Arnaque Mobile Money au Bénin : Trois policiers condamnés, douze personnes relâchées

La saga de l’arnaque d’opérateur Mobile Money qui a éclaté en mai 2023 au Bénin a trouvé son dénouement lors de l’audience historique de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le lundi 18 décembre 2023. Six personnes ont été condamnées, dont le cerveau présumé déjà derrière les barreaux pour escroquerie.

La Cour a réservé sa plus sévère condamnation au principal accusé, le condamnant à une peine d’emprisonnement ferme de dix ans et à une amende de cinq millions de francs CFA. Déjà en détention pour des méfaits similaires, il avait orchestré une arnaque sophistiquée depuis l’intérieur de sa cellule de la prison de Missérété.

Un policier complice, ayant facilité l’acquisition d’un véhicule Range Rover par l’escroc détenu, a écopé également de la peine de  10 ans  d’emprisonnement ferme et d’une amende cinq millions de francs CFA . Deux autres policiers ont été condamnés à cinq ans de prison ferme et à une amende de deux millions pour ce que la Cour a qualifié d' »abus de fonctions ».

L’intrigue de cette affaire complexe a également impliqué un prisonnier et un complice externe, tous deux déclarés coupables de complicité d’escroquerie sur internet. La sentence pour eux : sept ans de prison ferme et une amende d’un million.

Cependant, douze autres accusés, dont six policiers, la sœur et la femme du principal prévenu, ainsi que des agents du Centre hospitalier départemental de Porto-Novo, ont été totalement relaxés.

L’affaire révèle un modus operandi sophistiqué, où le présumé coupable ciblait délibérément des victimes peu familières avec les mesures de sécurité, en particulier celles résidant en dehors des grandes agglomérations. Les complices collectaient les numéros de téléphone des victimes, réalisant ensuite des transactions frauduleuses dans les boutiques des opérateurs mobiles pour détourner des fonds.

Le prévenu utilisait une ruse bien élaborée en se faisant passer pour un agent des réseaux GSM, incitant les opérateurs à valider un code prétendument nécessaire pour une mise à jour. Le résultat : près de 70 opérateurs victimes, des pertes financières s’élevant à plusieurs millions de francs CFA, et un achat de véhicule de luxe grâce à la complicité d’un policier chargé de la surveillance en prison.

Au-delà des condamnations, cette affaire soulève des interrogations sur la sécurité des transactions financières mobiles, mettant en lumière la nécessité urgente de renforcer les mesures de protection dans ce secteur en constante évolution. La cybercriminalité, même derrière les barreaux, impose un défi considérable aux autorités, soulignant l’impératif de rester en avance sur les tactiques sophistiquées des criminels.