dâexclusion financiĂšres (il faut dĂ©poser 249 millions de F CFA, soit 380.000 euros de caution !) et par des mesures dâexclusion administrative (fourniture de certificat de conformitĂ© dont lâexistence lĂ©gale ne se trouve dans aucun texte de la RĂ©publique et dont lâobtention dĂ©pend uniquement du bon ou mauvais vouloir du ministre de lâIntĂ©rieur!). Au titre des mesures dâexclusion administrative, il y a aussi le quitus fiscal dĂ©livrĂ©, de façon ciblĂ©e et arbitraire, par le ministĂšre des Finances.
Au final, seuls y ont participĂ© les deux fan-clubs qui soutiennent Talon ! MalgrĂ© ce braquage Ă©lectoral, le pouvoir de Patrice Talon nâa obtenu que moins de 10% de participation au plan national, soit plus de 90% de boycott, une premiĂšre depuis le renouveau dĂ©mocratique.
Le pouvoir actuel transforme notre pays, de façon accĂ©lĂ©rĂ©e, en dictature : vassalisation du pouvoir judiciaire (trois magistrats ont Ă©tĂ© suspendus de leurs fonctions par le Conseil SupĂ©rieur de la Magistrature dirigĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique pour nâavoir pas suivi les instructions irrĂ©guliĂšres du pouvoir contre des opposants), soumission des partis politiques empĂȘchĂ©s de faire des alliances et empĂȘchĂ©s de fonctionner, exil de la plupart des responsables politiques en Europe, aux Etats-Unis dâAmĂ©rique et dans des pays voisins du BĂ©nin en Afrique, censure de la presse par la Haute autoritĂ© de lâaudiovisuel et de la communication (HAAC), restriction du droit de grĂšve Ă dix jours par an non consĂ©cutifs, refonte du Code du travail avec suppression des CDI, suppression des primes aux travailleurs, suspension illĂ©gale des centaines dâenseignants, fusion en un seul corps de rĂ©pression de la police et la gendarmerie, et interdiction des manifestations publiques. Le BĂ©nin est le seul pays au monde oĂč constitue une infraction, un « attroupement non armĂ© de 3 personnes ». Quel drame et quel recul dĂ©mocratique pire quâen CorĂ©e du Nord.
AprĂšs lâĂ©chec de la tentative abjecte de rĂ©vision de la Constitution du 11 dĂ©cembre 1990, Ă deux reprises, la menace autocratique sâest transformĂ©e en traque des opposants et en chantage de toutes les voix critiques.
Plusieurs personnalitĂ©s (dĂ©putĂ©s, maires, chefs de partis, anciens dĂ©putĂ©s et anciens ministres) ont dĂ» sâexiler pour Ă©viter lâemprisonnement, lâempoisonnement ou lâenlĂšvement ; tant de personnalitĂ©s syndicales, politiques, de responsables Ă©tudiants, journalistes et web activistes sont jetĂ©s en prison dans des conditions inhumaines.
Au titre des otages politiques victimes de ce rĂ©gime totalitaire et mafieux, on peut citer : Laurent MĂštongnon, Bertin S. Koovi, ElĂ©onore Okoumassoun, Sabi Sira KorogonĂ©, Sanni Zakari, Gafari AdĂ©chokan, Chabi Khader, Philippe Aboumon, Habib Ahandessi, Ousmane Tadjoudine, Laourou Moudjibou, Affadjo Bernardin, Jacob Biaou, Thibaut Ogou, Dassi Hyppolite Djidjoho, Joseph AĂŻmassĂš, IsmaĂ«l GbodogbĂ©, Nestor AyĂ©dĂ©guĂ©, Alain Dakpanon, JosuĂ© HoungbĂ©dji, Rachidi Yessoufou, Sounon Kanni Orou, Yann-Meryl Djokoui, Bienvenu LĂšdjĂš, Aganni Balogoun, Albert Afouda, Afouda TimothĂ©e, Mama Kassim, Olou Albert, Alexandre Hounyo, Ibrahim Camara (IB) et dâautres, injustement emprisonnĂ©s.
RĂ©cemment, sous pression nationale et internationale, le pouvoir en place sâest cachĂ© derriĂšre le prĂ©texte de la fameuse loi dâamnistie votĂ©e par son assemblĂ©e personnelle pour libĂ©rer 63 otages politiques. A ce jour, il en reste encore des dizaines dans les prisons.
