Coronavirus: près de 1.900 morts, l’OMS contre toute mesure disproportionnée

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre toute mesure « disproportionnée » face au coronavirus, alors que l’épidémie a déjà fait près de 1.900 morts.

Le nombre de contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), a grimpé mardi à 72.300. Ailleurs dans le monde, environ 900 personnes contaminées ont été recensées dans une trentaine de pays et territoires.

Mais l’OMS s’est voulue rassurante lundi: en dehors de la province chinoise du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, la maladie Covid-19 « touche une très petite proportion de la population » et son taux de mortalité n’est pour l’heure que d’environ 2%.

Le principal foyer de contamination hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine début février dans la baie de Yokohama près de Tokyo, après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong.

Ses plus de 3.700 passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant deux semaines. Mais cela n’a pas empêché la propagation du virus: au moins 454 personnes ont été contaminées à bord.

Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Plus de 300 Américains ont ainsi été rapatriés par avion vers les Etats-Unis, où ils ont entamé lundi une quarantaine de 14 jours — la durée maximale supposée de l’incubation.

– « Proportionnées » –

Un deuxième cas positif a été recensé parmi les quatre passagers français à bord du navire, a annoncé lundi le ministère français de la Santé, en précisant que ces malades sont pris en charge par les autorités sanitaires japonaises.

Le directeur de l’OMS a cependant estimé lundi qu’il n’était pas nécessaire de suspendre l’ensemble des croisières dans le monde, se disant opposé à toute « mesure de portée générale » face au coronavirus.

« Les mesures doivent être proportionnées à la situation, prises sur la base de preuves et d’éléments de santé publique », a déclaré à la presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que « le risque zéro n’existe pas ».

Cet appel intervient au moment où l’opérateur d’un navire de croisière américain, le Westerdam, cherche à retrouver la trace de quelque 1.200 voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge malgré la crainte de contaminations potentielles.

Samedi, le virus a été diagnostiqué chez une ex-passagère américaine de 83 ans arrivée en Malaisie. Mais des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour rentrer chez eux, laissant craindre une propagation de l’épidémie.

« Si nous devons interrompre toutes les croisières du monde au cas où il y aurait un contact potentiel avec un possible agent pathogène, où nous arrêterons-nous? », a cependant déclaré le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS.

– « Trop tôt » –

« Devons-nous arrêter les bus dans le monde entier? », a-t-il fait mine de s’interroger devant la presse à Genève.

L’OMS s’était déjà prononcée contre la restriction brutale des voyages, alors qu’Etats-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine — dont évidemment de nombreux Chinois.

Des conférences commerciales, des compétitions sportives et des manifestations culturelles ont été annulées ou reportées, tandis qu’un grand nombre de compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale.

Mardi, le bilan humain y a atteint les 1.868 morts. Et un directeur d’hôpital de la ville de Wuhan, d’où est partie l’épidémie, est décédé après avoir été contaminé, a annoncé la télévision publique CCTV.

Selon le dernier bilan quotidien, 98 personnes ont succombé au virus lors des dernières 24 heures, soit le quatrième jour de repli.

A 1.886, le nombre quotidien de nouvelles contaminations est au plus bas depuis le début du mois.

Ailleurs dans le monde, seul cinq décès ont été enregistrés jusqu’à présent (aux Philippines, à Hong Kong, au Japon, en France et à Taïwan).

En dehors du Hubei, bouclé par un cordon sanitaire afin de contenir l’épidémie, seules 79 nouvelles contaminations ont été recensées mardi en Chine continentale. Le 4 février, elles étaient 890.

– Apple pessimiste –

Alors que la perspective d’un vaccin est encore lointaine, les autorités chinoises ont demandé lundi aux personnes guéries de donner leur sang afin d’en extraire le plasma pour soigner les malades.

Ce plasma d’ex-patients infectés contient des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les personnes sévèrement atteintes.

Afin de mieux contrer l’épidémie, le gouvernement chinois a annoncé mardi une exemption de droits de douane punitifs qu’il imposait dans le cadre de sa guerre commerciale avec les Etats-Unis sur certains équipements médicaux américains.

Des équipements utilisés pour la transfusion de patients ou mesurer la pression artérielle seront ainsi exemptés à partir du 2 mars.

Mais les grandes entreprises mondiales craignent une chute de la demande. Apple a annoncé lundi que sa prévision de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre ne serait sans doute pas atteinte en raison de l’épidémie en Chine — pays crucial pour l’entreprise américaine.

Ioukos: une affaire russe à 50 milliards devant la justice néerlandaise

Plus de quinze ans après les faits, un tribunal néerlandais tranchera mardi sur le volet principal de la tentaculaire affaire Ioukos, ancien groupe pétrolier dont les anciens actionnaires réclament 50 milliards de dollars à la Russie.

Accusée par les ex-actionnaires d’avoir orchestré le démantèlement de Ioukos pour des raisons politiques, la Russie avait été condamnée en 2014 par la Cour permanente d’arbitrage (CPA), juridiction internationale située à La Haye, à leur verser une indemnisation de 50 milliards de dollars (46 milliards d’euros), ce que le pouvoir russe a refusé.

Jugeant que la CPA n’avait pas compétence pour octroyer cette indemnisation, un tribunal néerlandais avait annulé son jugement en 2016, une décision contestée par les requérants qui espèrent avoir gain de cause mardi devant la Cour d’appel de la Haye.

Dirigée par l’oligarque et ennemi déclaré du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, arrêté en 2003 et libéré après une décennie de prison, la compagnie Ioukos a été accusée par Moscou de fraude fiscale et d’escroquerie de grande ampleur.

L’entreprise, alors premier producteur d’or noir de Russie, avait été placée en liquidation judiciaire en août 2006, à l’issue d’un procès retentissant largement considéré comme inspiré par le Kremlin pour contrecarrer les ambitions politiques de M. Khodorkovski.

Ioukos avait été vendu à la découpe en grande partie au groupe pétrolier public russe Rosneft. Cette entreprise, de taille modeste alors, est devenue grâce aux actifs du groupe démantelé un géant mondial, piloté par un homme de confiance de Vladimir Poutine, Igor Setchine.

Les anciens actionnaires tentent depuis d’obtenir une indemnisation de leurs pertes causées par la dissolution de Ioukos.

Une pierre angulaire du procès a été la question de la compétence de la CPA pour juger de la question et octroyer cette indemnisation, que le tribunal néerlandais lui a refusée en première instance.

– « Corruption », « agissements illégaux » –

La CPA avait basé sa décision sur le Traité sur la charte de l’énergie (TCE), qui protège les investissements internationaux dans les projets énergétiques.

« La Fédération de Russie a signé le TCE, mais ne l’a pas ratifié », avait assuré la justice néerlandaise en 2016, indiquant que les décisions de la CPA étaient donc « contraires à la loi russe ».

Une autre des questions se posant « a trait aux circonstances de prise de contrôle de Ioukos par les oligarques russes aux cours de sa privatisation en 1995 et 1996 », a indiqué à l’AFP Andrea Pinna, avocat de la Russie.

Dans la foulée de la chute de l’URSS, des hommes d’affaires peu scrupuleux ont amassé des fortunes immenses et des empires influents en acquérant pour des sommes très réduites les actifs soviétiques, en particulier dans le secteur des matières premières, alors que le pays était plongé dans une crise profonde et que la population glissait dans la pauvreté. Parmi eux, M. Khodorkovski.

« La Russie estime que l’acquisition de Ioukos n’a été possible que par corruption et autres agissements illégaux », affirme Me Pinna, soulignant qu’il ne s’agit « pas d’un dossier politique, mais d’un dossier purement juridique qui a un enjeu financier de 50 milliards de dollars ».

Me Emmanuel Gaillard, qui représente les anciens actionnaires, affirme pour sa part à l’AFP que « la Russie déploie des efforts de diplomatie considérables pour tenter de discréditer les acteurs de l’affaire ».

« Leur stratégie est de tout déformer pour tout compliquer, pour faire oublier la plus grande expropriation du XXIe siècle », regrette-t-il.

Arrêté en 2003, M. Khodorkovski a été libéré en décembre 2013 à la suite d’une grâce accordée par le président russe, et vit depuis en exil. Son associé, Platon Lebedev, a quant à lui passé plus de 10 ans en prison, suite à des procès dénoncés par les défenseurs des droits de l’Homme.

L’affaire Ioukos est largement considérée comme le moment où Vladimir Poutine a mis au pas les grands oligarques russes dont l’influence sur le système politique a connu son apogée sous Boris Eltsine.

Quelle que soit l’issue de l’appel mardi, l’affaire devrait se poursuivre devant la Cour de cassation néerlandaise.

Indignation au Mexique après l’assassinat d’une fillette de sept ans

La découverte d’une fillette de sept ans tuée au Mexique a suscité une vive indignation lundi, deux jours après que des centaines de femmes eurent manifesté contre le meurtre particulièrement brutal d’une jeune femme qui a choqué le pays.

Le corps de la fillette portant des signes de torture a été retrouvé samedi à Tlahuac, au sud-est de la capitale, après avoir été porté disparue le 11 février.

Lundi, les parents de l’école où l’enfant étudiait ont exigé justice et plus de sécurité pour les mineurs et les femmes en brandissant lors d’un rassemblement des bannières demandant « Justice! » et s’interrogeant « à qui le tour demain? ».

Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, a estimé qu’un tel cas était la conséquence de « la décomposition de la société » intervenue durant « la période néolibérale » avant son arrivée au pouvoir.

Le parquet local a offert une récompense de deux millions de pesos (environ 107.000 dollars) en échange d’informations permettant d’identifier qui a enlevé et tué l’enfant.

Le porte-parole du procureur, Ulises Lara, a déclaré aux journalistes que la mère de la jeune fille était venue la chercher à l’école et que, ne la trouvant pas, elle avait commencé les recherches. Selon des images détenues par les autorités, le jour où la fille a disparu elle a été vue tenue par la main par une autre femme.

La mère de la fillette a demandé justice pour son enfant.

« J’ai besoin de votre soutien, car aujourd’hui c’était ma fille mais demain sera peut-être la vôtre », a-t-elle dit.

