CEDEAO : le Centre régional jeunesse‑sports s’installe au Liberia

Abuja (Nigeria), 11 décembre 2025 – La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a choisi de miser sur l’avenir et la réconciliation. En pleine session ministérielle à Abuja, l’organisation a officialisé, ce jeudi, l’installation de son Centre de Développement de la Jeunesse et des Sports (CDJS) dans la capitale libérienne, Monrovia. Cet accord de siège, signé en présence de la ministre libérienne des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, est un puissant symbole : il place la jeunesse et le relèvement post-conflit au cœur des priorités régionales, offrant un contrepoint positif à la crise institutionnelle que traverse actuellement l’organisation.

Centre régional : accord de siège et statut international

 

La cérémonie, qui s’est déroulée dans la capitale nigériane, en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères de la région, a réuni la ministre libérienne des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, et le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray.

Le document consacre juridiquement l’installation du Centre sur le territoire libérien et lui accorde le statut classique des organisations internationales : immunités diplomatiques, extraterritorialité des locaux, exonérations fiscales et douanières, ainsi que la protection des agents et des biens de l’institution.

Ce futur centre régional aura pour mission de coordonner les politiques sportives et les programmes de formation des jeunes dans les quinze pays membres, avec un accent particulier sur l’insertion professionnelle, l’éducation par le sport et la prévention de la délinquance juvénile.

 Le Liberia signe un accord historique avec la CEDEAO pour héberger le Centre régional de Développement Jeunesse et Sports (CDJS) à Monrovia.

 Un geste fort de reconnaissance historique

 

À l’issue de la signature, la ministre Sara Beysolow Nyanti a tenu à remettre deux distinctions honorifiques particulièrement émouvantes :

Premièrement, au nom du peuple et du gouvernement libériens, elle a décerné une haute distinction à la CEDEAO en tant qu’institution pour son rôle décisif dans la fin des guerres civiles (1989-2003) et la consolidation de la paix.

Ensuite, la ministre libérienne des Affaires étrangères a remis une seconde distinction au ministre béninois des Affaires étrangères, Olusegun Adjadi Bakari (qui assure la présidence tournante du Conseil des ministres), au nom de l’ensemble des États membres, pour leur soutien constant à la reconstruction démocratique du Liberia.

« Sans l’intervention déterminante de la CEDEAO et de ses États membres, notamment à travers l’ECOMOG puis l’ECOMIL, le Liberia ne serait peut-être pas debout aujourd’hui », a déclaré la cheffe de la diplomatie libérienne, visiblement émue, sous les applaudissements nourris de la salle.

Centre régional: un symbole face à la crise institutionnelle

 

Le choix de Monrovia pour accueillir cette institution dédiée à l’excellence sportive et éducative n’est pas un hasard. Il rappelle le rôle de bouclier de la CEDEAO dans l’histoire récente du Liberia, notamment via les forces de l’ECOMOG et de l’ECOMIL.

Les travaux de construction du siège du CDJS, financés par la Commission de la CEDEAO et plusieurs partenaires, devraient débuter au premier semestre 2026 dans la banlieue de Monrovia.

Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger tournent le dos à l’organisation, le Libéria, lui, a choisi d’en rappeler la valeur — et de le faire en pleine lumière, à Abuja. En récompensant la CEDEAO pour son engagement passé, Monrovia envoie un signal fort à toute l’Afrique de l’Ouest : au-delà des turbulences politiques, la solidarité et la construction commune restent des impératifs historiques.

CEDEAO : état d’urgence déclaré pour contrer les coups d’État

Abuja, 9 décembre 2025 – Face à l’accumulation sans précédent de coups d’État et de tentatives de déstabilisation en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO a franchi un cap historique : l’organisation régionale a officiellement déclaré l’état d’urgence sur l’ensemble de son espace.

L’annonce a été faite ce mardi  par le président de la Commission, Omar Alieu Touray, à l’issue de la 55ᵉ session ministérielle du Conseil de médiation et de sécurité, réunie à Abuja. « La récurrence des ruptures anticonstitutionnelles constitue une menace existentielle pour la paix, la sécurité et le développement de notre région », a-t-il déclaré, justifiant ainsi cette mesure exceptionnelle.

 

Le contexte : une contagion organisée

 

Le timing n’est pas anodin. En effet, il intervient moins d’une semaine après le démantèlement, par les services béninois, d’un complot visant à renverser le président Patrice Talon – le dernier épisode en date d’une série noire qui, depuis 2020, a vu tomber les régimes civils au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, tandis que plusieurs autres pays ont frôlé le chaos.

De ce fait, pour la première fois depuis sa création en 1975, l’organisation ouest-africaine place l’ensemble de ses quinze États membres sous un régime d’urgence sécuritaire et politique permanent, signe que les dirigeants régionaux considèrent la vague putschiste non plus comme une succession d’incidents isolés, mais bien comme une contagion organisée qui menace l’existence même du bloc.

 

L’arsenal de la CEDEAO : force en attente et sanctions durcies

 

Avec cette déclaration d’urgence régionale, la CEDEAO se donne les moyens d’agir plus rapidement et plus fermement. Les chefs d’État convoqueront un sommet extraordinaire dans les prochaines semaines afin de convertir cette alerte en mesures concrètes : ils durciront les sanctions de façon ciblée, activeront éventuellement la Force en attente, accéléreront la révision du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, et renforceront les mécanismes de prévention et de réaction rapide aux crises.

Reste à savoir si cette réponse tardive et musclée parviendra à inverser la tendance ou si, au contraire, elle accentuera le fossé entre une CEDEAO perçue comme distante et des opinions publiques parfois acquises aux discours souverainistes portés par les juntes. Les prochaines semaines seront décisives.

Zimbabwe : une panne plonge le Parlement dans le noir en pleine allocution présidentielle

Une panne d’électricité en pleine allocution : au Zimbabwe, le Parlement s’est retrouvé dans le noir total. Mnangagwa a fini son discours à la lampe torche. Une scène surréaliste qui en dit long sur la crise énergétique.

 

Harare, 29 octobre 2025 – Une panne d’électricité surréaliste a transformé mardi après-midi la séance plénière du Parlement zimbabwéen en théâtre d’ombres. Alors que le président Emmerson Mnangagwa lisait les derniers paragraphes de son adresse annuelle sur l’état de la nation, les lumières se sont brusquement éteintes, forçant l’assistance à improviser. Pendant dix minutes, un collaborateur a éclairé le pupitre à l’aide d’une simple lampe torche, permettant ainsi au chef de l’État de conclure son discours. À peine le texte posé, l’éclairage est revenu — comme par magie, ou par une intervention technique tardive.

Le Parlement zimbabwéen plongé dans le noir en pleine allocution de Mnangagwa. Une panne révélatrice d’une crise énergétique chronique.

Panne d’électricité: Un couac technique qui défie les dispositifs de secours

 

Ce moment censé être solennel s’est transformé en scène presque burlesque, révélant les failles d’un système supposé sécurisé. Les autorités ont rapidement précisé que la panne ne provenait pas du réseau national, mais d’une avarie sur le groupe électrogène d’urgence, installé précisément pour éviter ce type d’incident. Une défaillance du commutateur automatique, mal calibré, a empêché le basculement vers l’alimentation de secours, plongeant l’hémicycle dans le noir.