LĂ©onard Biaou, Hugues SossoukpĂš, Kamar Ouassagari, Franck Kpassassi, Bill Souleymane et bien dâautres jeunes sont toujours dans la clandestinitĂ©, laissant derriĂšre eux femmes et enfants.
Au titre des exilĂ©s politiques, on peut citer par exemple : SĂ©bastien Ajavon, Komi KoutchĂ©, Valentin DjĂšnontin, LĂ©once Houngbadji, LĂ©hady Soglo, Francis Loko, Fatouma Amadou Djibril, JoĂ«l Ajavon, Simplice Codjo, Jean Panti, Renaud Bossou et bien dâautres encore.
Du 1er mai au 22 juin 2019, lâancien prĂ©sident Boni Yayi a Ă©tĂ© sĂ©questrĂ© Ă son domicile Ă Cotonou, placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e pour ses opinions politiques. Mais avant, lui et le prĂ©sident NicĂ©phore DieudonnĂ© Soglo et la prĂ©sidente Rosine V. Soglo avaient Ă©tĂ© gazĂ©s et violentĂ©s par la police au marchĂ© Dantokpa Ă Cotonou.
Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du BĂ©nin, adversaire politique de Patrice Talon au second tour de la prĂ©sidentielle de 2016, est condamnĂ© Ă six mois de prison avec sursis, cinq ans d’inĂ©ligibilitĂ© et 50 millions de F CFA dâamende pour des accusations farfelues, sans fondement, fabriquĂ©es de toutes piĂšces. Il vient sâajouter Ă la longue liste des persĂ©cutĂ©s.
Dans le mĂȘme registre, plusieurs mĂ©dias indĂ©pendants tels que « La Nouvelle Tribune » et la tĂ©lĂ©vision panafricaine « Sikka TV » ont Ă©tĂ© fermĂ©s ou interdits de diffusion au BĂ©nin. La radio dâexpression libre Soleil Fm, quant Ă elle, subit un piratage dâEtat de ses Ă©missions, ses frĂ©quences sont brouillĂ©es aux heures de grande Ă©coute dans plusieurs rĂ©gions du pays, depuis deux ans.
Dans le mĂȘme temps, les journalistes dâinvestigation sont traquĂ©s dans lâexercice de leur profession :
- Parfait Folly, journaliste, directeur de publication du journal « Le Devoir », a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le mercredi 13 mars 2019. AccusĂ© dâavoir critiquĂ© le ministre de lâEconomie et des Finances dans un article de presse, il a Ă©tĂ© gardĂ© Ă vue et prĂ©sentĂ© au Procureur de la RĂ©publique prĂšs le tribunal de premiĂšre instance de Cotonou, le lundi 18 mars 2019. Ce mĂȘme jour, il a Ă©tĂ© jetĂ© Ă la prison civile de Cotonou. Le 26 mars 2019, il a comparu devant un juge qui lâa condamnĂ© Ă 06 mois dâemprisonnement avec sursis et Ă une amende de 500.000 F CFA.
- EmpĂȘchĂ©e de couvrir les grĂšves des enseignants, la journaliste Emmanuelle Sodji, correspondante de France24/TV5Monde au BĂ©nin, a Ă©tĂ© sĂ©questrĂ©e avec son assistant Wilfrid Codo, dans le collĂšge OcĂ©an, Ă Cotonou. Clairement identifiĂ©s en tant que journalistes Ă©trangers, ils ont nĂ©anmoins Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, menacĂ©s et prĂ©sentĂ©s au Procureur de la RĂ©publique, le 23 janvier 2018. LâaccrĂ©ditation de la journaliste Emmanuelle Sodji nâest toujours pas renouvelĂ©e par la HAAC qui lâempĂȘche ainsi dâexercer librement son mĂ©tier.
- Casimir KpĂ©djo, journaliste, spĂ©cialiste des questions Ă©conomiques, directeur de publication du journal « La Nouvelle Economie », a Ă©tĂ© interpellĂ© dans la matinĂ©e du jeudi 18 avril Ă la suite dâune interview tĂ©lĂ©visĂ©e. On lui reproche dâavoir diffusĂ© de fausses informations sur la situation Ă©conomique du BĂ©nin. EnlevĂ© Ă son domicile entre 7 heures et 8 heures du matin, par des Ă©lĂ©ments de la police rĂ©publicaine, il a Ă©tĂ© gardĂ© Ă vue Ă lâOffice central de rĂ©pression de la cybercriminalitĂ© (Ocrc). PrĂ©sentĂ© au Procureur spĂ©cial de la Cour de rĂ©pression des infractions Ă©conomiques et du terrorisme, Casimir KpĂ©djo a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© et placĂ© sous contrĂŽle judiciaire.