Elle a accusé un homme d’avoir tué sa fille, sans toutefois donner davantage de détails.

Cet assassinat est intervenu deux jours après que des centaines de femmes eurent manifesté dans plusieurs ville du Mexique pour dénoncer le meurtre particulièrement brutal d’une femme de 25 ans.

La jeune femme a été poignardée par son compagnon qui l’a ensuite dépecée et éventrée puis lui a arraché des organes qu’il a jetés dans les toilettes de l’appartement où ils vivaient.

L’affaire a également déclenché des protestations contre la diffusion, probablement par des responsables de la justice et de la police, d’images du corps mutilé de la jeune femme qui ont été publiées par des tabloïds de la capitale.

En 2019, le Mexique a enregistré 1.006 féminicides, selon des chiffres officiels qui sont sans doute en-dessous de la réalité.

Une distribution d’aide tourne au drame au Niger, 20 morts

Une vingtaine de personnes ont été tuées et plusieurs blessées lundi dans une bousculade provoquée par une distribution de vivres et d’argent à des réfugiés et des personnes déplacées à Diffa, dans le sud-est du Niger.

« Malheureusement, il y a eu quinze femmes et cinq enfants qui sont décédées (…) dans ce drame regrettable », a déclaré à la télévision publique Issa Lémine, le gouverneur de Diffa, qui a rendu visite aux blessés admis dans des centres de soin de cette ville.

La bousculade a également fait une dizaine de blessés dont de nombreux enfants, selon la télévision.

Selon Issa Lémine, une première distribution « s’est bien terminée » dimanche à la Maison des jeunes et de la culture (MJC).

Ce lundi matin, une deuxième opération de ce type devait avoir lieu à « l’arène de lutte traditionnelle » qui « a été sécurisée pour la circonstance » mais les gens se sont plutôt dirigés vers le lieu de la distribution de la veille.

Donc, « très tôt, aux environs de 02H00 (01H00 GMT), les femmes se sont attroupées devant la MJC et à 06H00 (05H00 GMT) quand on a ouvert le portail, il y a eu un mouvement d’ensemble et beaucoup de personnes étaient tombées et ont été piétinées ».

« Nous avons un bilan provisoire de 20 morts, essentiellement des femmes et des enfants tués dans une bousculade pendant une opération de distribution de vivres et d’argent à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Diffa », la capitale régionale du sud-est du Niger, proche du Nigeria, avait auparavant expliqué un responsable médical.

Des sources humanitaires ont confirmé le nombre des morts et fait état d’une dizaine de blessés.

L’aide était offerte par Babagana Umara Zulum, le gouverneur de l’Etat nigérian de Borno (nord-est du Nigeria), qui est allé lundi visiter les sites de réfugiés nigériens ayant fui les attaques de Boko Haram et qui sont installés dans plusieurs zones de la région de Diffa depuis 2015.

Ce responsable avait déjà quitté Diffa avant la bousculade, a déclaré à l’AFP un officiel nigérien.

« On distribuait des vivres et de l’argent, à raison de 5.000 nairas (la monnaie nigériane – soit 15 euros) par personne. Il étaient des milliers, en majorité des réfugiés, qui avaient appris la nouvelle de la distribution et qui ont quitté leurs camps, situés parfois à une centaine de kilomètres pour venir à Diffa », a expliqué à l’AFP un habitant.

« Même de simples habitants de Diffa se sont rués pour espérer recevoir l’aide », a témoigné un autre.

« L’information sur la distribution s’était répandue dès les premières heures de la journée et des milliers de personnes ont envahi la cour et les environs de la MJC », a raconté à l’AFP un agent de la municipalité de Diffa qui se trouvait près des lieux du drame.

Du riz, de l’huile, des vêtements et de l’argent devaient être distribués aux réfugiés, a-t-il précisé.

– « Piétinés à mort » –

« Dès que les premières personnes ont reçu leur ration, la foule compacte a commencé à +bouillir+, les organisateurs ont été vite débordés : hommes, femmes, enfants ont commencé à se presser les uns contre les autres. Les plus faibles sont tombés par terre » et des enfants ont été « piétinés à mort », a affirmé cet agent.

« D’habitude, ce sont des représentants des bénéficiaires qui viennent chercher les aides à Diffa et repartent les redistribuer sur les sites, mais cette fois ce sont les réfugiés eux-mêmes qui ont décidé de parcourir des dizaines de kilomètres pour venir recevoir leur aide », a dit un élu local à l’AFP.

« Très vite, les secours sont arrivés pour évacuer les blessés vers différents centres de soin et pour acheminer les corps à la morgue de l’hôpital de Diffa » proche, selon un journaliste local.

La visite du gouverneur de Borno était la première d’un haut responsable civil nigérian dans la région de Diffa où il s’est rendu à Bosso, Garin-Wazan et Toummour, trois localités qui abritent plus de 100.000 réfugiés du Nigeria, sur un total de 300.000 dans toute la région.

En plus de l’insécurité liée aux attaques régulières de Boko Haram, Diffa est confrontée à de graves inondations provoquées par une crue de la Komadougou Yobé, la rivière qui sépare le Niger du Nigeria, qui ont déjà fait de plus de 20.000 personnes des sans-abri, selon les autorités locales.

Les eaux ont également dévasté des champs de poivrons et de riz, deux piliers de l’économie locale.

Au total, le Niger, un des Etats les plus pauvres du monde, abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabé) et déplacés internes, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU qui s’inquiète du manque de fonds pour couvrir tous les besoins.

Certains réfugiés et personnes déplacées vivent au milieu d’une population déjà très pauvre.

Une distribution d’aide tourne au drame au Niger, 20 morts

Une vingtaine de personnes ont été tuées et plusieurs blessées lundi dans une bousculade provoquée par une distribution de vivres et d’argent à des réfugiés et des personnes déplacées à Diffa, dans le sud-est du Niger.

« Malheureusement, il y a eu quinze femmes et cinq enfants qui sont décédées (…) dans ce drame regrettable », a déclaré à la télévision publique Issa Lémine, le gouverneur de Diffa, qui a rendu visite aux blessés admis dans des centres de soin de cette ville.

La bousculade a également fait une dizaine de blessés dont de nombreux enfants, selon la télévision.

Selon Issa Lémine, une première distribution « s’est bien terminée » dimanche à la Maison des jeunes et de la culture (MJC).

Ce lundi matin, une deuxième opération de ce type devait avoir lieu à « l’arène de lutte traditionnelle » qui « a été sécurisée pour la circonstance » mais les gens se sont plutôt dirigés vers le lieu de la distribution de la veille.

Donc, « très tôt, aux environs de 02H00 (01H00 GMT), les femmes se sont attroupées devant la MJC et à 06H00 (05H00 GMT) quand on a ouvert le portail, il y a eu un mouvement d’ensemble et beaucoup de personnes étaient tombées et ont été piétinées ».

« Nous avons un bilan provisoire de 20 morts, essentiellement des femmes et des enfants tués dans une bousculade pendant une opération de distribution de vivres et d’argent à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Diffa », la capitale régionale du sud-est du Niger, proche du Nigeria, avait auparavant expliqué un responsable médical.

Des sources humanitaires ont confirmé le nombre des morts et fait état d’une dizaine de blessés.

L’aide était offerte par Babagana Umara Zulum, le gouverneur de l’Etat nigérian de Borno (nord-est du Nigeria), qui est allé lundi visiter les sites de réfugiés nigériens ayant fui les attaques de Boko Haram et qui sont installés dans plusieurs zones de la région de Diffa depuis 2015.

Ce responsable avait déjà quitté Diffa avant la bousculade, a déclaré à l’AFP un officiel nigérien.

« On distribuait des vivres et de l’argent, à raison de 5.000 nairas (la monnaie nigériane – soit 15 euros) par personne. Il étaient des milliers, en majorité des réfugiés, qui avaient appris la nouvelle de la distribution et qui ont quitté leurs camps, situés parfois à une centaine de kilomètres pour venir à Diffa », a expliqué à l’AFP un habitant.

« Même de simples habitants de Diffa se sont rués pour espérer recevoir l’aide », a témoigné un autre.

« L’information sur la distribution s’était répandue dès les premières heures de la journée et des milliers de personnes ont envahi la cour et les environs de la MJC », a raconté à l’AFP un agent de la municipalité de Diffa qui se trouvait près des lieux du drame.

Du riz, de l’huile, des vêtements et de l’argent devaient être distribués aux réfugiés, a-t-il précisé.

– « Piétinés à mort » –

« Dès que les premières personnes ont reçu leur ration, la foule compacte a commencé à +bouillir+, les organisateurs ont été vite débordés : hommes, femmes, enfants ont commencé à se presser les uns contre les autres. Les plus faibles sont tombés par terre » et des enfants ont été « piétinés à mort », a affirmé cet agent.

« D’habitude, ce sont des représentants des bénéficiaires qui viennent chercher les aides à Diffa et repartent les redistribuer sur les sites, mais cette fois ce sont les réfugiés eux-mêmes qui ont décidé de parcourir des dizaines de kilomètres pour venir recevoir leur aide », a dit un élu local à l’AFP.

« Très vite, les secours sont arrivés pour évacuer les blessés vers différents centres de soin et pour acheminer les corps à la morgue de l’hôpital de Diffa » proche, selon un journaliste local.

La visite du gouverneur de Borno était la première d’un haut responsable civil nigérian dans la région de Diffa où il s’est rendu à Bosso, Garin-Wazan et Toummour, trois localités qui abritent plus de 100.000 réfugiés du Nigeria, sur un total de 300.000 dans toute la région.

En plus de l’insécurité liée aux attaques régulières de Boko Haram, Diffa est confrontée à de graves inondations provoquées par une crue de la Komadougou Yobé, la rivière qui sépare le Niger du Nigeria, qui ont déjà fait de plus de 20.000 personnes des sans-abri, selon les autorités locales.

Les eaux ont également dévasté des champs de poivrons et de riz, deux piliers de l’économie locale.

Au total, le Niger, un des Etats les plus pauvres du monde, abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabé) et déplacés internes, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU qui s’inquiète du manque de fonds pour couvrir tous les besoins.

Certains réfugiés et personnes déplacées vivent au milieu d’une population déjà très pauvre.

