Culture : Plaidoyer pour une réparation historique et symbolique

Le centre culturel “Artisttik Africa” a abrité, dans la soirée du mardi 4 février, une conférence-débat animé par Karfa Sira Diallo, franco-sénégalais. Il a été accompagné par Camille Amouro, béninois, et Jean Lherisson (Haïti). Cet événement a eu lieu dans le cadre de la célébration de l’événement “ Black History Month” et ce, en présence des élèves, étudiants et autorités à divers niveaux.

C’est avec un texte de René Depestre, écrivain haïtien, que Karfa Sira Diallo a commencé sa conférence. C’est une manière pour lui, de montrer à tout le monde que nous devons beaucoup à Haïti. Ce peuple a joué un grand rôle dans l’abolition de la traite des Noirs et de l’esclavage. « Si la France, le 4 février 1794, abolit la traite de l’esclavage, il est vrai que c’est grâce à l’action des français et de la révolution française qui a mis en faveur l’abolition de l’esclavage et de la traite des Noirs. Ce sont des Blancs révolutionnaires qui ont pensé que de la même façon le peuple français pourrait se soulever contre la monarchie, les Noirs avaient aussi le droit à la liberté », a confié Karfa Sira Diallo. Il s’est beaucoup plus accentué sur les cultures afro-descendantes. Il a profité de cette occasion pour faire un plaidoyer envers les autorités béninoises. Son plaidoyer consiste à ce que le Bénin vote une loi qui déclare l’esclavage et la traite négrière, comme des « crimes contre l’humanité ». Karfa Sira Diallo n’a pas passé sous silence le système colonial. « Ce système générait des ressources considérables. Il a été à la base de la richesse de plusieurs Nations occidentales et américaines », a-t-il souligné. Selon lui, Bordeaux fait partie de ces villes qui s’est enrichies grâce à l’esclavage et à la traite des Noires. Il y a aussi des villes comme Nantes, La Rochelle, Lorient, Marseille, etc. « Toute la prospérité du 18ème siècle est bâtie sur le sang, la sueur et les larmes des Africains, des Noirs ainsi que de leurs descendants », a déclaré Karfa Sira Diallo.

Lors de cette conférence, Karfa Sira Diallo est accompagné de Camille Amouro (Bénin) et de Jean Lherisson (Haïti). De leur côté, ils ont évoqué, respectivement, les abolitions, les tendances abolitionnistes dans le Golfe du Bénin (ancienne Côte des Esclaves) et l’histoire de l’Indépendance d’Haïti. Présent à cette conférence, Orden Alladatin, président de la commission des lois et des droits de l’homme à l’Assemblée nationale, juge utile la problématique mise en évidence. « Le contenu du plaidoyer est clair. Il faut que l’on restaure l’identité noire et que l’on reconnaisse le tort qui a été causé », a-t-il notifié. Selon lui, ce plaidoyer est une réparation, mais elle est beaucoup plus psychologique. Le député a rassuré du fait que cette loi sera étudiée à la plénière lors des assises à l’Assemblé.

Par ailleurs, dans la journée du mercredi 5 février 2020, Karfa Sira Diallo, Jean Lherisson et Adrien Guillot ont été reçus par le président de l’Assemblée nationale et du président de la commission des lois et des droits de l’homme, Orden Alladatin, pour pouvoir poursuivre le plaidoyer et inscrire cette problématique dans le corpus législatif béninois. En effet, si une telle loi est prise, cela va permettre au pays d’établir une politique mémorielle durable.

 

 

 

Légende : Casimir Agbla sur scène à Artisttik Africa

Le centre culturel “Artisttik Africa” a accueilli, samedi 25 janvier 2020, sur scène, la représentation de la pièce de théâtre Les confessions de Soweto, écrite et mise en scène par Hermas Gbaguidi. Elle a été présentée par Casimir Agbla alias “Dom-Dom”, comédien béninois, devant plus de 200 spectateurs.

Les confessions de Soweto. Telle est la pièce de théâtre mise en scène, samedi dernier, dans la grande salle du Centre “Artisttik Africa”. Cette pièce est une manière pour Hermas Gbaguidi, auteur et metteur en scène, de rendre hommage à Aristide Sagbo alias “Soweto”. Fils d’un boxeur, Soweto a commencé très tôt sa carrière de boxeur. Il a connu sa première victoire sur le ring en 1991. En 7 ans, de 1991 à 1998, il a disputé 9 combats avec titre en jeu. Il en a remporté 8 dont le dernier remonte au 15 août 1998. Compte tenu de sa détermination, il a été consacré champion d’Afrique à vie. 19 ans après son décès, Hermas Gbaguidi est allé sur les traces de l’histoire du champion et a révélé au public sa vraie histoire. De cette pièce, l’on peut comprendre que la boxe a été imposée à lui par son père. Malgré ses tentatives d’abandonner cette discipline, son père ne le lui permet pas. Il lui fait comprendre que la boxe est sa vie et qu’il n’y a pas une meilleure vie pour lui ailleurs. Son but est de ramener l’image de l’œuvre d’Aristide Sagbo, alias “Sowéto’’ dans la mémoire collective.

Le fait de suivre ce spectacle a permis à plusieurs de mieux comprendre la vie de cet illustre disparu. « J’ai beaucoup apprécié ce spectacle. J’ai été curieux et surpris de découvrir l’histoire de Soweto », a confié Adrien Guillot, directeur général de “Cotonou Creative”. Pendant ce moment de scène, trois points différents ont retenu son attention. « Après avoir suivi ce spectacle, j’ai ressenti, d’abord, le plaisir de découvrir une partie de l’histoire du Bénin. Puisque ce sont les petites histoires qui en font les grandes. Ensuite, j’ai apprécié la qualité du travail de l’auteur. Ce dernier a la capacité de tirer de ces petites histoires ce qui fait l’humanité. Enfin, j’apprécie le talent de Casimir Agbla. C’est un étudiant que j’ai eu la chance de connaître à l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin (Eitb) », a détaillé Adrien Guillot. De son côté, Stéphane Adogony, artiste chanteur, ce spectacle, chargé d’émotion, lui a apporté un plus à tout ce qui se dit et révèle aussi la vraie vie du héros Africain.