Le président de l’Assemblée nationale, Jacob Mudenda, n’a pas mâché ses mots : « Cet événement est tout à fait intolérable », a-t-il déclaré, en présentant ses excuses à Mnangagwa et aux parlementaires. Il a aussi annoncé l’ouverture immédiate d’une enquête interne, assortie de sanctions contre les responsables. Ce n’est pas une première : en novembre dernier, la présentation du budget national avait déjà été interrompue par une panne similaire, alimentant les critiques sur la fiabilité des infrastructures publiques.

 

Une nation dans le noir : les racines d’une pénurie chronique

 

Au-delà de l’anecdote parlementaire, cet incident illustre la crise énergétique qui ronge le Zimbabwe depuis des années. Le pays ne produit que 1 400 mégawatts d’électricité, bien en deçà des 1 850 mégawatts nécessaires pour répondre aux besoins quotidiens des ménages et des industries. Résultat : des délestages interminables, parfois jusqu’à seize heures par jour, paralysent l’économie, désorganisent les services publics et plongent ainsi les foyers dans l’incertitude.

Les causes sont multiples. La centrale hydroélectrique de Kariba tourne au ralenti, victime d’une sécheresse persistante qui assèche son réservoir. Les centrales thermiques au charbon, notamment celle de Hwange, enchaînent les arrêts imprévus malgré des opérations de maintenance coûteuses. Quant aux alternatives — parcs solaires naissants ou importations d’énergie — elles peinent aussi à se concrétiser, freinées par une dette extérieure abyssale et un budget national exsangue.

Le Parlement zimbabwéen plongé dans le noir en pleine allocution de Mnangagwa. Une panne révélatrice d’une crise énergétique chronique.

 Vers une sortie de crise ou un cercle vicieux ?

 

Dans son discours — lu tant bien que mal à la lueur vacillante — Mnangagwa a esquissé des pistes d’espoir : investissements dans les énergies renouvelables, diversification des sources, partenariats stratégiques. Mais ces promesses peinent à convaincre une population épuisée par des factures en hausse et des générateurs privés ruineux.

Des économistes appellent à une urgence nationale : réformer la gestion de Zesa, la compagnie d’électricité, et accélérer les partenariats internationaux pour briser l’engrenage. L’incident au Parlement, aussi embarrassant soit-il, pourrait devenir le catalyseur d’un sursaut politique.

À Harare, le mécontentement gronde : les excuses de Mudenda peinent à convaincre. Il faudra des actes concrets pour rallumer les lumières — et la confiance d’un peuple las d’attendre dans l’ombre. En attendant, le Zimbabwe avance à tâtons, entre discours ambitieux et réalités sombres.

 

Nigeria : Wole Soyinka privé de visa américain

Wole Soyinka interdit de séjour aux États-Unis : le Nobel nigérian transforme la sanction en déclaration de liberté. Une pirouette magistrale.

 

Lagos, 29 octobre 2025 – À 91 ans, Wole Soyinka n’a rien perdu de sa verve. Le géant de la littérature africaine, premier lauréat noir du Nobel en 1986, a accueilli avec un sourire en coin la nouvelle de l’annulation de son visa américain. La décision, brutale et sans appel, lui a été signifiée par le consulat des États-Unis à Lagos. En conséquence, elle lui interdit désormais de fouler le sol américain. Loin de s’en émouvoir, cependant, l’écrivain a tourné la mesure en dérision, qualifiant la notification d’« épître amoureuse un peu bizarre » et lançant, non sans ironie : « Ne vous fatiguez pas, je suis persona non grata là-bas. »

 

Une révocation symbolique, reflet d’un bras de fer ancien

 

Il faut dire que ce retrait n’est pas un coup de théâtre isolé. Depuis des années, Soyinka, plume acérée et conscience rebelle, dénonce la politique migratoire de l’administration Trump, qu’il assimile à une dérive autoritaire. De fait, en 2016, au lendemain de l’élection du magnat de l’immobilier, il avait incinéré sa « green card » en signe de protestation, refusant de vivre dans un pays gangrené par la xénophobie. Aujourd’hui, la révocation du visa semble ainsi clore un chapitre déjà bien entamé, sur fond de tensions persistantes.

La missive officielle, expédiée par le Département d’État, invoque une clause discrétionnaire : les autorités américaines peuvent retirer un visa « à tout moment, sans motif explicite ». On lui demande même de restituer son passeport pour y apposer la mention d’invalidité. Soyinka, qui a enseigné à Harvard et Cornell pendant des décennies, balaie l’affaire d’un revers philosophique : « Je suis ravi de cette résolution. Plus de visa, plus d’accès aux États-Unis. Point final. »

 

Des critiques qui dérangent : de la frontière à la tyrannie

 

Au cœur de ses invectives figurent les mesures anti-immigration de Trump : rafles massives, séparation des familles à la frontière sud, un traitement qu’il juge « inhumain », évoquant ainsi des « femmes âgées et des enfants cueillis comme des fruits dans la rue ». Plus mordant encore, il a osé une comparaison explosive, assimilant le président américain à Idi Amin Dada, le tyran ougandais des années 1970, surnommé le « Boucher de l’Afrique ». « Il agit en despote et devrait aussi s’en enorgueillir », avait-il lancé récemment — une pique qui pourrait bien avoir précipité la sanction.

Soyinka sait de quoi il parle. Emprisonné en 1967, puis exilé en 1994 pour avoir défié la dictature d’Abacha, il a frôlé la mort sous les juntes nigérianes. C’est pourquoi ses quelque soixante ouvrages, des drames comme A Dance of the Forests aux mémoires incisifs, tissent également une fresque de résistance contre l’oppression, du continent africain au monde. À l’heure où il boucle un demi-siècle de Nobel, il affirme n’avoir « plus rien à chercher outre-Atlantique », sauf un improbable revirement politique.

 

Wole Soyinka : une voix libre, un exil assumé

 

En définitive, pour le Nigeria et l’Afrique, cette affaire sonne comme un rappel : Soyinka reste une sentinelle de la liberté, dont les mots piquent là où ça fait mal. Bien qu’il se dise soulagé par cette « libération » forcée, il n’exclut pas pour autant un retour si les vents changent à Washington. En attendant, ses pairs et admirateurs saluent un geste qui, paradoxalement, renforce aussi son aura de dissident éternel.

Dans un tweet laconique, il a conclu : « Ceux qui m’invitent là-bas économiseront leur billet. » Cette pirouette, à elle seule, vaut un chapitre de plus dans l’épopée d’un immortel de la plume.

Cameroun : Biya réélu, le pays s’embrase

Au Cameroun , face à une réélection jugée illégitime, des milliers de jeunes descendent dans la rue pour réclamer transparence électorale, alternance politique et respect de la volonté populaire. Entre répression et colère, la contestation s’organise, portée par une jeunesse qui refuse de voir son avenir confisqué.

