BERD : Virage stratégique vers l’Afrique et le Moyen-Orient

La BERD ouvre un nouveau chapitre: expansion en Afrique subsaharienne et en Irak

Dans une avancée audacieuse vers une portée géographique élargie, les actionnaires de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) ont entériné, le 21 avril à 14 h 00 GMT, une modification de l’article 1 de ses statuts, autorisant l’extension de ses opérations à certains pays d’Afrique subsaharienne et à l’Irak. En effet, cette décision, qui fait suite à l’approbation initiale du Conseil des gouverneurs lors de l’Assemblée annuelle de 2023 à Samarkand, entrera en vigueur dans trois mois, soit le 21 juillet 2025. À l’approche de sa 34ᵉ Assemblée annuelle, prévue du 13 au 15 mai 2025 à Canary Wharf, Londres, la BERD pose les jalons d’une nouvelle ère d’innovation et de coopération internationale.

Une modification stratégique pour un rayonnement élargi

L’amendement de l’article 1, qui définit l’objet et la portée géographique de la BERD, marque un tournant pour une institution créée en 1991 pour soutenir les économies post-communistes d’Europe de l’Est. Désormais, la Banque pourra investir dans des pays d’Afrique subsaharienne et en Irak, renforçant ainsi son modèle axé sur le développement du secteur privé et les réformes structurelles. Cette décision reflète les liens économiques croissants entre les régions actuelles d’opération de la BERD et ces nouveaux territoires, où le potentiel de croissance privée est jugé significatif.

Le processus, amorcé en 2023, a franchi une étape décisive avec l’atteinte du seuil d’approbation requis par les actionnaires. La présidente de la BERD, Odile Renaud-Basso, a salué cette avancée  : «  La modification de l’article 1 est une étape cruciale vers l’expansion géographique de la banque.  »  « Elle pave la voie à l’octroi du statut de pays récipiendaire, permettant le lancement de nos premières opérations dans ces régions.  »

La BERD : une intégration progressive des nouveaux membres

La BERD a déjà accueilli le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et l’Irak comme actionnaires, tandis que le Sénégal, le Kenya et le Ghana finalisent leur adhésion. Ces pays devront obtenir l’approbation du Conseil des gouverneurs pour devenir des pays d’opération, un processus qui ne débutera qu’après l’entrée en vigueur de l’amendement. Selon les projections, les premiers investissements dans ces territoires ne verront pas le jour avant 2025, permettant à la Banque de préparer une implantation méthodique. Une analyse préalable a identifié le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Nigeria et le Sénégal comme des candidats prioritaires en Afrique subsaharienne, en raison de l’adéquation de leurs économies avec le modèle de la BERD.

Cette expansion s’inscrit dans une stratégie de long terme, limitée à six pays subsahariens d’ici à 2030, et intègre l’Irak au sein de la région Méditerranée orientale et méridionale (SEMED), où la Banque opère déjà en Égypte, en Jordanie et en Tunisie. L’Irak, devenu le 74ᵉ actionnaire en novembre 2023, bénéficie ainsi d’un cadre propice à des investissements futurs.

Les actionnaires de la BERD valident l’expansion en Afrique subsaharienne et en Irak, effective dès juillet,Une assemblée annuelle sous le signe de l’ambition

La 34ᵉ Assemblée annuelle, qui se tiendra pour la première fois à Londres depuis 2016, s’articulera autour du thème «  Élargir les horizons, maintenir les forces  ». Cet événement, prévu du 13 au 15 mai 2025, offrira une tribune pour dévoiler le nouveau Cadre Stratégique et de Capital de la BERD pour 2026-2030, qui intégrera cette expansion géographique. Avec 75 actionnaires nationaux, auxquels s’ajoutent l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement, la BERD s’appuie ainsi sur une coalition robuste pour soutenir les transitions économiques, en combinant investissements, conseils et réformes politiques.

Un avenir à construire

L’extension des opérations de la BERD en Afrique subsaharienne et en Irak ouvre des perspectives prometteuses pour le développement économique, mais soulève également des interrogations. Comment la Banque conciliera-t-elle ses ambitions globales avec les défis locaux, tels que l’instabilité en Irak ou les disparités économiques en Afrique subsaharienne  ? Alors que la BERD s’apprête à déployer son expertise dans ces nouveaux territoires, l’équilibre entre croissance inclusive et durabilité restera au cœur de son action, dans un monde en quête de transitions équitables.