CHAN-2020: le Cameroun, pays-hôte, versé avec le Mali, le tenant marocain tire le Togo

Le Cameroun, pays-hôte en avril du Championnat d’Afrique des nations (CHAN-2020), a hérité d’un groupe où figure le Mali, selon le tirage effectué lundi à Yaoundé, tandis que le Maroc, tenant de ce trophée réservé aux joueurs évoluant sur le continent, affrontera le Togo.

Ainsi le Cameroun affrontera lors du match d’ouverture le Zimbabwe, mais il sera aussi opposé au Mali et au Burkina Faso dans le groupe A.

Outre le Togo, le groupe du Maroc est complété par le Rwanda et l’Ouganda.

La République démocratique du Congo (RDC) aura affaire à la Libye, au Congo et au Niger dans le groupe B. Et le groupe D sera composé de la Zambie, la Guinée, la Namibie et la Tanzanie.

La compétition, organisée du 4 au 25 avril dans trois villes du Cameroun (Yaoundé, Douala et Limbé), oppose seulement les footballeurs africains jouant dans leur championnat national sur le continent.

Elle doit servir de tour de chauffe avant la compétition reine du continent, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se jouera en 2021 au Cameroun, et fait figure de test de la capacité de Yaoundé à héberger une compétition internationale.

La Confédération africaine de football (CAF) avait retiré à ce pays, au dernier moment en novembre 2018, l’organisation de l’édition 2019 de la CAN, au profit de l’Egypte, en raison de retards dans les travaux d’infrastructures.

Alors que des doutes persistent sur la capacité du Cameroun a accueillir la CAN en 2021, le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a assuré que son pays organisera cette compétition. « C’est une certitude », a-t-il asséné lundi soir lors du tirage au sort à Yaoundé.

Outre les infrastructures, le Cameroun doit accueillir ces deux compétitions au moment où il est confronté à deux sanglants conflits. Dans le nord du pays, le groupe jihadiste Boko Haram multiplie depuis 2013 les attaques, tuant civils et militaires. Les assauts se sont intensifiés ces derniers mois.

Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les forces de sécurité et des groupes séparatistes anglophones s’affrontent depuis trois ans, prenant en tenaille les populations. Le conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et forcé 700.000 personnes à fuir leurs domiciles. Limbé, l’une des trois villes qui accueillent le CHAN-2020, est située dans la région du Sud-Ouest.

Les groupes du CHAN-2020:

Groupe A: Cameroun, Mali, Burkina Faso, Zimbabwe

Groupe B: Libye, RDC, Congo, Niger

Groupe C: Maroc, Rwanda, Togo, Ouganda

Groupe D: Zambie, Guinée, Namibie, Tanzanie

Municipales: Le choix d’Agnès Buzyn à Paris révèle les fragilités de la macronie

En choisissant Agnès Buzyn pour mener campagne à Paris, Emmanuel Macron improvise une solution d’urgence qui le prive d’un pilier du gouvernement, un choix révélateur des fragilités de la macronie, selon des analystes.

« Même s’il s’agit d’une personnalité appréciée, ce choix précipité démontre la fragilité du dispositif macronien. Cela ressemble à du rafistolage », commente auprès de l’AFP Jérôme Fourquet, le directeur Opinion et Stratégies de l’Ifop, en rappelant qu’encore vendredi, Agnès Buzyn affirmait ne pas vouloir être candidate.

« Alors que nous sommes en pleine épidémie de coronavirus et crise sociale dans les hôpitaux, la ministre quitte le navire en pleine tempête. Cela crée du scepticisme dans une partie de l’opinion, en particulier ceux qui sont concernés, comme les personnels hospitaliers », explique-t-il au sujet de la désormais ex-ministre de la Santé.

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on estime avoir fait le meilleur choix, capable de transformer une crise aiguë – le retrait de Benjamin Griveaux à la suite de la diffusion de vidéos intimes – en avantage.

« En quelques heures, nous avons compris que c’était la bonne candidate pour Paris », explique un proche du chef de l’Etat. « Pour preuve, la mobilisation fébrile du camp Hidalgo. Agnès Buzyn est le vrai remède à la maire sortante: ni sectaire, ni déconnectée », fait-il valoir.

« C’est maladroit. Cela témoigne d’un problème de vivier de La République en marche et même d’un certain désarroi de la majorité », juge au contraire le directeur de recherches au CNRS Luc Roban, interrogé par Ouest-France.

Le pouvoir a choisi pour remplacer Benjamin Griveaux « une personne sérieuse, solide, qui a le sens des responsabilités » mais « cela donne l’image d’une mesure prise en urgence pour des raisons politiques, alors que d’importants dossiers sont en attente », insiste-t-il.

– « Repli » –

Même scepticisme chez Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et Opinion d’Harris Interactive, qui décrit un président « acculé ». « Il n’avait déjà pas eu la main avec Cédric Villani. Puis plusieurs candidats potentiels pour Paris ont refusé. Il a dû nommer quelqu’un qui risque de montrer une méconnaissance des enjeux parisiens », avertit-il.

Sans oublier que l’ex-ministre peut être critiquée pour sa gestion du dossier des urgences, où le conflit social dure depuis 11 mois.

La candidature d’Agnès Buzyn illustre l’évolution récente de LREM, selon l’expert en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, qui y voit « le repli sur un petit cercle de fidèles avec un profil politique, la volonté de cibler en priorité l’électorat de droite ».

A cela s’ajoute l’impact sur l’opinion de la succession des départs du gouvernement, Agnès Buzyn était la 17e ministre à partir depuis le début du quinquennat, souligne Jérôme Fourquet.

« La liste des départs s’allonge furieusement, ce qui crée une instabilité », explique le politologue de l’Ifop, en citant les cas récents de Jean-Pierre Delevoye, écarté pour avoir gardé un mandat rémunéré en même temps que son poste de « Monsieur retraites » au gouvernement, et de François de Rugy, démissionnaire après la révélation de dîners fastueux à l’Assemblée.

L’affaire Griveaux « arrive après les affaires Benalla, Ferrand, de Rugy… à chaque fois, des personnalités politiques de la majorité sont mises en cause en raison d’un certain mode de vie, d’une certaine jouissance du pouvoir », renchérit Luc Rouban.

« Cela renvoie l’image d’une classe politique un peu cynique, un peu vulgaire, qui peut donner le sentiment de jouer avec la démocratie, de jouer sur tous les tableaux. Ce côté un peu +cour de Louis XVI+. C’est, je le crains, une machine à alimenter le populisme », selon lui.

« Les catégories populaires, particulièrement, sont assez exigeantes sur ces questions de morale, de discipline. Or les crises politiques se multiplient, et toujours un peu sur le même registre », conclut le politologue.

Afrique du Sud: mea culpa de l’ex-président de Klerk après avoir « nié » la gravité de l’apartheid

Le dernier président sud-africain de l’apartheid, Frederik de Klerk, a fait son mea culpa lundi, après avoir provoqué une vive polémique dans le pays en « niant » la gravité du système ségrégationniste tombé officiellement en 1994.

Début février, Frederik de Klerk, dernier président blanc de l’Afrique du Sud (1989-1994), « a nié que l’apartheid était un crime contre l’humanité », selon un communiqué de sa fondation.

Ces propos ont provoqué l’ire des parlementaires du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF), qui ont dénoncé la présence, le 13 février dans l’hémicycle, de M. de Klerk lors du discours annuel de la nation du chef de l’Etat Cyril Ramaphosa.

« Nous avons un meurtrier dans cette chambre », avait déclaré le leader de l’EFF, Julius Malema, avant de quitter le parlement en signe de protestation.

Le 14 février, Frederik de Klerk, 83 ans, a publié un communiqué pour dénoncer les « attaques au vitriol » de l’EFF et pour défendre sa position sur l’apartheid.

« L’idée que l’apartheid ait été un +crime contre l’humanité+ était et reste un projet de propagande initié par les Soviétiques et leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir depuis 1994) et du parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes », avait-il affirmé.

« Quelque 23.000 personnes sont mortes dans des violences politiques en Afrique du Sud entre 1960 et 1994 », avait-il souligné.

Ces propos ont déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

« Il est irresponsable (…) de débattre du degré d’horreur de l’apartheid », a souligné dimanche le très respecté Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. « En se demandant si l’apartheid était un crime contre l’humanité », l’ex-président de Klerk « a rouvert de vieilles plaies », a dénoncé l’ancien archevêque.

Pressé de toute part, l’ancien président a été contraint lundi « de retirer » ses propos et de « présenter ses excuses pour la confusion, la colère et les blessures » qu’il a causées.

« Je suis d’accord » avec Desmond Tutu qu’il « n’est pas temps de pinailler pour savoir à quel point l’apartheid était inacceptable. C’était totalement inacceptable », a-t-il souligné.

Frederik de Klerk, pur produit du régime de l’apartheid, en avait précipité la chute en libérant en 1990 Nelson Mandela, héros de la lutte contre ce régime et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993.

Foot: consternation au Portugal après les cris racistes envers Marega

Le monde du football et les dirigeants politiques portugais ont affiché lundi leur consternation et leur solidarité envers le joueur franco-malien du FC Porto Moussa Marega, qui a abandonné la veille la pelouse du Vitoria Guimaraes après avoir été victime de cris racistes.

« Moussa Marega a été la cible d’insultes racistes qui doivent être sévèrement punis », a réagi la Fédération portugaise de football, tandis que la Ligue s’est engagée à « tout faire pour que cet épisode de racisme ne reste pas impuni ».

« Nous devons tous exprimer notre solidarité envers lui et le refus total de ce type de comportement », a déclaré le Premier ministre Antonio Costa, alors que le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa a mis en garde contre les conséquences « dramatiques » du racisme et de la xénophobie.

La Fédération malienne de football (Femafoot) a elle aussi affirmé son « soutien total et sa solidarité » à l’international de 28 ans, disant dans un communiqué avoir « suivi avec consternation et indignation les actes racistes dont a fait l’objet l’attaquant des Aigles du Mali ».

L’association portugaise SOS Racisme a, elle, demandé que les auteurs des cris racistes soient « sévèrement punis » mais s’est inquiété d’un phénomène qu’elle juge « transversal à la société portugaise ».