 

Yaoundé, 27 octobre 2025 – À peine la Cour constitutionnelle a-t-elle officialisé la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat que les rues du Cameroun se sont embrasées. Avec 53,66 % des suffrages exprimés, le président sortant — doyen mondial des chefs d’État en exercice — prolonge son règne entamé il y a 42 ans. Mais cette annonce, attendue comme un couperet, a déclenché une vague de colère : manifestations violemment réprimées sur toute l’étendue du territoire camerounais et des accusations de fraude qui résonnent jusqu’aux chancelleries internationales.

Au Cameroun, la réélection contestée de Paul Biya pour un huitième mandat déclenche une vague de manifestations. Entre colère populaire, répression violente et appels à la grève, une jeunesse en quête d’alternance défie un pouvoir jugé hors d’âge.

Cameroun : une victoire contestée, une opposition en ébullition

 

L’annonce est tombée ce lundi matin, dans l’enceinte feutrée du Palais des Congrès de Yaoundé, contrastant avec la tension qui secoue le pays. Paul Biya, absent de la campagne pour raisons de santé, l’emporte devant Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et principal challenger, crédité de 35,19 % des voix. D’ailleurs, ce dernier dénonce une « mascarade électorale » et affirme détenir des preuves d’un décompte qui lui aurait donné 54,8 % des suffrages. Ses recours, déposés auprès de la Cour suprême, ont été rejetés en bloc, attisant davantage la colère populaire.

Sur les réseaux sociaux, les images affluent : gaz lacrymogènes dans les rues de Douala, affrontements à Garoua, barricades improvisées, pneus en feu. Le bilan provisoire fait état de quatre civils tués par balles, selon des sources hospitalières et des ONG locales. Des dizaines d’arrestations ont été recensées.

« Nous ne tolérerons pas ce hold-up sur la volonté populaire« , martèle un porte-parole de la coalition d’opposition. Maurice Kamto, leader du MRC, appelle à une « grève générale illimitée ».

Un scrutin sous tension, dans un pays fracturé

 

Cette élection, la septième sous l’ère Biya, s’est déroulée dans un climat délétère. La crise anglophone, toujours active depuis 2016, a empêché des millions d’électeurs de voter librement. Par ailleurs, l’opposition, fragmentée en 14 candidatures, a vu plusieurs figures pro-démocratie interdites de se présenter. Les observateurs internationaux ont relevé de nombreux dysfonctionnements : bureaux de vote fermés prématurément, listes électorales gonflées, participation officielle de 52 % jugée peu crédible.

Les manifestations, latentes depuis le 13 octobre, ont explosé après l’annonce de la victoire de Biya. À Douala, des jeunes ont brandi des pancartes « Biya dehors ! » et « Démocratie ou rien », avant d’être dispersés par des canons à eau et des grenades assourdissantes. Sur X (ex-Twitter), des vidéos amateurs montrent aussi des charges policières brutales.

« À 92 ans, il ne peut plus gouverner ; c’est un régime fantôme qui nous étouffe« , témoigne une manifestante jointe par téléphone, la voix tremblante.

Réactions internationales et inquiétudes régionales

 

La communauté internationale réagit avec prudence. L’Union africaine salue « le bon déroulement global » tout en appelant au dialogue. L’Union européenne et les États-Unis dénoncent des « irrégularités substantielles » et exigent une enquête indépendante. Paris, allié historique de Yaoundé, se contente d’un communiqué laconique : « La France respecte le choix du peuple camerounais. »

Mais sur le terrain, les tensions pourraient s’étendre. La crise anglophone, déjà responsable de plus de 6 000 morts, menace de s’embraser si les troubles gagnent également les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le régime, lui, durcit le ton : censure des médias, ralentissement d’internet dans les zones sensibles, et discours officiel minimisant les violences.

 

Cameroun : un pays à bout de souffle

 

Ce bras de fer post-électoral dépasse la simple querelle de chiffres. Il cristallise des décennies de frustrations : pauvreté persistante, corruption endémique, et un président perçu comme un vestige de la guerre froide. Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne une longévité politique hors norme, mais interroge la vitalité d’une nation de 28 millions d’habitants.

Alors que les fumées se dissipent à Douala, une question demeure : cette étincelle allumera-t-elle un incendie généralisé, ou le Cameroun retombera-t-il dans un silence résigné ? Les prochains jours diront si le « Lion indomptable » peut encore rugir face à une jeunesse qui refuse la cage. Pour l’heure, le pays retient son souffle — entre espoir de changement et spectre de la répression.

 

Cameroun : À 92 ans, Paul Biya réélu « pour l’éternité »

À 92 ans, Paul Biya décroche un huitième mandat dans un scrutin contesté, validé sans surprise par une Cour constitutionnelle fidèle au pouvoir. Une réélection qui illustre les dérives institutionnelles d’une démocratie verrouillée.

Yaoundé, 27 octobre 2025 – En Afrique francophone, la démocratie semble avoir adopté le principe des prolongations illimitées. Les présidents y défient les urnes, les calendriers… et parfois même la biologie. Dernier épisode en date : la Cour constitutionnelle camerounaise a validé, sans surprise, la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat. À 92 ans, le « pharaon d’Étoudi » ne détonne plus : il incarne une forme de résilience institutionnalisée, où l’État prend des allures d’hospice géré par un conseil d’administration éternel.

 

Paul Biya : une victoire sans suspense

 

Le scénario est désormais bien rodé. Le 12 octobre, Paul Biya récolte 53,66 % des suffrages. Face à lui, une opposition fragmentée, menée par l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui obtient 35,19 % — un score qui, dans un autre contexte, aurait pu ressembler à une percée. Mais ici, il tient lieu de lot de consolation. La Cour constitutionnelle, fidèle à sa réputation, balaie d’un revers de main les recours pour fraude, les pétitions sur l’inéligibilité liée à l’âge, et les soupçons d’irrégularités qui ont enflammé Douala et Garoua. Résultat : Biya, inchangé, inaltérable, réinvesti. La science politique camerounaise, une fois encore, défie les lois de la gravité démocratique.

 

Élections au Cameroun : une mécanique électorale sans surprise

 

Derrière l’ironie, une mécanique bien huilée. Les élections de 2025 ne sont qu’un remake des précédentes : bureaux de vote fantômes, bulletins préremplis, opposants tolérés pour la forme, puis relégués au rang de figurants. Maurice Kamto, Cabral Libii… les noms changent, le scénario reste. À la baguette, Clément Atangana, président de la Cour constitutionnelle, dont la proximité avec le pouvoir n’est plus un secret. Arbitre ? Non. Chef d’orchestre d’une symphonie où toute dissonance est soigneusement étouffée.

 

Paul Biya : Quand la longévité politique défie la démocratie

 

À 92 ans, Paul Biya pourrait prétendre au panthéon de la longévité politique, aux côtés de Fidel Castro ou de la reine Elizabeth. Mais là où d’autres démocraties fixent des limites, le Cameroun les efface. Une requête pour inéligibilité liée à l’âge ? Rejetée en août, comme un importun au bal des anciens. Le président gouverne désormais par inertie, dans un pays miné par une crise anglophone persistante, une économie en panne et une jeunesse en quête d’exil. La Constitution, devenue parchemin malléable, cède à toutes les torsions. La démocratie, elle, flirte avec le vaudeville.