- Ignace Sossou, journaliste du site Internet dâactualitĂ©s http://xn--bninwebtv-b4a.com/, est actuellement sous contrĂŽle judiciaire pour ses Ă©crits.
La rĂ©pression postĂ©lectorale des 1er et 2 mai 2019 a fait une vingtaine de morts, des blessĂ©s graves et 64 manifestants arrĂȘtĂ©s pour avoir dĂ©fendu leurs droits de vote :
- Prudence Vioutou Amoussou : mĂšre dâun bĂ©bĂ© de neuf mois et de six autres enfants dont le plus ĂągĂ© a 17 ans, froidement abattue par les forces armĂ©es de Patrice Talon le 1er mai 2019 Ă Cotonou, par des tirs Ă balles rĂ©elles dans le dos ;
- Kandissounou Abdoul DjayanĂ© : 19 ans, dĂ©cĂ©dĂ© des suites de ses blessures. La veille, il avait reçu une balle de la police Ă lâabdomen lors dâune manifestation pacifique Ă Kandi, au nord du BĂ©nin, le 2 mai 2019 ;
- Souley Mama Assouma : tuĂ© Ă Cotonou le 2 mai 2019 par lâarmĂ©e, des tirs Ă balles rĂ©elles ;
- Ambroise Biaou : cultivateur originaire de Kilibo, torturĂ© Ă mort Ă la prison civile dâAbomey, aprĂšs les manifestations populaires des 25 et 26 fĂ©vrier 2019 ;
- Rahmane Sito : assassiné au quartier KpérouguÚra à Parakou, au nord du Bénin, le 28 avril 2019 par des partisans de Patrice Talon ;
- DĂ©nis Djossou : 35 ans, dĂ©tenu arbitrairement Ă la prison civile de Cotonou depuis le 8 mai 2019 pour « attroupement non armĂ© ». Il a Ă©tĂ© blessĂ© le 1er mai et sa main droite amputĂ©e, pour avoir tentĂ© de se dĂ©barrasser dâune grenade lacrymogĂšne lancĂ©e par les forces de lâordre sur la population civile. Il se trouvait Ă CadjĂšhoun Ă Cotonou non loin du domicile de lâancien chef de lâEtat Yayi Boni.
Les familles des victimes peinent Ă rĂ©cupĂ©rer les corps du fait dâobstacles administratifs. Des manifestants blessĂ©s sont jetĂ©s en prison et empĂȘchĂ©s dâaccĂ©der aux soins.
Lors des affrontements survenus en juin 2019 au centre et au nord du BĂ©nin, notamment Ă SavĂš et Ă Tchaourou, la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision France24 nous renseigne quâau moins 10 personnes (des populations civiles) ont Ă©tĂ© tuĂ©es par lâarmĂ©e dont 6 Ă Tchaourou et 4 Ă SavĂš.
La tendance du gouvernement du BĂ©nin Ă la restriction de la libertĂ© dâexpression, dâassociation, de manifestation et Ă lâintimidation Ă lâĂ©gard de ceux qui expriment des opinions critiques concernant ses actions est notoire. Il sâagit dâune politique de rĂ©pression lĂ©galement mise en place.
Telle est la « dĂ©mocratie » Ă la mode Talon : censitaire et mafieuse. Le but de ce rĂ©gime autocratique et ploutocratique est bien de disposer dâune AssemblĂ©e privĂ©e Ă sa botte afin de modifier le contenu de la Constitution Ă son profit. Effectivement, avec un parlement illĂ©gal et illĂ©gitime, Patrice Talon et ses dĂ©putĂ©s nommĂ©s ont attaquĂ©, aprĂšs deux tentatives infructueuses, notre Constitution en procĂ©dure dâurgence, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2019. Câest la constitution halloween.
Ce coup de force contre notre loi fondamentale touche 30 % des articles de la Constitution du 11 dĂ©cembre 1990 avec de nouvelles dispositions de constitutionnalisation dâun vice-prĂ©sident et de renforcement des pouvoirs du PrĂ©sident de la RĂ©publique.