– Enquête de police –

De son côté, l’ancien star du football néerlandais Ruud Gullit a estimé que les deux équipes auraient dû quitter le terrain: « Ses coéquipiers auraient dû le protéger, tout comme l’équipe adverse, en disant +On quitte le terrain+. C’est ce qui me déçoit le plus », a commenté Gullit à Berlin en marge des Laureus World Sports Awards.

La police portugaise a indiqué qu’elle étudiait les images de surveillance captées à l’intérieur du stade afin d’identifier les supporters ayant insulté le footballeur du FC Porto.

Dimanche, l’attaquant de 28 ans a décidé de quitter le terrain à la 71e minute d’un match du Championnat du Portugal. Après avoir signé le but de la victoire 2-1 de son équipe (60e), il l’a célébré avec un des sièges noirs du stade qui lui avait été lancé depuis les gradins, ce qui lui a valu un carton jaune.

Puis, excédé par les chants racistes et les cris de singe qu’il a entendus, il a décidé de quitter la pelouse 11 minutes plus tard. Certains de ses coéquipiers et des joueurs adverses ont tenté de l’en dissuader, mais le joueur est quand même retourné aux vestiaires quelques minutes plus tard, escorté par des membres de l’équipe technique de Porto.

– « Nous sommes Marega » –

Ancien joueur du Vitoria Guimaraes (2016-2017), l’attaquant international malien, né aux Ulis (banlieue de Paris), a pénétré dans le tunnel menant aux vestiaires en pointant ses deux pouces vers le bas en signe de désapprobation en direction des gradins du stade de Guimaraes, après avoir adressé des doigts d’honneur au public.

Le lendemain, la presse sportive évoquait l’incident en Une pour prendre sa défense de façon unanime: « Crime » (O Jogo), « Nous sommes Marega » (A Bola), « Marega 5 – Racisme 0 » (Record).

Le Vitoria Guimaraes a réagi dans un communiqué pour affirmer qu’il comptait « censurer toute manifestation de violence, racisme ou intolérance ».

Exception notable au tollé provoqué par cette affaire, le principal groupe de supporters du Guimaraes a usé de l’ironie pour « féliciter la machine médiatique qui n’a vu que du +racisme+ contre un joueur mais pas le +racisme+ de ce même joueur », dans un message publié sur son compte Facebook.

« S’il y a eu des attitudes racistes envers Marega ou si Marega a provoqué les supporters du Vitoria, il faut condamner les deux », a réagi pour sa part le seul député d’extrême droite siégeant au Parlement portugais, André Ventura.

Les Etats-Unis saluent la lutte contre la corruption de l’Angola

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a salué lundi à Luanda la lutte contre la corruption engagée par le président angolais Joao Lourenço, notamment contre la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos.

« En deux ans et demi au pouvoir, le président Lourenço a fait un travail formidable pour faire (de la corruption) un fantôme du passé », a déclaré Mike Pompeo lors d’une conférence de presse après s’être entretenu avec le président angolais.

Joao Lourenço « augmente la transparence, il aide les institutions financières à faire le ménage et poursuit » les coupables, a salué le secrétaire d’Etat américain en tournée en Afrique.

« Je suis optimiste dans le fait qu’il va continuer à libérer l’Angola de la corruption », a-t-il ajouté.

Depuis qu’il est président, Joao Lourenço, membre du parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Angola en 1975, a fait le ménage au sein des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays au nom de la lutte contre la corruption.

Plusieurs proches de son prédécesseur ont été directement visés.

La fille de l’ex-président, Isabel dos Santos, limogée de son poste de PDG du géant pétrolier public Sonangol, est accusée de fraude, détournement de fonds et blanchiment d’argent par la justice angolaise. Elle dénonce « une attaque politique ».

Son demi-frère, José Filomeno dos Santos, qui présidait le fonds souverain du pays, est lui jugé depuis décembre à Luanda pour détournements de fonds publics.

Pendant ses 38 ans au pouvoir (1979-2017), José Eduardo dos Santos a mis l’économie de son pays, un des plus pauvres du monde, en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

La corruption a « freiné pendant trop longtemps le vaste potentiel » de l’Angola, a encore estimé Mike Pompeo lundi.

« Nous sommes déterminés, nous faisons cela dans le monde entier, nous voulons que les transactions financières dans le monde soient transparentes », a-t-il ajouté, se disant prêt à « aider » l’Angola.

Ce pays d’Afrique australe figure au 146e rang sur 180 de l’indice de perception de la corruption de l’organisation Transparency International.

Le secrétaire d’Etat américain s’est également dit « encouragé » par les efforts du gouvernement angolais de privatiser 195 entreprises publiques, une décision qui « va grandement attirer des investissements privés ».

Il a en enfin remercié l’Angola qui a invité le président américain Donald Trump à se rendre dans le pays. « Il aimerait beaucoup venir ici », a déclaré Mike Pompeo, ajoutant cependant que « cette année était chargée car il s’agit d’une année électorale ».

Après trois ans d’administration Trump, Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal et l’Angola, il est attendu lundi soir en Ethiopie jusqu’à mercredi.

Villageois tués au Cameroun anglophone: « un malheureux accident » dit l’armée

L’armée a démenti lundi que des militaires aient tué 22 civils dont des enfants il y a trois jours en zone anglophone, assurant que le drame était le résultat d’un « malheureux accident » après des échanges de tir entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Cette version des militaires, qui ne parlent que de « cinq victimes » civiles, a immédiatement déclenché un tollé sur les réseaux sociaux.

Vendredi peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balles et brûlé des habitants.

Dimanche, un représentant de l’ONU dans la province, avait assuré à l’AFP que 22 civils, dont 14 enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés, avaient été tués par « des hommes armés ».

L’opposition, ainsi que de nombreuses personnalités d’ONG de défense des droits Humain avaient aussitôt accusé l’armée, certains internautes diffusant d’horribles photos d’enfants aux corps calciné ou mutilés. Ces photos n’ont pas pu être authentifiées par l’AFP.

L’armée a catégoriquement démenti lundi, plus de trois jours après le drame. « Il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région », a expliqué à l’AFP et dans un communiqué le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

– Explosion de carburant –

Selon lui, quatre militaires et deux gendarmes qui effectuaient une « reconnaissance nocturne à pied » près d’une habitation « transformée en camp fortifié » et en stock d’armes, ont essuyé des « tirs nourris ». « Sept terroristes » ont alors été mis « hors d’état de nuire » lors de cette opération, selon lui.

Mais « les combats vont se poursuivre jusqu’à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivie d’un violent incendie qui va affecter quelques habitations voisines », poursuit le colonel Atonfack, ajoutant: « Cet incendie a fait 5 victimes, dont une femme et 4 enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux ».

« Ils ont tiré sur les gens et brûlé des victimes, leurs corps sont dans un horrible état », a assuré, sous couvert de l’anonymat, un travailleur humanitaire qui a recueilli des témoignages.

« Les gens nous ont appelés au téléphone pour dire que des militaires sont venus et ont cassé les portes, tiré sur ceux qui se trouvaient sur place et brûlé des maison », a affirmé lundi à l’AFP Louis Panlanjo, habitant de Ntumbo et membre d’une ONG locale. Environ 800 villageois « ont quitté les lieux pour se réfugier dans le centre ville », a-t-il ajouté lundi.

D’autres sources évoquent un bilan mortel bien plus élevé: l’avocat et militant des droits de l’Homme Agbor Felix Nkongho, parle de 32 civils tués. Un habitant, qui a requis l’anonymat, affirme que 35 corps ont été retrouvés et accuse l’armée, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

– « Monstres » –

Largement critiqué pour son mutisme, Yaoundé est finalement sorti du silence trois jours après le drame. « Cela nous a pris tout le week-end pour enquêter, c’est pour cela que nous ne réagissons qu’aujourd’hui », a plaidé le colonel Atonfack auprès de l’AFP.

Mais pour plusieurs personnalités, la version de l’armée passe mal.  » Incroyable!!!!!!!!!! Mais qui sont ces monstres ?!?!? Qui sont-ils ?!?!? D’où sortent-ils ?!?! », s’est émue sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011. « Après avoir nié le massacre, voilà comment l’armée traite les vies humaines », a-t-elle encore tweeté.

Pour le célèbre blogueur camerounais Florian Ngimbis « le déroulé des opérations tel que relaté fait plus penser à un mauvais scénario de série Z « , écrit-il sur le réseau social, assénant: « Ce serait drôle si les circonstances n’étaient pas si dramatiques ».

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits Humains de commettre des exactions et des crimes contre des civils dans les deux régions anglophones.

Ces dernières semaines plus de 100 personnes avaient été enlevées dans la zone par des rebelles, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ce conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés en trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplée principalement par la minorité anglophone camerounaise.

Lundi, le procès de sept militaires accusés d’avoir froidement exécuté en 2015 dans le nord du pays deux femmes et leurs bébés, ajourné à de nombreuses reprises ces derniers mois, a repris à Yaoundé. Dans cette région, l’armée combat depuis 2014 le groupe jihadiste Boko Haram qui multiplie les attaques meurtrières.

A l’époque de ces assassinats, révélés par une vidéo, le gouvernement avait parlé de « fake news » et d' »horrible trucage », avant de se rétracter et arrêter les sept militaires.

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Au Mexique, des enfants cancéreux en sursis faute de médicaments

A cinq ans, la petite Dhana est en sursis et se bat sur deux fronts : la leucémie lymphoblastique aiguë qui la ronge et la pénurie de médicaments qui sévit au Mexique.

A cause de cette carence, la fréquence des chimiothérapies a ralenti.

Ce fut le cas à la clinique gouvernementale de son Chiapas natal, dans le sud du pays. Cela continue aujourd’hui à l’hôpital pour enfants « Federico Gomez », à Mexico, où elle a été admise.

Les médicaments sont venus à manquer en septembre et octobre 2018, puis en février 2019. A cela s’est ajouté la fermeture, en août 2019, de sept des 17 usines du plus important producteur et distributeur de méthotrexate au Mexique, un élément majeur des traitements administrés.