 

Un syndrome francophone bien rodé

 

Le Cameroun n’est pas une exception, mais un maillon d’un système plus vaste. La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou-Nguesso, le Togo de Faure Gnassingbé… Partout, les cours constitutionnelles ne jugent pas : elles entérinent. La fraude électorale n’est plus un scandale, mais un rituel. Une chorégraphie bien huilée où les urnes servent de décor à des successions dynastiques.

 

Une crédibilité en lambeaux

 

Cette répétition du même schéma mine la crédibilité du continent sur la scène internationale. L’Occident, prompt à prêcher les « valeurs démocratiques », détourne le regard tant que les contrats miniers tiennent et les bases militaires restent ouvertes. Résultat : l’Afrique se caricature elle-même, continent de promesses étouffées par des élites qui confondent État et patrimoine personnel. La validation de Biya n’est pas qu’un fait divers politique : c’est un message adressé à toute une génération de réformateurs. « Patience, votre tour viendra… en 2060, peut-être. »

 

Paul Biya : la normalisation de l’absurde

 

La Cour camerounaise n’a pas déclaré Biya « non aberrant » : elle a simplement confirmé que, dans certaines républiques, l’aberration est devenue la norme. Tant que les institutions judiciaires danseront au rythme des présidents à vie, l’Afrique francophone continuera d’offrir au monde des sketches dignes d’un Monty Python tropical. Reste à savoir si une nouvelle génération, lassée du spectacle, saura enfin réécrire le scénario. Sinon, rendez-vous en 2030. Ou en l’an 3000. Le monde, lui, retient son souffle… d’ennui.

 

Hannibal Kadhafi libéré après 10 ans au Liban

Beyrouth : Du nouveau dans l’affaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr. Un tribunal libanais a ordonné ce vendredi la libération d’Hannibal Kadhafi, fils de l’ancien dictateur libyen. Après près de dix ans de détention arbitraire, l’exilé de 50 ans devra s’acquitter d’une caution fixée à 11 millions de dollars. Cette décision, qui intervient sur fond de tensions politiques, relance les spéculations sur les contentieux historiques entre le Liban et la Libye.

 

Beyrouth, 17 octobre 2025 – C’est un rebondissement inattendu après près d’une décennie de détention : un tribunal libanais a ordonné ce vendredi la remise en liberté d’Hannibal Kadhafi, fils cadet de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Âgé de 50 ans, il devra verser une caution colossale de 11 millions de dollars et reste sous interdiction de voyage, selon une source judiciaire. Cette décision marque la fin — ou une pause — d’une saga judiciaire qui liait le sort de cet exilé à l’un des mystères les plus persistants du Moyen-Orient : la disparition de l’imam chiite Moussa Sadr en 1978.

Interrogé par le juge, Hannibal Kadhafi a obtenu sa libération sous des conditions strictes, après avoir passé dix ans en détention sans jugement ferme depuis son enlèvement en Syrie en 2015. Les autorités l’avaient conduit à Beyrouth pour répondre des accusations qui lui sont reprochés, après son exil dans ce pays  à la chute de son père en 2011. En 2017, la justice l’a inculpé pour « dissimulation d’informations » liées à la disparition de Sadr, un leader spirituel libanais influent. À l’époque des faits, Hannibal n’avait pourtant que trois ans.

 

Hannibal Kadhafi : le fantôme de Moussa Sadr, énigme non résolue

 

La disparition de l’imam Moussa Sadr, survenue le 31 août 1978 à Tripoli (Libye), reste l’une des énigmes non résolues du monde chiite. Sadr, fondateur du mouvement Amal, s’était évaporé avec deux de ses compagnons lors d’une visite officielle en Libye.

Les autorités libyennes de l’époque, sous Kadhafi père, avaient nié toute implication, mais les soupçons persistants pointent vers un enlèvement commandité par le régime.

Hannibal Kadhafi, accusé d’avoir détenu Sadr entre 1978 et 1982 dans une de ses propriétés, a toujours clamé son innocence. Son incarcération au Liban, qualifiée de « détention arbitraire » par Human Rights Watch en 2024, a duré près de dix ans sans procès formel. Ses avocats ont aussi invoqué son état de santé dégradé et l’absence de preuves tangibles. « Après des années d’injustice, cette libération est une victoire pour les droits humains », a réagi l’un de ses conseils, sans préciser la source des fonds pour la caution de 11 millions de dollars.

 

Répercussions : tensions au Liban et spéculations en Libye

 

Cette décision intervient dans un contexte tendu pour les deux pays. Au Liban, l’affaire Sadr ravive les plaies du passé chiite. La famille de l’imam, qui avait porté plainte contre Hannibal en 2016, n’a pas encore commenté, mais des sources proches indiquent une possible reprise des poursuites une fois la caution payée.

En Libye, l’actualité d’Hannibal – autrefois connu pour ses frasques – relance les spéculations sur le legs familial, notamment autour de son frère Saïf al-Islam. Des analystes libyens voient dans cette libération un signal diplomatique discret, alors que Beyrouth et Tripoli cherchent à normaliser leurs relations malgré les contentieux historiques.

Le juge a imposé une interdiction de quitter le territoire libanais, scellant pour l’instant le sort d’Hannibal Kadhafi dans l’ombre de Beyrouth. Reste à savoir si cette caution colossale sera rapidement versée, et si le procès pour de bon aura lieu. Une affaire qui, comme la disparition de Sadr, continue de hanter les couloirs du pouvoir.

Madagascar : le colonel Randrianirina prête serment

Le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau Président de Madagascar. Devant un pays au bord de l’implosion après des mois de tensions, le militaire a promis une « rupture » radicale. Son programme : lutte sans merci contre la corruption, assainissement budgétaire et réformes immédiates pour juguler la crise de l’énergie et de la santé. La Grande Île a-t-elle enfin trouvé le leader capable de traduire ses promesses en actes ?

 

Antananarivo, 17 octobre 2025 – C’est dans une atmosphère solennelle, empreinte d’espoir et de détermination, que le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau président de la République de Madagascar. L’événement, qui s’est déroulé devant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), marque un tournant décisif pour l’île de l’océan Indien, secouée par des mois de tensions sociales et politiques.

Devant un parterre de dignitaires, de représentants du mouvement populaire et d’observateurs internationaux, le Colonel Randrianirina, figure montante issue des rangs militaires, a officiellement pris les rênes du pouvoir. Âgé de 48 ans et connu pour son rôle dans les opérations de maintien de l’ordre lors des récents troubles, il succède à un intérim marqué par l’instabilité.

« Je prête serment de défendre la Constitution et de servir fidèlement le peuple malgache », a-t-il déclaré d’une voix ferme, la main sur la Bible et la Constitution, sous les applaudissements contenus de l’assemblée.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Colonel Michaël Randrianirina : un discours-programme axé sur l’urgence et le changement

 

Dans son premier discours en tant que chef de l’État, le Colonel Randrianirina n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié son investiture de « volonté claire du peuple malgache d’avancer vers le changement », soulignant une rupture nette avec « les errements du passé ». Promettant une refonte en profondeur des systèmes administratifs et socio-économiques, il a tracé les grandes lignes d’un programme ambitieux pour relancer la gouvernance du pays.