Le projet machiavélique adopté par les députés nommés contient des incongruités inadmissibles pour une loi fondamentale. Notre Constitution est défigurée et taillée sur mesure pour faire de Patrice Talon, un superman politique, intouchable, au-dessus de la loi, omnipotent et omniscient. Le projet :
–Â reformule plusieurs articles de la Constitution ;
– affecte certaines institutions de la RĂ©publique (leur mode dâorganisation, leurs attributions, leurs rĂšgles de fonctionnement) ;
– soustrait dĂ©sormais le Chef de lâĂtat Ă la Justice, y compris Ă la fin de ses fonctions, quel que soit le dĂ©lit ou le crime commis;
– confisque la signature du peuple en retirant au parlement un droit fondamental, celui de ratifier les accords internationaux ;
Ce hold-up sur la loi fondamentale et sur notre dĂ©mocratie chĂšrement acquise montre clairement que Patrice Talon et son clan de prĂ©dateurs sont dĂ©cidĂ©s Ă sâĂ©terniser au pouvoir, en empĂȘchant les partis dâopposition de participer aux compĂ©titions Ă©lectorales et le peuple souverain de choisir librement ses dirigeants Ă divers niveaux.
Câest dâailleurs ce qui justifie la prĂ©cipitation avec laquelle le code Ă©lectoral, la charte des partis politiques et la loi sur le financement public des partis politiques, dĂ©jĂ contestĂ©s, ont Ă©tĂ© amendĂ©s par les membres du conseil dâadministration de lâEtat Talon dans le sens du renforcement de lâexclusion de lâopposition Ă toute Ă©lection au BĂ©nin.
Le code Ă©lectoral votĂ© Ă 8 heures du matin par lâAssemblĂ©e illĂ©gitime siĂ©geant Ă Porto-Novo a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© conforme Ă la Constitution le mĂȘme jour, avant mĂȘme 12 heures par la Cour constitutionnelle ; une nouvelle preuve de la vassalisation des institutions de la RĂ©publique, transformĂ©es en caisse de rĂ©sonnance ou en chambres dâenregistrement.
Ce code institue la crĂ©ation dâun conseil Ă©lectoral pour remplacer la Commission Ă©lectorale nationale autonome (Cena), une direction gĂ©nĂ©rale des Ă©lections, dĂ©finit le nombre de dĂ©putĂ©s ou de maires pour le parrainage des candidats Ă la prĂ©sidentielle, crĂ©e un poste de vice-prĂ©sident de la RĂ©publique, etc. Une vraie bombe Ă retardement.
Au plan Ă©conomique, tout se passe aujourdâhui comme si le rĂ©gime dit du « nouveau dĂ©part » nâavait rĂ©ellement pas un programme Ă©conomique. Tout laisse Ă croire plutĂŽt que le programme de ce rĂ©gime sâarticule autour des rĂȘves de son chef dâassouvir une vengeance personnelle tout en sâemparant des secteurs vitaux de lâĂ©conomie nationale au profit de ses sociĂ©tĂ©s personnelles et de celles de son clan.
On assiste ainsi Ă lâaccaparement total de lâĂ©conomie nationale au profit dâun groupe dâintĂ©rĂȘt dont le prĂ©sident de la RĂ©publique se trouve ĂȘtre le chef. Aucun secteur ne lui Ă©chappe : lâagriculture (coton, acajouâŠ), le port, les transports, lâĂ©nergie, lâaĂ©roport, les hydrocarbures, le numĂ©rique, le bois, les tĂ©lĂ©communicationsâŠ
Les budgets successifs dont il a obtenu le vote de lâAssemblĂ©e nationale nâont cessĂ© dâaccroĂźtre les charges fiscales des contribuables alors que lâon observe un Ă©touffement de lâactivitĂ© Ă©conomique dans le pays. De nombreuses entreprises ont fermĂ©, dĂ©versant dans les rues des centaines de milliers de travailleurs dĂ©sespĂ©rĂ©s. De nombreuses entreprises publiques ont Ă©tĂ© liquidĂ©es (SociĂ©tĂ© Nationale pour la Promotion Agricole, l’Office national d’appui Ă la sĂ©curitĂ© alimentaire, lâOffice National De Stabilisation et de Soutien des Prix des Revenus Agricoles, la Centrale dâachat des intrants agricolesâŠ) sans aucune procĂ©dure judiciaire appropriĂ©e, mettant au chĂŽmage des milliers de travailleurs ne sachant Ă quel saint se vouer.
La pression fiscale, la morositĂ© Ă©conomique et lâenvironnement peu propice aux affaires ont conduit plusieurs entreprises privĂ©es Ă baisser les rideaux. Plusieurs salariĂ©s renvoyĂ©s au chĂŽmage.