« Le nouveau gouvernement avait pourtant promis qu’il n’y aurait plus d’interruption des traitements », explique à l’AFP le père de Dhana, Israel Rivas. « Ce n’est pas le cas ».

Et la situation s’aggrave. « Il n’y a pas eu une seule chimiothérapie possible en janvier », ajoute-t-il d’une voix nouée par l’inquiétude.

Dhana n’est pas la seule. Des parents de jeunes cancéreux ont pris contact avec son père via les réseaux sociaux. Ensemble, ils dénoncent la pénurie de méthotrexate, de vincristine et d’autres médicaments pour traiter cette maladie à travers le pays.

« A Federico Gomez, il y a 530 enfants concernés, mais dans tout le Mexique, il y en a beaucoup plus », s’emporte M. Rivas.

Il fait état de messages de parents vivant à Tijuana (nord), Oaxaca (sud), Puebla (centre), Mérida (est), Guadalajara (ouest), Minatitlan (sud), Acapulco (sud).

Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 7.000 mineurs sont chaque année atteints de cancer.

S’ils bénéficient d’un traitement complet et rapide, le taux de survie peut dépasser 57,5% des cas.

– Le Cancer n’attend pas –

Mais pour Crisanto Flores, le père de Cristal, 3 ans et demi, le manque de médicaments est une option inconcevable.

De condition modeste, il a été contraint de déménager à Mexico afin que sa fille puisse y être soignée.

Et en janvier, il a traversé l’un des moments les plus critiques de la maladie de sa fille: le principal traitement nécessaire à la chimiothérapie de Cristal a manqué.

« Si la vincristine n’est pas disponible, la maladie va gagner du terrain », explique-t-il. La petite a déjà perdu l’usage d’un oeil.

Emmanuel Garcia, en Basse-Californie (nord), et Alejandro Barbosa, à Jalisco (ouest), vivent à près de 2.000 km l’un de l’autre.

Tous les deux se battent pour obtenir des médicaments.

« À Jalisco, il y a trois hôpitaux publics touchés par la pénurie de médicaments. Nous en achetons auprès de distributeurs certifiés par le gouvernement qui les convoient de l’étranger, ce qui est très coûteux », explique M. Barbosa de l’association « Nez rouge ».

Le prix de la vincristine a grimpé en flèche en raison de la pénurie. En moins d’un an, il est passé d’environ 440 (22 euros) à 2.220 pesos (110 euros).

Emmanuel Garcia a lui aussi rejoint le groupe des parents depuis décembre.

« Et qu’en est-il des autres dans le sud du Mexique ? », s’insurge-t-il.

-Une pénurie sans fin –

Pour se faire entendre, le 22 janvier, un groupe de parents d’enfants malades a bloqué l’accès à l’aéroport de Mexico.

Le lendemain, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a été contraint d’aborder le sujet, mais sans rien proposer.

« Nous ne manquerons jamais de médicaments », a-t-il promis sans plus de détails. Le gouvernement explique en partie la pénurie par le démantèlement de l’ancien système d’achats gouvernemental qui était rongé par la corruption. Ces personnes et les entreprises « volaient (l’Etat) depuis longtemps », a déclaré le chef de l’Etat.

Des manifestations réunissant quelques familles ont eu lieu ces derniers jours, mais sans grand écho.

A Merida, capitale du Yucatan (sud-est), Flor Gonzalez, mère d’un enfant cancéreux, Remi, vit dans l’attente.

« Les médecins appliquent des traitements incomplets », dit-elle en relatant le cas d’un enfant qui a rechuté en raison du recours à un médicament de substitution.

Au Mexique, plus de 26,4 millions d’enfants n’ont accès à aucun type de sécurité sociale.

Une « assurance populaire », en place depuis 2003 et annulée en 2020, était l’un des programmes permettant à ces enfants de se faire soigner.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

Japon: peine de mort requise au procès du tueur de 19 handicapés

La peine capitale a été requise lundi au tribunal de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, à l’encontre de Satoshi Uematsu, un Japonais de 30 ans jugé pour le meurtre de 19 handicapés résidents d’une maison spécialisée.

« Nous demandons la peine de mort », a déclaré un représentant du bureau des procureurs de Yokohama devant la cour.

Le verdict est attendu le 16 mars.

Bien que son avocat ait plaidé qu’il était sous l’emprise de stupéfiants, M. Uematsu n’a pas nié les faits et assuré avoir agi en étant pleinement responsable. Il avait été arrêté juste après son forfait commis le 26 juillet 2016.

En pleine nuit, alors que la plupart des occupants dormaient, il s’était introduit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.

Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s’était ensuite rendu dans un commissariat, ses couteaux ensanglantés avec lui, pour avouer son crime. Il est jugé pour six chefs d’inculpation au total.

La tuerie de Sagamihara, une des pires de l’histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible. L’opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux. Il n’a exprimé aucun remord.

Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu’il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l’ayant pas jugé dangereux.

La Belgique suspend la demande de remise à l’Espagne du Catalan Puigdemont

La Belgique ne livrera pas à l’Espagne les responsables indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Toni Comin avant que le Parlement européen se soit prononcé sur une demande de levée de l’immunité de ces deux eurodéputés, a tranché lundi la justice belge.

Joint par l’AFP, un des avocats des Catalans, Me Simon Bekaert, a confirmé la décision rendue par la chambre du conseil du tribunal néerlandophone de Bruxelles.

« Le juge a décidé de reporter sine die le traitement de la demande d’extradition (…), en attendant la décision du Parlement européen sur la demande de levée d’immunité », a déclaré l’avocat.

M. Puigdemont, ex-président de la région Catalogne, et M. Comin, un de ses anciens « ministres », avaient fui en Belgique fin octobre 2017 après une tentative de sécession.

Ils sont tous deux recherchés par la justice espagnole, qui les accuse notamment de « sédition » et a déjà émis plusieurs mandats d’arrêt européens pour obtenir leur remise par la Belgique.

Les derniers mandats d’arrêt en date remontent à l’automne 2019.

Le juge d’instruction belge ayant engagé la procédure avait décidé de la suspendre début janvier, en vertu de la qualité d’eurodéputé de MM. Puigdemont et Comin leur offrant une immunité.

Une décision que n’a fait que confirmer lundi la chambre du conseil, selon Me Bekaert. « Dans son raisonnement, le juge a dit qu’il était lié par la décision du mois de janvier », a expliqué l’avocat.

Quant à la demande de levée de l’immunité de MM. Puigdemont et Comin, formulée le mois dernier par un juge espagnol, le Parlement européen n’a pas encore tranché. La décision finale n’est pas attendue avant juin, selon des sources parlementaires.

Outre Carles Puigdemont et Toni Comin, d’autres responsables indépendantistes catalans ont été élus en mai 2019 au Parlement de Strasbourg.

L’un d’eux, Oriol Junqueras, ancien numéro deux du gouvernement catalan, emprisonné en Espagne, s’est vu retirer son mandat après sa condamnation à 13 ans de prison et d’inéligibilité par la justice espagnole.

Une autre, Clara Ponsati, qui s’est réfugiée en Ecosse, est également sous le coup d’une demande de levée de son immunité. La procédure a été engagée la semaine dernière par le Parlement européen.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Un chanteur dissident rwandais retrouvé mort dans sa cellule

Un célèbre chanteur rwandais dont la musique a été interdite par le pouvoir « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise, trois jours après avoir été arrêté pour avoir voulu quitter le pays.

Kizito Mihigo, qui a survécu au génocide au Rwanda et dont les chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame, a été retrouvé mort dans sa cellule vers 05H00 (02H00 GMT).

Mihigo, qui avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement avant d’être remis en liberté, a été arrêté pour avoir tenté de traverser la frontière sud du Rwanda, vers le Burundi.

Le porte-parole de la police John Bosco Kabera a déclaré que le chanteur avait reçu la visite de membres de sa famille et de son avocat durant sa détention. »Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son suicide », a-t-il dit.

Kizito Mihigo avait été accusé en 2014 d’avoir mobilisé des jeunes pour des mouvements rebelles en exil dont des membres sont accusés d’avoir activement participé au génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, essentiellement parmi les Tutsi, selon l’ONU.

Il s’est attiré les foudres du Front populaire rwandais (FPR au pouvoir) en 2013 après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994.

Sa musique, autrefois populaire auprès des élites dirigeantes, a été rapidement interdite. Deux ans plus tard, il a été accusé de terrorisme et de soutien à un mouvement politique d’opposition et condamné à 10 ans de prison.

Ses avocats avaient souligné l’absence de preuves contre leur client. Le chanteur a ensuite été libéré après une grâce présidentielle en septembre 2018.

Mihigo n’est pas la première personnalité critique envers le gouvernemenr à mourir de manière suspecte pendant une détention au Rwanda.

L’année dernière, un ancien directeur général du bureau de Kagame a été retrouvé mort dans une prison militaire après avoir été condamné à 10 ans pour corruption. En 2015, le médecin personnel de Kagame, Emmanuel Gasakure, a été abattu par la police alors qu’il était en détention.

Au pouvoir depuis 1994,Paul Kagame est accusé de diriger le pays d’une main de fer, de réprimer toutes les formes de dissidence et d’emprisonner ou d’exiler des politiciens de l’opposition.

Human Rights Watch a notamment accusé le régime de Kagame d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

Face au virus, Taïwan mise sur des mascottes et une communication apaisée

Des mascottes animées, de l’humour et des conseils de prévention appelant à ne pas porter systématiquement un masque: face au coronavirus, Taïwan rejette l’alarmisme et mise sur une communication apaisée — aux antipodes des slogans catastrophistes du frère ennemi chinois.

Taïwan a enregistré une vingtaine de cas de contamination au nouveau coronavirus et a fait état dimanche du premier mort imputé à l’épidémie sur l’île, un chauffeur de taxi âgé de 61 ans.

Pour autant, Taipei évite à tout prix le climat de panique qui règne en Chine communiste où plus de 1.700 décès ont été recensés.

Sur les réseaux sociaux, les autorités taïwanaises recourent à des images d’animaux mascottes pour désamorcer les fausses informations et répéter des conseils d’hygiène de base.