Les priorités immédiates sont sans équivoque : l’énergie, au cœur des revendications populaires des dernières années, ainsi que la santé et l’éducation. « Ces secteurs, essentiels à la survie et au développement de notre nation, seront nos chantiers de premier plan », a-t-il affirmé, évoquant des investissements urgents pour pallier les pénuries chroniques et moderniser les infrastructures.

À moyen terme, le nouveau président a annoncé l’organisation d’assises multisectorielles. Celles-ci seront ouvertes à tous les acteurs du mouvement populaire ayant pavé la voie à cette transition. L’objectif ? Élaborer une nouvelle Constitution et des textes électoraux révisés, afin de consolider les bases d’une démocratie plus inclusive et transparente. « Nous écrirons ensemble l’avenir de Madagascar, sans exclusion ni revanche », a-t-il insisté, appelant à une participation massive pour éviter les pièges des divisions passées.

 

Sobriété budgétaire et « ennemis de la République »

Sur le front économique, le discours a sonné comme un avertissement aux élites corrompues. Le nouveau régime s’engage à instaurer une politique de sobriété budgétaire pour éradiquer le « gaspillage des deniers publics », qui a tant alimenté les frustrations populaires. Des mesures fermes seront prises contre les « ennemis de la République », une formulation qui n’a pas manqué de faire réagir les observateurs, évoquant une possible purge administrative.

Malgré ce ton martial, le Colonel Randrianirina a tendu la main à la communauté internationale. Il invite les partenaires multilatéraux et bilatéraux – de l’Union européenne à la Chine, en passant par les États-Unis et l’Union africaine – à accompagner Madagascar dans ce « pilotage des réformes » via un « dialogue constructif et équitable ».

Rassurant les bailleurs de fonds et investisseurs, il promet aussi  un climat des affaires « apaisé, attractif et sécurisé », avec des incitations fiscales et une lutte accrue contre l’instabilité qui freine les projets.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Réactions contrastées et perspectives

 

L’investiture a suscité un mélange de liesse et de prudence. Dans les rues d’Antananarivo, des milliers de manifestants ont célébré l’événement, voyant en Randrianirina un sauveur capable de juguler la crise énergétique et l’inflation galopante. « Enfin un leader qui écoute le peuple ! », s’exclame une enseignante contactée par notre correspondant, qui espère des améliorations rapides dans l’éducation.

Du côté de l’opposition, les voix sont plus mesurées. Certains leaders du mouvement populaire saluent l’ouverture aux assises, mais appellent à une vigilance accrue pour que les promesses ne restent pas lettre morte.

Sur la scène internationale, l’Union africaine a déjà félicité le nouveau président, tandis que des diplomates européens évoquent une « opportunité historique » pour Madagascar.

À l’heure où le soleil se couche sur la capitale, le Colonel Michaël Randrianirina entame son mandat dans un pays assoiffé de stabilité. Reste à savoir si ce serment tiendra ses engagements face aux défis colossaux qui attendent la Grande Île.

Washington : Aïssata Tall Sall prend la tête du réseau parlementaire FMI-BM

Aissata Tall Sall, députée et ancienne Garde des Sceaux du Sénégal, a été élue Première Vice-Présidente du Réseau des parlementaires sur la Banque mondiale et le FMI. Cette nomination  place l’Afrique de l’Ouest au cœur des débats sur la gouvernance économique mondiale.

 

Washington D.C., 17 octobre 2025 – Au cœur des Assemblées annuelles du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale, qui se déroulent du 13 au 18 octobre à Washington, une voix sénégalaise s’impose sur la scène internationale. En effet, Aissata Tall Sall, députée et ancienne garde des Sceaux du Sénégal, a été élue Première Vice-Présidente du Réseau des parlementaires sur la Banque mondiale et le FMI (Parliaments Network on the World Bank and the IMF). Ainsi, cette distinction place l’Afrique de l’Ouest au premier plan des débats sur les politiques économiques globales.

 

Aissata Tall Sall : une élection stratégique en pleine actualité mondiale

L’installation du nouveau bureau du réseau, fondé en 2000, s’est tenue en marge de ces assemblées annuelles, un rendez-vous incontournable pour les décideurs économiques du monde entier. Avec près de 2 000 parlementaires issus de plus de 140 pays, cette plateforme vise à favoriser un dialogue constructif et critique sur les politiques du FMI et de la Banque mondiale, tout en mettant l’accent sur leurs impacts concrets, particulièrement dans les pays en développement.

Aissata Tall Sall, avocate chevronnée et figure respectée de la politique sénégalaise, représentera la région Afrique de l’Ouest au sein de cette instance. Par ailleurs, elle rejoint à ce titre Sven Mikser, parlementaire estonien élu président pour le mandat 2025-2027. « C’est un honneur pour le Sénégal et pour l’Afrique de l’Ouest de contribuer activement à ces échanges cruciaux », a commenté une source proche de la délégation sénégalaise.

 

Aissata Tall Sall : engagement pour une gouvernance plus équitable

Dès sa première déclaration officielle, l’élue sénégalaise n’a pas caché son enthousiasme. « Je ressens une profonde gratitude pour cette confiance », a-t-elle déclaré, avant de réaffirmer son engagement ferme : œuvrer pour plus de transparence, d’équité et d’efficacité dans les politiques et programmes du FMI et de la Banque mondiale, en partenariat étroit avec les États membres.

Par ailleurs, ce mandat intervient à un moment charnière pour l’Afrique, où les défis climatiques, les inégalités croissantes et les besoins en financement pour le développement exigent une refonte des approches internationales. Dans cette optique, Aissata Tall Sall, avec son expérience politique et juridique, pourrait bien catalyser des réformes adaptées aux réalités du continent, en plaçant résolument les populations au centre des décisions.

 

Un réseau au service des plus vulnérables

Depuis sa création, il y a un quart de siècle, le Parliaments Network s’est imposé comme un contrepoids essentiel aux institutions financières multilatérales. En facilitant les échanges entre législateurs, il veille à ce que les politiques économiques mondiales ne se traduisent pas par des mesures impersonnelles, mais bien par des impacts positifs sur les vies quotidiennes – de l’accès au crédit agricole aux stratégies de résilience face aux chocs externes.

Pour le Sénégal, cette élection renforce la visibilité diplomatique de Dakar sur la scène financière internationale. Alors que les débats à Washington portent sur la réforme de la gouvernance mondiale, Aissata Tall Sall incarne l’espoir d’une Afrique plus audible et influente.

 

Un rôle africain majeur pour réformer la finance mondiale

Enfin, la nomination d’Aissata Tall Sall intervient au moment où le continent réclame une voix plus forte dans les instances de décision globales. Son rôle sera d’autant plus crucial qu’il s’agira de garantir que les milliards de dollars mobilisés par la Banque mondiale et le FMI servent effectivement au développement durable et à l’atténuation des crises. Ainsi, son mandat de trois ans pourrait marquer une étape décisive vers une gouvernance économique mondiale enfin plus sensible aux réalités et aux priorités africaines.

