Cotonou, le 28 août 2024 – La Communauté Nationale des Dignitaires des Cultes des Morts Yoruba « Oro-Egun-Abikou-Guèlèdè-Gounouko » (CONADICUMOYO) a décidé de prendre des mesures drastiques pour tenter de rétablir l’ordre au sein des cérémonies Egun-gun. Face à une recrudescence d’actes de vandalisme et de désacralisation lors de ces manifestations, les dignitaires ont appelé à une suspension temporaire des cérémonies publiques.
Dans un communiqué conjoint, les responsables de la CONADICUMOYO, Baba ADÉCHINA Gbododjou Luc, Baba ADÉLAWA Robert Famouyiwa et Baba OGOULOLA C. Basile, ont exprimé leur profonde inquiétude face à la « banalisation » des cultes endogènes. Les violences, les profanations et les comportements agressifs de certains participants auraient terni l’image de ces rites ancestraux.
Des mesures restrictives de la CONADICUMOYO pour préserver les traditions
Pour tenter de remédier à cette situation, la CONADICUMOYO a décidé de :
- Suspendre les cérémonies publiques : Seules les manifestations initiées par l’État béninois seront autorisées. En prévision de l’établissement des Cellules de base pour les Comités exécutifs locaux au sein des districts, cette mesure reste en attente.
- Interdire les manifestations spectaculaires à titre définitif : des tams-tams Egun-gun dans le Littoral.
- Finir l’installation anarchique des autels « Ojubo » à chaque coin de rue.
Par ailleurs , les dignitaires ont décidé de bannir définitivement toute sortie de revenants portant des toges agressives, surnommées de manière irrégulière »Tailleur, Shango, Adjanan kpatakpo, etc. », et munies de fouets ou d’objets coupants ; il ont également interdire les rites »Oro » et »Abikou » dans la ville de Cotonou et ses environs, étant donné que les forêts sacrées sont désignées comme espaces exclusifs pour ces pratiques cultuelles. Enfin, ces mesures visent à ramener les cérémonies Egun-gun à leur dimension familiale et à les préserver de toute dérive.
Un enjeu de société
En outre, cette décision de la CONADICUMOYO soulève de nombreuses questions. Comment concilier la liberté de culte avec le maintien de l’ordre public ? Comment préserver les traditions tout en les adaptant à l’évolution de la société ? Ces interrogations feront l’objet de débats au sein de la société béninoise.
Les défis à relever
La mise en œuvre de ces mesures ne sera pas sans difficulté. Il faudra notamment mettre en place un dispositif de contrôle pour faire respecter les interdictions et trouver des solutions pour permettre aux fidèles de continuer à pratiquer leurs cultes dans le respect des règles.
En somme, cette décision de la CONADICUMOYO est susceptible de susciter des réactions diverses au sein de la société béninoise. Si certains saluent cette initiative pour préserver les traditions, d’autres pourraient y voir une atteinte à leur liberté de culte.