Le ministère de la Santé s’est choisi pour « porte-parole » un chien baptisé Zongchai. Un vrai carton: son nom a acquis une popularité fulgurante et ses consignes sont repostées des centaines de milliers de fois.

Parmi ses recommandations figure le conseil de ne pas porter systématiquement un masque si l’on n’est pas souffrant… étant donné la pénurie.

« Laissez les masques aux gens qui en ont besoin, lavez-vous fréquemment les mains au savon, évitez de vous toucher les yeux, le nez, la bouche », suggère-t-il.

A l’occasion de la Saint-Valentin, le canidé livre ses conseils pour les rendez-vous romantiques par ces temps de coronavirus –lavages de mains réguliers, rester sobre et sexe protégé. « Et si je suis célibataire? », s’interroge le post. Zongchai aboie gentiment: « Tu peux aussi rester à la maison! ».

– ‘Coin-coinrément exagéré’ –

Le ministère des Affaires étrangères décide d’interdire l’entrée aux voyageurs venus de Chine continentale? Un pigeon au bec recouvert d’un masque annonce la nouvelle politique: « Virus à l’extérieur, sécurité à l’intérieur ».

Et pour désamorcer les rumeurs de pénurie de cartons pour les repas à emporter, le ministère de l’Economie met en scène une oie et un jeu de mots: « c’est coin-coinrément exagéré ». Les « likes » s’accumulent.

Certes, l’épidémie à Taïwan est sans commune mesure avec son ampleur en Chine continentale, où au moins 70.500 personnes ont été contaminées et où les autorités imposent des mesures de confinement drastiques à des dizaines de millions d’habitants.

Néanmoins, les modes et le ton de la communication de Taïwan –une île dont Pékin revendique la souveraineté mais qui est de facto dirigée de manière indépendante par un gouvernement démocratique– contrastent fortement avec la ligne du régime communiste.

Messages anxiogènes, slogans alarmistes dans les rues et des citoyens paniqués calfeutrés chez eux… Pékin a lancé une vaste campagne en appelant au patriotisme et au sacrifice.

Dans des villes en quarantaine à l’épicentre de l’épidémie, des calicots indiquent que « se rendre visite, c’est s’entretetuer » ou « se réunir, c’est un suicide collectif ». Des instructions catastrophistes qui ont essaimé dans tout le pays.

– Restrictions sur les masques –

En raison de la doctrine de « la Chine unique » défendue par Pékin, Taïwan est exclu de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’île n’en a pas moins réagi promptement au moment où l’épidémie gagnait en ampleur de l’autre côté du détroit, en restreignant puis interdisant l’entrée aux visiteurs du continent.

Taïwan a dû également faire face brièvement à des achats panique de masques, face à des stocks limités.

Réponse pragmatique des autorités: sauf exception, on ne peut acheter que deux masques par semaine en utilisant sa carte d’assurance maladie.

Dans le même temps, Taipei restreignait à 250 le nombre de masques qu’une personne peut exporter. Les douanes ont intercepté la semaine dernière un navire tentant de sortir… 71.000 masques.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la première centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont annoncé lundi avoir donné leur feu vert à l’exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, mais sans préciser la date de sa mise en service, déjà longtemps retardée.

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé l’octroi à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré le représentant permanent des Emirats à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi.

Sa mise en route aura lieu dans un « futur proche » a-t-il ajouté.

Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site internet de l’entreprise.

« C’est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l’énergie nucléaire pacifique », s’est réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed al-Nahyane, prince héritier d’Abou Dhabi.

« Nos efforts continuent pour nous préparer aux 50 prochaines années et assurer les besoins énergétiques du pays », a ajouté l’homme fort des Emirats arabes unis.

L’installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d’après les responsables, aux conditions légales de sécurité.

– 25% des besoins –

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…)qui vient couronner les efforts de 12 ans de construction », s’est également félicité M. Alkaabi durant la conférence de presse.

« Après l’octroi de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a-t-il précisé.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25% des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

L’Etat fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80% d’expatriés.

Les besoins en électricité sont croissants, en raison notamment de l’utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires.

ENEC, une entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2020.

– Programme « pacifique » –

Les responsables émiratis insistent sur le caractère « pacifique » de leur programme nucléaire et assurent qu’il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a souligné Hamad Alkaabi.

Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de l’Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.

De son côté, le Qatar, émirat voisin, dit voir dans Barakah une « menace pour la paix régionale ».

Interrogé par l’AFP sur le fait que ce projet peut exacerber les tensions dans la région, M. Alkaabi, s’est voulu rassurant.

«  »Je dis aux critiques que si vous avez des questions, vous pouvez nous les poser, nous serons heureux d’y répondre (…) et les Emirats font partie de nombreuses conventions, dont celle sur la sécurité nucléaire », a-t-il souligné.

Il a ajouté que le feu vert donné au fonctionnement du réacteur a résulté d’un processus d’évaluation de cinq ans qui a porté sur « la conception du réacteur en termes de sûreté mais aussi de sécurité, y compris les mesures associées à l’urgence ».

Comme plusieurs de ses alliés, dont l’Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n’entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.

Abou Dhabi, comme Ryad, entretient aussi des liens tendus avec Téhéran.

La centrale nucléaire est située sur la côte nord-ouest du pays et n’est donc séparée de l’Iran, en face, que par les eaux du Golfe.

Grand allié des Emirats, les Etats-Unis mènent une politique de « pression maximale » contre la République islamique, accusée depuis plusieurs mois de semer le trouble dans la région, en attaquant notamment des pétroliers dans les eaux du Golfe.

Ryad et Washington ont également accusé l’Iran, qui dément, d’être à l’origine de l’attaque de septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco.

Une spécialiste du Golfe requérant l’anonymat a indiqué que « l’intensification des tensions régionales augmente la vulnérabilité des nouvelles infrastructures énergétiques » face au risque de telles attaques.

Allemagne: la course à l’après-Merkel est lancée

La course à la succession d’Angela Merkel en Allemagne s’ouvre cette semaine au sein de son parti conservateur, qui voit les prétendants prendre leurs distances avec la dirigeante et plonger sa fin de règne dans l’incertitude.

En jetant l’éponge lundi dernier après une année tumultueuse à la tête de la CDU, la dauphine désignée jusque-là de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », a balayé la perspective d’un passage de témoin paisible fin 2021, échéance du quatrième mandat de Mme Merkel.

« Le problème avec les géants, c’est qu’ils doivent finir comme des géants. Une transition ordonnée n’est pas possible avec eux (…). Les tout-puissants doivent être renversés », a prophétisé lundi le quotidien Bild.

Le journal populaire rappelle d’ailleurs qu’Angela Merkel a elle-même précipité en 1999 la chute d’un autre mastodonte, son mentor Helmut Kohl, évincé de la tête de la CDU à la suite d’un scandale politico-financier.

AKK, qui entend passer la main d’ici l’été, doit s’entretenir cette semaine avec les candidats pour lui succéder à la direction du parti conservateur, avant de présenter son rapport aux responsables chrétiens-démocrates lundi 24 février.

Elle doit en particulier rencontrer mardi Friedrich Merz, 64 ans, rival historique et ennemi juré de la chancelière, crédité par les sondages d’une large majorité dans les rangs conservateurs, selon l’agence DPA.

– Merkel attaquée sur l’Europe –

« L’éternel second », selon le Spiegel, tient-il enfin sa revanche ?

Partisan d’un net virage à droite, cet avocat d’affaires passé par Blackrock, un puissant fonds d’investissement américain, avait été battu d’un cheveu par Mme Kramp-Karrenbauer fin 2018 pour la tête du parti.

Parmi les favoris figure aussi Armin Laschet, 58 ans, actuel chef du plus grand Etat régional allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Centriste, il doit convaincre la base conservatrice, mais paraît mieux placé que Friedrich Merz pour nouer avec les Verts, en plein essor, une coalition inédite au niveau fédéral.

Pas question pour lui, pourtant, de jouer de sa proximité politique avec Angela Merkel: il s’est démarqué de la chancelière dès dimanche, déplorant son manque de réactivité face aux propositions d’Emmanuel Macron pour relancer le projet européen.

Enfin, l’ambitieux ministre de la Santé Jens Spahn, 39 ans, part en outsider, lui qui s’était distingué fin 2015 en étant l’un des premiers à critiquer la décision de la dirigeante d’ouvrir les frontières allemandes à plus d’un million de personnes fuyant la guerre et la misère.

Moins bien placé que ses concurrents, M. Spahn s’est montré ouvert à une direction « collective », piste évoquée ce week-end par plusieurs responsables soucieux de ne pas diviser le parti, et qui repousserait de fait le moment de désigner un candidat à la chancellerie.

– Positionnement vis à vis de l’AfD –

Le « premier point » à clarifier sera le positionnement vis-à-vis du parti d’extrême droite AfD, a insisté dimanche soir lors d’une émission télévisée Markus Söder, patron du « parti-frère » de la CDU en Bavière, la CSU.

Lui-même présenté comme un prétendant à la chancellerie, M. Söder exclut tout rapprochement avec l’AfD, après le séisme déclenché début février par une alliance dans la région de Thuringe entre droite modérée et extrême droite.

Brisant un tabou dans l’Allemagne d’après-guerre, le sujet divise la CDU, puisque la fuite d’une partie de ses électeurs vers l’extrême droite compromet sa capacité à gouverner.

Crédité d’environ 40% des intentions de vote en 2015, l’attelage avec la CSU n’attire plus que 26% des sondés, selon le baromètre DeutschlandTrend de jeudi dernier.

Mais la réponse à l’AfD, complexe tant le parti surfe à la fois sur un discours anti-migrants et sur un sentiment anti-élites et anti-européen particulièrement prégnant à l’Est, est loin d’être le seul chantier.

Le départ d’Angela Merkel, qu’il ait lieu fin 2021 ou à la faveur d’élections anticipés, coïncide en effet avec la fin d’une période économique dorée: à ses successeurs de préparer l’avenir d’une Allemagne vieillissante, réticente à utiliser ses excédents publics pour investir.