 

Madagascar : Rajoelina refuse sa destitution et dénonce un arrêt « illégal » de la HCC

Antananarivo, 15 octobre 2025 Guerre ouverte des communiqués à Antananarivo. Moins de 24 heures après l’installation d’un régime militaire intérimaire, la Présidence de la République contre-attaque. En effet, elle affirme que le chef de l’État Andry Rajoelina « assure toujours ses fonctions » et qualifie l’arrêt de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) de « vice rédhibitoire ». L’escalade entre loyalistes et factions militaires fait planer l’ombre d’une instabilité inédite sur la Grande Île.

Un communiqué incendiaire : la HCC accusée de vices rédhibitoires par Rajoelina

 

Le ton est sans appel dans le document officiel, qui fustige avec virulence la décision rendue par la HCC le 14 octobre. Selon la Présidence, cet acte est entaché de « multiples vices tant sur le fond que sur la forme », portant « atteinte aux fondements de la République, à la stabilité de l’ordre constitutionnel et à l’État de droit ».

Au cœur des griefs : la saisine introductive que le Vice-Président de l’Assemblée nationale (un leader de l’opposition, NdLR) a déposé le 13 octobre. « Le requérant n’est ni habilité ni qualifié pour saisir la Haute Cour Constitutionnelle », argumente le communiqué, rappelant que cette prérogative restreint strictement les Chefs d’Institution de la République. Cette irrégularité aurait dû entraîner une irrecevabilité immédiate.

Par ailleurs, la séance de la HCC elle-même illustre un fiasco procédural : le Président de l’institution a convoqué les membres de la Cour à 9 h 00 pour une « réunion administrative », sans leur communiquer l’objet au préalable. Huit Hauts Conseillers présents physiquement et un à distance se sont retrouvés piégés dans une « Chambre d’audience » improvisée sur sa décision unilatérale. Il leur a présenté trois requêtes à la va-vite, sans leur laisser le temps d’étudier les dossiers.

 

Interruptions, menaces et évacuation forcée : un huis clos sous pression

 

Le récit des événements, tel que relaté par la Présidence, évoque un scénario de pression militaire orchestrée. Après une série de suspensions d’audience, c’est lors du débat sur la recevabilité, de 15 h 00 à 17 h 00, que la tension atteint son paroxysme. La Direction de la Sécurité de la HCC aurait alors « sommé l’ensemble des juges constitutionnels à vider les lieux » face à l’arrivée imminente de « factions militaires armées » en direction du Palais Présidentiel d’Ambohitsirohitra, adjacent à la Cour.

« Des militaires ont évacué d’urgence les Hauts Conseillers avant qu’ils n’aient clôturé le débat, procédé à la délibération et signé, par peur d’atteinte à leur intégrité physique », dénonce le texte. Ils affirment aussi que ces derniers les ont menacés, ce qui prive ainsi la décision de toute sérénité et discernement. La publication hâtive de l’arrêt, sans respect des règles procédurales, « laisse supposer l’existence d’actes de corruption ou de coercition », ajoute la Présidence, et ouvre la voie à une « rupture constitutionnelle » grave.

 

Rajoelina, « Président en exercice de la SADC » : L’appel à la jeunesse contre le chaos

 

Face à cette tempête, Andry Rajoelina utilise ses titres régionaux comme bouclier : « Il continue d’assurer ses fonctions en vertu des pouvoirs constitutionnels qui lui confèrent l’autorité de Président de la République et de Président en exercice de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). La Présidence condamne fermement la décision infondée prise par la Haute Cour Constitutionnelle, ainsi que la prise de pouvoir par la force opérée par une faction militaire.

Le Président adresse un message solennel à la jeunesse malgache, cœur battant des récentes manifestations :

« Cette tentative de prise de pouvoir incarne l’exact contraire des valeurs qu’elle défend. Elle repose sur la violation manifeste de l’État de droit, piétine les principes démocratiques,et menace directement les efforts que nous menons pour lutter ensemble contre la corruption. » Il appelle ainsi directement les manifestants à se méfier de l’ingérence militaire.

 

Une nation au bord du gouffre : vers une escalade ?

 

Ce communiqué, publié au plus fort de la confusion – avec le colonel Michael Randrianirina proclamé chef de l’État par intérim et Rajoelina toujours officiellement en fonction – ravive les flammes d’une crise qui couve depuis des mois. Tandis que des barrages militaires se multiplient à Antananarivo et que l’opposition jubile, les loyalistes de Rajoelina appellent à la mobilisation. L’Union africaine et la France, déjà alarmées, pressent pour une médiation régionale d’urgence afin d’éviter le scénario du pire.

Le colonel Randrianirina n’a pas encore réagi publiquement à ces accusations, mais les rues bruissent de rumeurs d’affrontements imminents entre factions armées. Madagascar, fragilisé par l’économie en berne, s’engage dans une confrontation ouverte entre deux légitimités contestées. La Grande Île est au bord du gouffre.

 

Madagascar : Rajoelina destitué, TANA sous contrôle militaire

Antananarivo, 15 octobre 2025 – Coup de tonnerre à Iavoloha. Le président Andry Rajoelina a été destitué par un vote écrasant de l’Assemblée nationale mardi. Après une tentative désespérée de dissoudre le Parlement, il a quitté le pays. Le colonel Michael Randrianirina a été immédiatement désigné chef d’État par intérim, suspendant ainsi la Constitution. La Grande Île s’embrase entre espoir de renouveau et craintes d’une nouvelle ère d’instabilité.

Une destitution fulgurante : 130 voix contre Rajoelina

 

L’acte décisif est survenu hier après-midi à l’Assemblée nationale. Cent trente (130) députés sur 163 – un score historique, dépassant largement les deux tiers requis – ont voté la destitution d’Andry Rajoelina. Les charges : dérives autoritaires, corruption systémique et gestion chaotique de la crise économique et sociale. Par ailleurs, cette motion, portée par une coalition hétéroclite d’opposants et de frondeurs de la majorité présidentielle (le TGV, NdLR), a été accélérée par la manœuvre de la dernière chance du président : une tentative désespérée de dissoudre le Parlement.

Rajoelina, au pouvoir depuis 2019 et réélu en 2023 dans un scrutin largement contesté, n’a pas eu le temps de réagir. Selon des sources proches du palais d’Iavoloha, il a quitté Antananarivo en urgence à bord d’un avion privé. Si sa destination reste inconnue, les rumeurs insistantes évoquent un exil en France ou en Afrique du Sud. « C’est la fin d’une ère marquée par la corruption et l’accaparement des richesses », s’est réjoui un manifestant au niveau d’Analakely, où des milliers de jeunes, notamment du mouvement « Gen Z Madagascar », ont célébré la chute du régime par des chants, danses et pancartes hostiles.

 

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

L’armée au cœur du pouvoir : Randrianirina, le nouveau visage de la transition

 

C’est l’armée qui a définitivement scellé le sort de la IVᵉ République. Dans une déclaration solennelle diffusée en direct depuis le Camp Militaire d’Andohalo (ou autre QG pertinent), le colonel Michael Randrianirina, officier supérieur reconnu, a annoncé que « les forces armées prennent le pouvoir à partir d’aujourd’hui » et suspendent immédiatement la Constitution. En plus, légitimé par le vote parlementaire – un fait inédit qui évite l’étiquette classique du putsch – il s’est auto-proclamé chef de l’État par intérim. Sa promesse : former un gouvernement de transition et organiser des élections dans un délai maximal de deux ans.