Au niveau des banques, la situation est identique. Plusieurs agences ferment leurs portes et des centaines de travailleurs se retrouvent Ă la maison, sans emploi.
Des pseudos rĂ©formes entreprises par le gouvernement ont modifiĂ© profondĂ©ment le cadre institutionnel de la gouvernance publique affectant nĂ©gativement la capacitĂ© de mobilisation de ressources du pays. Ceci justifie la baisse drastique des recettes intĂ©rieures et extĂ©rieures allant mĂȘme Ă la perte de certains financements dĂ©jĂ acquis (annulation le 8 janvier 2018 de deux prĂȘts accordĂ©s au BĂ©nin par la Banque islamique de dĂ©veloppement basĂ©e Ă Djeddah) et la perte de confiance sur le marchĂ© financier sous rĂ©gional.
La confusion est totale entre intĂ©rĂȘts privĂ©s et intĂ©rĂȘt de lâEtat. Ceci nâest que lâexemple le plus flagrant dâune prĂ©dation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la part de celui qui est devenu le plus grand nĂ©potiste et prĂ©dateur du BĂ©nin, allant mĂȘme jusquâĂ annexer un important domaine de lâEtat jouxtant son domicile privĂ©.
Le programme dâactions du gouvernement qui remplit des projets Ă trĂšs fort taux capitalistiques peine Ă se concrĂ©tiser. Les BĂ©ninois ne voient rien de concret en dehors des maquettes mensuelles publiĂ©es par le pouvoir.
La fermeture des frontiĂšres du NigĂ©ria avec notre pays a plombĂ© lâĂ©conomie nationale dĂ©jĂ en agonie. Les recettes de lâEtat sont en baisse. Le Gouvernement poursuit follement lâendettement massif du pays sans que la contrepartie ne soit visible sur le terrain en termes de rĂ©alisations physiques.
Au plan social, la destruction de lâĂ©conomie nationale a induit des problĂšmes sociaux graves se traduisant par les pertes massives dâemploi tant dans le secteur formel que dans le secteur informel qui a subi une destruction sauvage et inhumaine sous le fallacieux prĂ©texte de « libĂ©ration des espaces publics », aggravant la paupĂ©risation des populations. Cette situation cumulĂ©e avec les consĂ©quences des orientations politiques et de la gouvernance Ă©conomique du prĂ©sident de la RĂ©publique expose le pays Ă une crise sociale sans prĂ©cĂ©dent. La misĂšre, la pauvretĂ© et la famine sont dĂ©jĂ prĂ©sentes dans les mĂ©nages.
Le dernier fait en date qui illustre la nature cynique et inhumaine du rĂ©gime, câest bien la suspension abusive, le 25 septembre 2019, des 503 enseignants qui ont refusĂ© de se soumettre Ă son Ă©valuation illĂ©gale. BientĂŽt deux mois que ces pĂšres et mĂšres de familles sont Ă la maison, laissĂ©s Ă eux-mĂȘmes, sans dĂ©fense.
Au plan institutionnel, les institutions qui devraient de par leur rĂŽle constitutionnel, contrĂŽler lâaction du gouvernement, sont infĂ©odĂ©es au pouvoir exĂ©cutif. LâAssemblĂ©e privĂ©e installĂ©e Ă Porto-Novo apporte son assistance au chef de lâEtat dans tous les montages scandaleux visant Ă dĂ©molir entiĂšrement la dĂ©mocratie et lâEtat de droit.
Les institutions sont appelées à faire profil bas ou allégeance, sinon, elles sont ignorées, banalisées, fragmentées et descendues de leur piédestal.
La justice est vassalisĂ©e. La manipulation de certains magistrats contre les opposants est un secret de polichinelle. En trois ans de gouvernance catastrophique, avec lâaide de la justice politique aux ordres de Patrice Talon, nos prisons civiles sont remplies de plusieurs dĂ©tenus politiques. A lâextĂ©rieur, la traque contre les voix critiques se poursuit.