Le pays devra par ailleurs accélérer sa transformation industrielle face au changement climatique, un défi particulièrement épineux pour son secteur automobile.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la 1ère centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont donné leur feu vert à la mise en exploitation de leur centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, a annoncé lundi le représentant permanent de ce pays pétrolier du Golfe à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré Hamad Alkaabi lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi, ajoutant que sa mise en route aura lieu dans un « futur proche ».

Nawah Energy Company, fondé en 2016, exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site de l’entreprise.

La centrale a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire aux conditions légales de sécurité.

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…) couronnant ainsi les efforts de 12 ans de construction (…) de ce programme nucléaire pacifique pour répondre aux besoins énergétiques futurs du pays », s’est félicité M. Alkaabi.

« Après la délivrance de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a précisé M. Alkaabi.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a insisté le diplomate.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25 % des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

« Sans mon vote »: à Téhéran, des habitants désabusés veulent boycotter les législatives

« Pas question d’aller voter! ». Comme Pari, nombre d’Iraniens confient vouloir s’abstenir aux législatives de vendredi, pour exprimer leur manque de confiance envers les autorités et leur lassitude face à des difficultés économiques aggravées par les sanctions américaines.

« C’est difficile pour tout le monde aujourd’hui en Iran et on n’en peut plus… on veut envoyer un message aux autorités », lance avec force cette habitante de Téhéran âgée de 62 ans, sous le regard approbateur de sa fille Kiana, 30 ans, une psychologue qui elle aussi entend déserter les urnes.

Près de deux ans après l’annonce par Washington du rétablissement de sanctions économiques, l’espoir de bénéficier de retombées de l’accord nucléaire de 2015 négocié par l’administration du président Hassan Rohani s’est évaporé et le pays s’enfonce dans la récession.

« Il n’y a pas de travail, pas d’avenir », lâche Kiana, les cheveux noir de jais s’échappant d’un foulard, rencontrée avec sa mère dans un quartier commerçant huppé du nord de la capitale.

Même ici, les inégalités sont criantes: d’élégantes femmes au volant de 4×4 côtoient des vendeurs de rue couverts de crasse, leurs marchandises à même le sol.

Un enfant, cireur de chaussures, assis sur le bord d’un trottoir glacial, est ignoré par des livreurs à moto de « Snapp food » (l’équivalent local d’Uber Eats) luttant contre les embouteillages pour apporter leur déjeuner à des concitoyens plus fortunés.

Autant que leur incapacité à relancer l’économie du pays et à « tenir leurs promesses », Kiana reproche aux dirigeants leur « manque d’honnêteté », rappelant notamment que les autorités ont mis trois jours à reconnaître que c’est un tir iranien qui a abattu, « par erreur », un avion de ligne ukrainien début janvier.

Réélu en 2017, le président Hassan Rohani, un conservateur modéré, avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens bénéficieraient de sa politique de rapprochement avec l’Occident.

– Vies rétrécies –

Mais les Téhéranais confient leur sentiment d’une vie rétrécie par l’inflation et la violente récession économique qui a suivi le rétablissement des sanctions américaines en 2018. Pour Pari, le « gouvernement aurait dû mieux gérer l’impact (de ces) sanctions ».

Plus au sud dans la ville, au bazar de Téhéran, Amir Mohtasham, 38 ans, au chômage depuis deux ans, estime ne pas en savoir assez sur le programme des candidats, pour la plupart issus du camp conservateur ou ultra-conservateur. « Si personne ne présente ses projets ou son programme, pourquoi est-ce que je devrais prendre part au vote? ».

« Ces élections sont vaines (…) je ne fais confiance ni aux conservateurs, ni aux réformateurs. Ils installent juste des urnes et ils veulent que les gens votent ! », critique-t-il.

A quelques mètres, Mohammad, un marchand de tapis âgé de 30 ans, est beaucoup plus fortuné mais son avis est similaire: « on a voté pour Rohani avec un rêve, mais on n’a rien accompli… il y a trop de mensonges ». « Si voter c’est légitimer, alors ce sera sans mon vote », assène-t-il.

D’autres habitants, issus des milieux conservateurs ou religieux, se disent décidés à participer. « J’irai voter bien sûr, mais je ne sais pas pour qui », déclare Hassan Ghole, 55 ans, un autre vendeur du bazar.

« Nos députés font ce qu’ils peuvent », juge-t-il, espérant que les futurs élus travailleront « à régler les problèmes de la jeunesse ».

– « Mécontentement » –

Dans le quartier défavorisé de Nazi Abad (sud), Mme Shahverdi, femme au foyer de 38 ans, dissimulée sous un tchador, explique qu’elle ira voter, par devoir.

« Du point de vue de notre religion, il est important d’aller voter, surtout que notre pays est encerclé par les ennemis; et si nous avons la foi en l’existence, alors notre économie se portera bien », lance-t-elle.

Mais dans ce même quartier, des jeunes n’hésitent pas à évoquer leur soif de plus de libertés. « Je n’accepte pas ce système et je n’irai pas voter », lance Kamran Baluchzadeh. A 20 ans, « je ne peux même pas être insouciant », déplore-t-il, évoquant les dépenses auxquelles il n’arrive pas à faire face et son inquiétude de ne pas pouvoir se marier.

Sacs de tissus et téléphone à la main, Pari Aghazadeh, 27 ans, qui travaille dans la mode, ne passe pas inaperçue dans le quartier avec sa silhouette filiforme, son nez refait, ses faux ongles et ses lèvres ultra maquillées.

Son avis aussi est tranché. « Je ne veux pas voter (…) parce que ça ne changera rien à nos problèmes », dit-elle, accusant le gouvernement de mauvaise gouvernance.

« Et aussi parce que ce gouvernement, ce système, s’en fichent des femmes. On n’a pas de libertés », lance-t-elle. En boycottant le scrutin, « on peut montrer notre mécontentement ».

Virus: les Américains quittent le navire contaminé, le bilan grimpe en Chine

Les Etats-Unis ont donné lundi le signal de l’évacuation des étrangers du paquebot contaminé par le coronavirus au large du Japon, pendant que le bilan de l’épidémie continuait à grimper en Chine.

L’épidémie de Covid-19 a encore tué 105 personnes au cours des dernières 24 heures en Chine continentale, portant le total dans le pays à 1.770 morts depuis l’apparition de la pneumonie virale en décembre à Wuhan (centre), ont annoncé lundi les autorités chinoises.

Hors de Chine continentale, cinq décès ont été enregistrés (un aux Philippines, un à Hong Kong, un au Japon, un en France et un à Taïwan annoncé dimanche) portant au total à 1.775 le nombre de personnes ayant succombé au virus dans le monde entier.

Le nombre de contaminations s’élève à au moins 70.500 cas en Chine continentale et près de 800 signalés dans une trentaine d’autres pays ou territoires.

Le principal foyer de contamination reste le paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine avec 3.711 personnes à bord début février au port de Yokohama, près de Tokyo.

Pas moins de 355 personnes à bord ont été contaminées, alors même que les passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant 14 jours. Mais faute de moyens de dépistage suffisants, seuls 1.219 passagers ont pu subir des analyses de détection du virus.

Les Etats-Unis ont évacué du navire quelque 300 de leurs ressortissants et leurs familles avec deux avions, dont le premier a atterri en Californie dans la nuit de dimanche à lundi (07H29 GMT) alors qu’un deuxième était attendu au Texas. Les rapatriés devront observer une quarantaine de 14 jours, la durée maximale supposée de l’incubation.

Quatorze cas positifs –des personnes dont les résultats de tests sont parvenues en cours d’opération– figurent parmi les quelque 300 Américains évacués, a annoncé le département d’Etat. Ces personnes ont été isolées des autres passagers dans l’avion.

Parallèlement, au moins 40 Américains infectés à bord sont hospitalisés au Japon, selon Washington. Quelque 350 passagers américains se trouvaient à bord du navire mais tous n’ont pas accepté de partir.

– Anniversaire annulé –

D’autres gouvernements, dont l’Australie et l’Italie, ont annoncé vouloir évacuer leurs citoyens. Hong Kong a aussi dit vouloir rapatrier les siens – 330 ressortissants – « le plus tôt possible ». Ottawa a pris une initiative similaire pour environ 250 Canadiens.

Après Singapour, le Japon est le pays le plus touché par l’épidémie en dehors de la Chine. En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont répertorié 60 porteurs du coronavirus dans différentes régions du pays.

Le ministre de la Santé, Katsunobu Kato, a averti dimanche que le Japon entrait dans une « nouvelle phase » de l’infection virale, le pays constatant de jour en jour des cas supplémentaires parmi des personnes ne s’étant pas rendues en Chine et n’ayant pas eu de contact avec des visiteurs en provenance de Chine.

Il a appelé à éviter les rassemblements et les endroits bondés. En conséquence, les célébrations de l’anniversaire de l’empereur, qui attirent chaque année des milliers de personnes dans le centre de Tokyo, ont été annulées.

Ailleurs, l’inquiétude monte en ce qui concerne les plus de 2.200 passagers et membres d’équipage d’un autre paquebot, le Westerdam, qui ont débarqué vendredi au Cambodge après avoir fait l’objet d’examens médicaux concluants.

Une ex-passagère américaine a été stoppée en Malaisie pendant le week-end et confirmée comme étant porteuse du virus, alors que les autres personnes qui se trouvaient à bord sont désormais éparpillées dans le monde entier.

A Pékin, des experts internationaux dépêchés par l’OMS ont commencé à discuter avec leurs homologues chinois, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé dimanche soir. Le programme de leur visite n’était pas connu.

– Report envisagé pour le Parlement chinois –

Le nombre quotidien de nouveaux décès en Chine a confirmé un tassement depuis trois jours: 105 lundi contre 142 dimanche et 143 samedi.

En ce qui concerne les contaminations, le bilan quotidien augmentait modérément avec 2.048 cas répertoriés dans la journée de dimanche contre 2.009 la veille.

Le Parlement chinois envisage un report de sa session plénière, la grand-messe annuelle du régime communiste, a annoncé l’agence Chine nouvelle. Cette session de dix jours aurait dû s’ouvrir le 5 mars.

En visite au Pakistan, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit confiant que « l’effort gigantesque » consenti par la Chine « permettra le recul progressif de la maladie ».