« Nous agissons pour restaurer l’ordre, la démocratie et la dignité malgache », a déclaré Randrianirina, flanqué de ses pairs en uniforme, lors de cette allocution qui a surpris par son ton ferme, mais apaisant. Cette prise de pouvoir survient après des semaines de mobilisation populaire de la jeunesse, exacerbée par l’inflation galopante, les pénuries alimentaires et la crise sociale. D’ailleurs, l’Union africaine et la France, principal partenaire de Madagascar, ont rapidement appelé à la retenue, craignant un nouveau cycle de violence à l’image des crises de 2002 et 2009.

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

Confusion institutionnelle et craintes internationales

 

La situation reste extrêmement volatile : le Premier ministre et plusieurs ministres ont démissionné en bloc, tandis que des barrages militaires quadrillent Antananarivo pour prévenir les débordements. Un analyste décrypte cette situation comme un « coup d’État institutionnel« , où l’armée prend la main en se basant sur une décision parlementaire. Pourtant, des voix s’élèvent pour alerter sur les risques : « Les militaires, je leur fais confiance pour l’instant, mais la rue doit rester vigilante. C’est la vigilance citoyenne qui garantira la transition« , confie un leader de l’opposition à notre rédaction.

Rajoelina, depuis son exil supposé, n’a pas encore réagi, mais ses partisans dénoncent un « putsch constitutionnel monté de toutes pièces ». À l’international, l’ONU et l’UA monitorent de près, tandis que la communauté économique craint pour les investissements dans les secteurs clés (vanille, litchi, textile).

En somme, Madagascar, nation fragile aux ressources abondantes, mais à la gouvernance instable, entre dans une nouvelle ère incertaine. Le colonel Randrianirina aura-t-il les reins solides pour pacifier le pays et organiser des élections crédibles ? Ou ce « sauvetage » militaire n’est-il qu’un prélude à un chaos plus grand ? La Grande Île retient son souffle.

Kenya : Raila Odinga est mort à 80 ans en Inde

Raila Odinga n’est plus. L’ancien Premier ministre kényan et figure historique de l’opposition est décédé à 80 ans ce mercredi en Inde. Sa mort soudaine met fin à une carrière politique tumultueuse.

 

Nairobi, 15 octobre 2025 – Le Kenya est en deuil.  Raila Odinga, figure emblématique de l’opposition et ancien Premier ministre du pays, est décédé ce mercredi à l’âge de 80 ans. L’icône politique, hospitalisée en Inde, a succombé à une crise cardiaque lors d’une promenade matinale, laissant derrière elle un legs de luttes pour la démocratie et une nation en pleine transition.

 

Une disparition brutale lors d’un séjour médical en Inde

 

Selon des sources proches de son bureau, Raila Odinga s’est effondré alors qu’il effectuait une marche thérapeutique dans un hôpital ayurvédique où il suivait un traitement. La nouvelle a été confirmée par des médias kenyans et internationaux, bien que sa famille et son parti, l’Orange Democratic Movement (ODM), n’aient pas encore publié de communiqué officiel.

Odinga, qui avait récemment annoncé son retrait de la course à la présidence en 2027 pour briguer un poste à l’Union africaine, était en Inde depuis plusieurs semaines pour des examens de routine.

Cette mort soudaine intervient à un moment sensible pour le Kenya, où les tensions post-électorales persistent et où Odinga restait une voix influente. À 80 ans, le « Baba » – comme l’appellent ses partisans – avait survécu à des décennies de combats, incluant aussi des arrestations, des tortures sous le régime de Daniel arap Moi et cinq tentatives infructueuses pour conquérir la présidence.

 

Raila Odinga : un parcours forgé dans la lutte pour la démocratie

 

Né en 1945 à Kisumu, Raila Odinga était le fils de Jaramogi Oginga Odinga, vice-président historique du Kenya indépendant. Ingénieur de formation, il s’est rapidement engagé en politique, fondant le Forum for the Restoration of Democracy (FORD) dans les années 1990 pour pousser vers le multipartisme.

Il a été Premier ministre de 2008 à 2013 sous une coalition forcée après les violences post-électorales de 2007, jouant ainsi un rôle clé dans la stabilisation du pays. Ses rivaux comme Uhuru Kenyatta et William Ruto l’ont successivement battu aux urnes en 2013, 2017 et 2022, des scrutins souvent contestés. Malgré cela, Odinga incarnait l’opposition farouche, menant des manifestations contre la corruption et les inégalités.  « Raila était un lion de la politique africaine, un homme qui n’a jamais baissé les bras », témoigne un ancien collaborateur, soulignant ainsi son charisme et sa résilience.

Réactions : un vide immense pour le Kenya et l’Afrique

 

La nouvelle a provoqué une onde de choc immédiate. L’ancien chef de la Cour suprême, David Maraga, a salué Odinga comme « un pilier de la démocratie kenyane » sur les réseaux sociaux. Des hommages affluent déjà des leaders africains : le président nigérian Bola Tinubu évoque un « frère et un combattant pour la justice », tandis que l’Union africaine, dont Odinga était candidat à la présidence de la commission, parle d’une « perte irréparable pour le continent ».

À Nairobi, des supporters de l’ODM se massent spontanément devant le siège du parti, allumant des bougies et chantant des hymnes de résistance. Le président William Ruto, autrefois allié puis rival d’Odinga, devrait s’exprimer sous peu.

 

Raila Odinga : quel héritage pour la démocratie kenyane ?

 

Les autorités organiseront sûrement des funérailles d’État dans les prochains jours pour permettre à des milliers de Kényans de rendre hommage à cet homme qui a façonné l’histoire récente du paysCependant, au-delà du rituel, la mort d’Odinga pose des questions : qui héritera de son mouvement ? Et dans un Kenya divisé par l’économie et les réformes fiscales, son absence pèsera-t-elle sur la cohésion nationale ?

En somme, Raila Odinga s’en va, emportant avec lui une partie de l’âme rebelle du Kenya. Son combat pour une « Afrique unie et juste » résonnera longtemps.

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective contre la désinformation

 

L’Africa Facts Summit 2025 réunit plus de 200 acteurs de l’information à Dakar pour contrer la désinformation en Afrique francophone. Panels, ateliers et stratégies EMI rythment ce rendez-vous continental, où journalistes, chercheurs et fact-checkeurs posent les jalons d’une riposte collective face aux récits toxiques.

 

Dakar, 2 octobre 2025 – Ce matin, sous les baies vitrées d’un hôtel du centre-ville, des murmures animés emplissent la salle de conférence tandis que des carnets s’ouvrent et des laptops s’allument. L’Africa Facts Summit 2025, quatrième édition de ce rendez-vous continental, a ouvert ses portes hier à Dakar pour deux jours d’échanges intenses. Plus de 200 journalistes, fact-checkeurs, chercheurs et acteurs civils se pressent ici, dans la capitale sénégalaise, pour la première fois dans un pays francophone, dans le but de contrer la désinformation qui mine les sociétés africaines.