Le 29 juillet 2019, Patrice Talon interdit « la dĂ©livrance des actes de lâAutoritĂ© aux personnes recherchĂ©es par la justice en RĂ©publique du BĂ©nin ». Sont considĂ©rĂ©s comme « Actes de lâAutoritĂ© », « les extraits dâactes dâĂ©tat civil ; le certificat de nationalitĂ© ; la carte nationale dâidentitĂ© ; le passeport ; le laissez-passer ; le sauf-conduit ; la carte de sĂ©jour ; la carte consulaire ; le bulletin N°3 du casier judiciaire ; le certificat ou lâattestation de rĂ©sidence ; le certificat de vie et de charges ; lâattestation ou le certificat de possession dâĂtat ; le permis de conduire ; la carte dâĂ©lecteur ; le quitus fiscal⊠»
Le journal Le TĂ©lĂ©gramme, dans sa parution du mercredi 31 juillet 2019, prĂ©cise quâil sâagit de « 323 personnes recherchĂ©es par la justice ». Câest une violation du principe de la prĂ©somption dâinnocence consacrĂ© par la Constitution bĂ©ninoise en son article 17.
Depuis le 06 avril 2016, lâhorreur de la dictature et de lâarbitraire sâest abattue sur notre peuple. Le peuple bĂ©ninois fait face Ă un rĂ©gime dâiniquitĂ©, de frustration, de privation et de paupĂ©risation accĂ©lĂ©rĂ©e qui fonde lâurgence pour les Forces Vives de la Nation dâagir consĂ©quemment.
La mauvaise situation actuelle de notre pays sur tous les plans crĂ©e de nouvelles responsabilitĂ©s qui interpellent les BĂ©ninois, les forces politiques de lâopposition, toutes les organisations citoyennes du monde, les panafricains, les dĂ©mocrates, les associations de dĂ©fense des droits de lâhomme… Il nous revient dâaller au chevet du peuple bĂ©ninois affligĂ© et dĂ©sespĂ©rĂ©, et de lâaider Ă sortir de la maltraitance du pouvoir autocratique ultralibĂ©ral, Ă travers des actions citoyennes et politiques fortes, afin de restaurer la dĂ©mocratie et lâEtat de droit et proposer une alternance responsable et crĂ©dible pour une gouvernance de probitĂ© centrĂ©e sur le bien-ĂȘtre du peuple, respectueuse de la dĂ©mocratie, des libertĂ©s, des Droits de lâHomme tels quâils sont inscrits dans la Constitution du 11 dĂ©cembre 1990.
Nous avons un devoir incontournable de mutualiser nos forces, de rĂ©aliser notre unitĂ© dâactions, en vue dâatteindre nos objectifs.
Lorsque lâinjustice devient la loi, la RĂ©sistance est un devoir ! Face au chaos qui rĂšgne actuellement au BĂ©nin, il y a une seule rĂ©ponse appropriĂ©e : la RĂ©sistance structurĂ©e menĂ©e par des patriotes, des hommes intĂšgres, dĂ©sintĂ©ressĂ©s, loyaux envers la RĂ©publique. Cette RĂ©sistance va de soi, et les Ă©normes mobilisations des mois passĂ©s au BĂ©nin et dans la diaspora pourraient le confirmer, mais il ne faut pas se faire dâillusions : câest une bataille difficile qui est engagĂ©e, dont lâissue dĂ©pendra en grande partie de la capacitĂ© des forces vĂ©ritablement et sincĂšrement engagĂ©es au sein de lâopposition bĂ©ninoise et dans la diaspora Ă offrir des perspectives crĂ©dibles Ă la population partagĂ©e entre combativitĂ© de masse et risque de dĂ©couragement devant lâampleur des obstacles.
La mise en Ćuvre de cette volontĂ© agissante appelle lâexpression forte dâune part, de lâadhĂ©sion consciente et dĂ©terminĂ©e de notre peuple Ă rejeter dĂ©finitivement toute gestion mafieuse du pouvoir dâEtat et dâautre part, de la capacitĂ© des BĂ©ninois Ă sâunir et Ă lutter pour le triomphe des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs de la Nation, la patrie de BĂ©hanzin, Bio Guerra, Kaba⊠pour que le BĂ©nin retrouve sa place de pionnier dans le concert des nations dĂ©mocratiques dâAfrique et du monde entier.
Lâappel est ainsi lancĂ© Ă tous les fils et filles du BĂ©nin, au Peuple du BĂ©nin, Ă la jeunesse, aux femmes, aux travailleurs de toutes catĂ©gories, aux BĂ©ninois de la diaspora, aux amis du BĂ©nin, aux panafricains dans la diaspora, aux patriotes et aux dĂ©mocrates pour sâengager rĂ©solument dans la RĂ©sistance agissante et organisĂ©e conduite par des hommes et des femmes crĂ©dibles.
Enfants du BĂ©nin, debout !
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Osons lutter, osons vaincre !
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Vive le BĂ©nin !
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Nous vous remercions
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