L’épidémie pourrait avoir un effet négatif sur la croissance mondiale en 2020, a prévenu dimanche la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, évoquant une perte de 0,1 à 0,2 point de pourcentage.

burs-bar/uh/lch

Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée

Deux ministres novices, une batterie de rapporteurs, la majorité et son aile gauche parfois remuante, face à des opposants ultra déterminés: coup de projecteur sur les acteurs de la grande explication sur les retraites à l’Assemblée.

Le baptême du feu de Véran et Pietraszewski

Deux ministres novices ont la lourde tâche de porter la réforme la plus difficile du quinquennat à peine arrivés dans leurs fonctions.

Le secrétaire d’Etat aux retraites et ex-député du Nord Laurent Pietraszewski est en poste depuis fin décembre, après le départ de l’ancien haut commissaire Jean-Paul Delevoye. Et le député Olivier Véran vient d’être nommé ministre de la Santé dimanche soir, en remplacement d’Agnès Buzyn, candidate LREM à Paris.

Réputé bon connaisseur des questions sociales, Laurent Pietraszewski s’était fait connaître dès le début de la législature en tant que rapporteur de la réforme controversée du Code du travail.

Auparavant, le secrétaire d’Etat de 53 ans au crâne dégarni, parfois adepte du jargon managérial et des boutades, a fait carrière chez Auchan, notamment dans les ressources humaines.

En commission spéciale retraites, « Pietra » comme le surnomment les marcheurs, a d’abord été critiqué par l’opposition pour son « mutisme », avant de prendre plus d’assurance au fil des débats.

Olivier Véran, neurologue, est lui propulsé ministre de la santé à 39 ans, un poste que l’ancien socialiste convoitait depuis plusieurs années y compris sous le précédent quinquennat.

L’ex-député LREM de l’Isère était jusqu’à présent rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée et rapporteur du volet organique de la réforme des retraites.

Gage de l’aile gauche, il connaît bien le sujet retraites et goûtait volontiers jusqu’ici aux formules chocs et aux piques contre les oppositions.

Un « marcheur » ex-PS chef d’équipe

Chez les députés, le texte est porté par une batterie de rapporteurs, avec l’élu LREM et ex-PS Guillaume Gouffier-Cha en chef d’équipe.

Ancien conseiller de Jean-Yves Le Drian à la Défense lors du quinquennat Hollande, M. Gouffier-Cha a été choisi pour sa « loyauté » et parce qu’il est un « habile négociateur », selon une source parlementaire. Il a été relativement discret en commission.

Sur le volet ordinaire, le co-rapporteur MoDem Nicolas Turquois s’est retrouvé en première ligne en commission, entre remarques ironiques sur l’obstruction des insoumis ou argumentaire sur les agriculteurs, sa profession d’origine.

Autres rapporteurs, Jacques Maire, fils de l’ancien dirigeant de la CFDT Edmond Maire, ainsi que Corinne Vignon et Carole Grandjean (LREM) étaient des « ambassadeurs » retraites pour le groupe politique LREM. Le député Agir Paul Christophe complète le casting.

Des meneurs dans les oppositions

Pour cette bataille cruciale, tous les groupes ont mobilisé leurs troupes.

Le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon fait tout pour endosser le rôle de premier opposant à cette réforme. Il a assumé l' »obstruction » et prévenu que ça va « chauffer tout le long ». Clémentine Autain ou Adrien Quatennens ont multiplié les interventions en commission pour rejeter en bloc le projet de loi.

Chez les communistes, outre le chef du groupe André Chassaigne, ce sont surtout Pierre Dharréville et Sébastien Jumel, deux élus aux formules chocs, qui sont à la manoeuvre.

Le PS, lui, s’en remet à sa chef de file Valérie Rabault et au porte-parole du parti Boris Vallaud. L’ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, aux formules ciselées, n’a de cesse de fustiger « l’amateurisme » du gouvernement.

Côté LR, le président de groupe Damien Abad martèle à l’Assemblée que son parti veut incarner une « troisième voie ». Le président de la commission des finances et ex-ministre du budget Eric Woerth intervient aussi régulièrement sur « l’absence » du volet financement dans le projet de loi.

Au RN, Sébastien Chenu n’est pratiquement pas venu à la commission spéciale dont il était membre, ce qui lui a valu des sarcasmes de LFI. « Nous défendrons nos amendements comme nous le faisons à chaque fois, en plénière », avait répliqué à distance Marine Le Pen.

Chez les « marcheurs », outre le gros des troupes, une aile gauche parfois remuante – avec notamment Martine Wonner ou Jean-François Cesarini – a bien l’intention de se faire entendre sur la pénibilité. Ou pour proposer des alternatives à l’âge pivot de 64 ans.

En Ouganda, les victimes d’attaques à l’acide réclament justice

Linette Kirungi se rendait à l’université un matin de 2012 quand elle a entendu des pas accélérer dans son dos. En faisant volte-face, cette Ougandaise a senti le liquide éclabousser sa figure et l’acide ronger sa chair.

« J’ai crié et je suis tombée pendant que l’agresseur prenait la fuite. La douleur était trop forte. La peau se détachait », raconte à l’AFP la jeune femme, désormais âgée de 27 ans.

Elle a découvert plus tard l’identité de son agresseur. Les jours précédant cette attaque à l’acide, son ex-petit ami l’avait harcelée, exigeant des explications sur son refus de l’épouser. Le matin même, il avait appelé pour savoir à quelle heure elle allait en cours.

L’acide est à la fois bon marché et facilement accessible en Ouganda. Certains utilisent même celui contenu dans des batteries de voiture.

En 2018, 42 attaques ont été répertoriées en Ouganda selon l’ONG locale Mettre fin à la violence à l’acide. Les mobiles sont principalement la jalousie, les ruptures de mariage, les différends relationnels ou les conflits au travail.

De nombreuses attaques ne seraient pas rapportées et les victimes se battent pour que le gouvernement durcisse la législation en la matière et qualifie ces attaques de « crime grave ».

Ephraim Kamuntu, le ministre ougandais de la Justice, affirme à l’AFP que le gouvernement travaille sur un projet de loi.

« Le gouvernement a pris note du grave danger de l’acide et de son usage abusif par des criminels. Nous travaillons avec d’autres acteurs, dont des survivants à l’acide, pour nous assurer de la mise en place d’une nouvelle loi contre ce crime », dit-il.

A l’heure actuelle, peu de victimes signalent ces agressions à la police, et quand elles le font, les arrestations mènent rarement à des condamnations.

Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise, ne se rappelle qu’une seule affaire s’étant soldée par une peine de prison, en 2017.

« Le défi, c’est que les victimes d’attaques à l’acide, et même leurs proches, signalent les cas mais après, (…) n’assurent pas de suivi pour aider la police à conclure les enquêtes », assure-t-il.

Mais Linette Kirungi, dont l’ex-petit ami n’a jamais été arrêté, déplore de son côté un manque de compréhension de la part de la police.

« Vous signalez le cas à la police, et ils s’attendent à ce que vous veniez au poste alors que vous êtes aux soins intensifs. A certains moments vous ne savez même pas ce qu’il se passe. Vous êtes sous assistance respiratoire… » précise-t-elle.

« Et si vous ne vous présentez pas (au poste de police), ils classent l’affaire ».

Cameroun anglophone: 22 villageois dont 14 enfants tués, selon l’ONU

Des hommes armés ont tué vendredi 22 civils, dont 14 enfants et des femmes, dans un village d’une province peuplée par la minorité anglophone dans le nord-ouest du Cameroun, a annoncé dimanche l’ONU à l’AFP.

L’opposition et des ONG locales ont accusé le gouvernement et les militaires, qui combattent depuis trois ans des groupes armés sécessionnistes anglophones, d’être responsables de cette tuerie, ce qui a été démenti auprès de l’AFP par un porte-parole militaire.

« Les éléments de preuve indiquent que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants », a assuré par téléphone à l’AFP James Nunan, le chef du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. « Il y a eu au moins 22 morts, parmi eux 14 enfants, dont 11 filles et neuf âgés de moins de 5 ans, une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés », a ajouté M. Nunan.

Le drame s’est déroulé vendredi aux environs de 14H00 dans le village de Ntumbo, a précisé M. Nunan, dont l’équipe a recueilli « de nombreux témoignages » permettant d’établir ce bilan.

-3.000 morts en trois ans-

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont le théâtre, depuis trois ans, de combats meurtriers entre militaires et séparatistes armés. Ces affrontements, ainsi que les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG internationales, ont fait plus de 3.000 morts et contraint plus de 700.000 personnes à fuir leurs domiciles.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, l’un des deux principaux partis d’opposition, a « condamné le massacre » de femmes et d’enfants, dans un communiqué. « Le régime dictatorial » et « le chef suprême des forces de sécurité et de défense sont les premiers responsables de ces crimes », poursuit le parti.

Le MRC est le parti de Maurice Kamto, arrivé second à la présidentielle de 2018 derrière Paul Biya, l’inamovible chef de l’Etat, 86 ans dont 37 au pouvoir.

Sur sa page Facebook, l’avocat Félix Agbor Mballa, président du Centre pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique (CHRDA), a condamné « l’horrible meurtre » de « femmes et d’enfants (…) par les forces de défense de l’Etat ».

« Tous les témoignages accusent l’armée », lance aussi sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011.

« Faux » a simplement rétorqué à l’AFP dans la matinée de dimanche un responsable de la communication de l’armée. L’AFP a sollicité des responsables du gouvernement pour une réaction, en vain pour l’heure.

-Enlèvements-

Ce nouveau drame touchant la minorité anglophone dans cette ancienne colonie française majoritairement francophone, est survenu près d’une semaine après les élections législatives et municipales qui ont connu une faible participation selon l’Union africaine (UA), en particulier dans les deux provinces anglophones.

Là, les groupes armés séparatistes avaient interdit aux gens d’aller aux urnes et promis des représailles à ceux qui s’y risqueraient. Et Yaoundé avait dépêché d’importants renforts militaires.

Plus de 100 personnes avaient été enlevées dans les deux régions par des rebelles dans les deux semaines qui ont précédé les élections, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ni les résultats officiels de ces scrutin, ni même le taux de participation, n’ont été rendus publics par le gouvernement à ce jour.