Des partenariats stratégiques pour des solutions locales

 

Organisé par Africa Check en partenariat avec des acteurs comme l’Union européenne, la GIZ et Code for Africa, ce sommet vise à partager les meilleures pratiques de vérification des faits, à renforcer la coopération entre médias du continent et à élaborer des stratégies d’éducation aux médias et à l’information (EMI) adaptées aux contextes locaux.

Au menu : panels, ateliers et même les Fact-Checking Awards, pour récompenser les efforts en première ligne. Puisque les élections à venir – au Sénégal, au Burkina Faso ou ailleurs – se jouent aussi sur le terrain informationnel, ces discussions touchent au cœur des enjeux : sécurité, cohésion sociale et stabilité démocratique.

À ce titre, Fakt, initiative ouest-africaine de fact-checking, est fièrement représentée par Badal Fohmoh, venu porter la voix de son organisation et échanger sur des solutions concrètes pour sensibiliser les jeunes et défendre une presse libre.

Désinformation et santé mentale : un enjeu sous-estimé

 

Parmi les premières interventions, le Dr Hemes Nkwa de YOHEDA a mis en lumière un aspect souvent sous-estimé : l’impact de la désinformation sur la santé mentale.

« Les fake news et rumeurs alimentent la peur, la confusion, l’anxiété sociale et une perte de confiance entre communautés et institutions », a-t-elle averti.

De ce fait, à l’approche d’élections cruciales, ce « climat informationnel toxique » risque d’exacerber les tensions et de peser sur le bien-être collectif. Son appel est clair : il faut intégrer fact-checking, EMI et santé publique pour des sociétés plus résilientes.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une réponse institutionnelle en construction

 

De son côté, Habibou Dia, directeur de la communication au ministère sénégalais de la Communication, a proposé une stratégie structurée. Il a insisté sur la fiabilité de l’information via un fact-checking renforcé, des partenariats internationaux et des cellules de vérification dans chaque rédaction. En plus,  Il a demandé d’ accorder la priorité aux jeunes et aux publics vulnérables hors circuit scolaire, tout en garantissant liberté d’expression et accès à l’information.

« Rapprochons le fact-checking et l’EMI des citoyens, sur toutes les plateformes où ils s’informent », a-t-il lancé, soulignant un défi collectif pour l’avenir.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Liberté de la presse : un fil rouge sous tension

 

Au fil des débats, un fil rouge émerge : la liberté de la presse sous pression en Afrique de l’Ouest. Des journalistes arrêtés ou intimidés au nom de la « sécurité nationale » ou de la « lutte contre les fake news » instillent un climat de peur, ce qui favorise l’autocensure et prive les citoyens d’un débat pluraliste.

« Défendre les journalistes, c’est protéger le droit de chacun à une information libre, laquelle est essentielle à la démocratie », résume un participant.

En somme, pour les Africains, le fact-checking n’est pas un luxe, mais une nécessité pour les jeunes, les médias et les démocraties.

Alors que le sommet entre dans sa seconde et dernière journée, ces échanges posent les bases d’actions concrètes. Un pas de plus vers un continent mieux armé contre les récits toxiques, une vérification à la fois.

 

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective en marche

 

En conclusion, à Dakar, l’Africa Facts Summit 2025 trace une voie claire : celle d’un continent qui s’organise pour contrer la désinformation, protéger ses médias et renforcer la démocratie. Une vérification à la fois, les acteurs africains bâtissent un écosystème informationnel plus juste, plus fiable et plus résilient.

Gen Z 212 : la jeunesse marocaine secoue les rues

Ce qui n’était qu’un fil de discussion sur Discord est devenu un mouvement national. En effet, le collectif Gen Z 212, né en ligne le 18 septembre, mobilise des milliers de jeunes dans les rues du Maroc pour dénoncer les inégalités et les dysfonctionnements des services publics.

 

Rabat, 2 octobre 2025 – Mercredi midi, sur les places ombragées de Rabat, un groupe de jeunes, smartphones en main, scande des slogans rythmés par des tambours improvisés. Ce qui a commencé comme un fil de discussion sur Discord s’est mué en manifestations dans une dizaine de villes : Casablanca, Agadir, Marrakech.

Le collectif Gen Z 212 – un clin d’œil au code téléphonique du Maroc – rassemble des milliers de voix, dans le but de réclamer des réformes concrètes : éducation, santé, transparence. Ainsi, entre tambours improvisés et slogans viraux, une génération connectée impose sa voix dans l’espace public.

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

De Discord aux rues : naissance d’un mouvement

 

Avec plus de 100 000 membres sur son serveur Discord, et des relais sur TikTok et Telegram, le mouvement a émergé d’une frustration palpable : un chômage des jeunes flirtant avec les 35-39 %, des hôpitaux sous-équipés et des écoles délaissées, tandis que des fonds massifs sont alloués aux stades de la Coupe du monde 2030.

De plus, la mort de huit femmes dans un hôpital mal approvisionné à Agadir a cristallisé la colère. Ce drame, perçu comme le symbole d’une négligence systémique, a transformé la frustration numérique en mobilisation physique. Par conséquent, les cortèges réclament des « hôpitaux, pas de stades », et une gouvernance transparente.

Gen Z 212 :  des rassemblements sous tension

 

Depuis le 27 septembre, les manifestations ont gagné Casablanca, Marrakech, Agadir et d’autres villes. Toutefois, initialement pacifiques, elles ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, ce qui a conduit à des véhicules incendiés et des bâtiments publics vandalisés. Le bilan est lourd : au moins deux morts – dont un à Lqliaa près d’Agadir, où la police a ouvert le feu en invoquant la légitime défense –, plus de 400 arrestations et 280 blessés, majoritairement des agents. Néanmoins, les manifestants, âgés de 18 à 22 ans pour la plupart, insistent sur leur engagement non violent, accusant des infiltrés de semer le chaos pour discréditer le mouvement.

Réactions gouvernementales et promesses de réformes

 

Sous pression, le gouvernement promet des discussions ainsi que des réformes. Cependant, le ministère de l’Intérieur, par la voix de son porte-parole Rachid El Jalfi, évoque des « transgressions aux mesures de sécurité » pour justifier les interventions. Sur X, les voix du collectif réaffirment leur engagement non violent : « Nous ne sommes pas des fauteurs de troubles, mais une génération d’éveil et de responsabilité. »

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

Une jeunesse connectée face à l’immobilisme

 

Ce soulèvement s’inscrit également dans une dynamique mondiale portée par la Gen Z. Numérique, structurée et déterminée, cette jeunesse marocaine refuse l’attentisme. À Discord, les débats continuent ; dans les rues, l’appel à un Maroc plus juste résonne, un slogan à la fois.

 

Gen Z 212 : une génération connectée, une démocratie en mouvement

 

En définitive, le soulèvement du collectif Gen Z 212 ne se résume pas à une mobilisation ponctuelle : il incarne une rupture générationnelle, portée par des jeunes qui refusent le silence face aux inégalités. En d’autres termes, en investissant les rues comme les plateformes numériques, cette jeunesse marocaine redéfinit les codes de l’engagement citoyen.

À travers leurs slogans, leurs revendications et leur organisation décentralisée, les membres du mouvement posent une question essentielle : quelle place accorder à une génération qui veut construire, et non subir, l’avenir de son pays ?