Patrice Talon : Une odyssée citoyenne en terre béninoise

Alors que l’aube politique de 2026 se profile à l’horizon, le Président Patrice Talon entame une traversée singulière : une immersion dans les 77 communes du pays, telle une ultime litanie avant la passation. En effet, cette pérégrination, qui s’ouvrira en avril, n’est pas un simple exercice de routine. Elle s’apparente à un dialogue postulatoire entre un chef d’État et sa nation, une symphonie d’adieux où chaque note résonne de réalisations et d’interrogations.

Un bilan en marche : entre héritage et écoute

À l’image d’un architecte scrutant les fissures de son édifice, Talon procurera le territoire pour ausculter l’impact des réformes lancées depuis son accession en 2016. Infrastructures, économie, gouvernance : ces piliers de sa mandature seront exposés, non comme un catalogue figé, mais comme un palimpseste à déchiffrer avec les populations. « Il s’agit de confronter l’œuvre à ses destinataires », confie un conseiller présidentiel, soulignant une volonté de « bilan incarné ».

Cette démarche n’est pourtant pas une nouveauté. En 2021, à l’orée de son second mandat, Talon avait déjà sillonné le pays, tissant un lien direct avec les citoyens. Mais aujourd’hui, l’exercice revêt une tonalité différente : celle d’un testament politique. À un an de la présidentielle, chaque rencontre pourrait être interprétée comme une ultime embrassade avant une sortie de scène annoncée.

Le spectre du troisième mandat : une porte constitutionnelle close

Par ailleurs, dans l’échiquier politique africain, où les prolongations controversées font souvent les manchettes, la position de Talon intrigue. Interpellé par RFI et France 24 sur un éventuel troisième mandat, le président a opposé une fin de non-recevoir, brandissant la Constitution comme un rempart. « Les Béninois tiennent à la limitation des mandats. » « Ça ne sera pas moi, ni à mon initiative, qui changerait cela », a-t-il martelé, refermant avec fermeté le boîtier des conjectures.

D’ailleurs, cette déclaration, teintée d’un lyrisme inhabituel, révèle une stratégie : ancrer son héritage dans l’irréversibilité des réformes. En invoquant une différence béninoise,une stabilité politique contrastant avec les tumultes régionaux, Talon se pose en gardien d’une norme constitutionnelle devenue lodestar.

Une tournée-catharsis : adieux ou prémisses ? 

Si certains analystes y voient une valedictoire, d’autres perçoivent dans cette odyssée une semence pour l’avenir. En exposant les réalisations, routes asphaltées, hubs économiques, numérisation administrative, le chef de l’État ne cultiverait-il pas un terreau favorable à un successeur choisi ? « Cette tournée est autant un au revoir qu’un manifeste en mouvement », analyse un politologue béninois, évoquant une « pédagogie de la continuité ».

Reste que l’opposition, bien que fragmentée, guette les silences. Les zones d’ombre, les inégalités persistantes, les tensions sociales pourraient émerger lors des échanges, rappelant que tout bilan porte en lui ses ombres portées.

L’heure des comptes

En somme, en parcourant le Bénin, Talon ne fait pas que clore un chapitre ; il invite à une lecture critique de sa décennie au pouvoir. Entre adieux et legs, cette tournée dessine les contours d’une transition où le président semble vouloir troquer l’écharpe présidentielle contre le rôle de sage institutionnel. Dans un continent où les sortants peinent à quitter l’arène, le Bénin écrira-t-il une nouvelle page ou suivra-t-il une partition connue ? La réponse, peut-être, se niche dans les interstices de ce dialogue national.

Bénin : la facture salée de l’amnésie numérique

Alors que le Bénin rêve de hisser son économie sur les rampes du numérique, un coup de tonnerre réglementaire vient fissurer l’euphorie technophile. L’ARCEP-Bénin a infligé, le 15 janvier 2025, une amende historique de 4,8 milliards de FCFA aux géants MTN et Moov Africa pour désertion connectique,un camouflet sans précédent dans un pays où 52 % de la population navigue encore en zone blanche. Une sanction qui sonne comme un aveu : derrière les promesses de couverture universelle, le pays bute sur une fracture numérique chronique.

MTN et Moov Africa : Réseaux fantômes, factures bien réelles 

D’après les audits de l’ARCEP, ni MTN ni Moov Africa n’ont honoré leurs engagements de couvrir les axes routiers et les arrondissements en 3G/4G de 2020 et 2021. Les résultats sont catastrophiques avec un bilan lunaire : sur 99 arrondissements contrôlés en 2023, MTN n’a brillé que dans le 5ᵉ de Porto-Novo (en 3G), tandis que Moov affichait un zéro pointé absolu. Les artères économiques vitales Cotonou-Malanville, Parakou-Djougou restent quant à elles des corridors du silence numérique, privant voyageurs et entrepreneurs de tout accès fiable.

Malgré une mise en demeure en 2022, les deux opérateurs ont persisté dans une inertie infrastructurale, poussant l’ARCEP à actionner l’article 239 du Code du numérique. Résultat : MTN écope de 3,35 milliards de FCFA (1,5 % de son CA 2023), Moov de 1,5 milliard à verser sous 60 jours. Un rappel à l’ordre financier qui cache mal un paradoxe : comment ces mastodontes, piliers d’un secteur contribuant à 960 milliards de FCFA au PIB en 2023, ont-ils pu déserter le front de la connectivité ?

GSMA : l’économie béninoise suspendue à un clic  

Dans un ironique contretemps, la GSMA a publié le 30 janvier dernier un rapport prophétisant un boom numérique : une transformation digitale boostant le PIB de 1 200 milliards de FCFA d’ici à 2028, créant 300 000 emplois et générant 150 milliards de recettes fiscales. Agriculture, industrie, transport, tous les secteurs y gagneraient, à condition de combler l’abîme entre villes connectées et campagnes oubliées.

« Le Bénin est à un carrefour : soit il devient un laboratoire de l’inclusion numérique, soit il reste prisonnier de ses zones grises», analyse Angela Wamola, directrice Afrique subsaharienne de la GSMA. Un plaidoyer pour des réformes urgentes : révision des indicateurs de couverture, baisse des taxes sectorielles, subventions aux terminaux mobiles… Autant de leviers pour transformer l’essai.

Sanctions ou électrochoc pour MTN et Moov Africa?

Si les amendes font tiquer, elles révèlent une régulation enfin musclée. Mais l’ARCEP joue aussi aux funambules : sanctionner tout en accordant un nouveau sursis de 12 mois aux opérateurs, c’est risquer de légitimer une culture du rattrapage perpétuel. « Ces pénalités doivent être un vaccin, pas un pansement », tempête un expert sous couvert d’anonymat.

Pendant ce temps, les utilisateurs ruraux, eux, patientent. Comme Adélaïde, commerçante à Kpédékpo : « Ici, le réseau, c’est une légende. » « On paie des forfaits pour des barres de connexion fantômes. » Un cri du cœur qui résume l’enjeu : le Bénin pourra-t-il concilier sanctions exemplaires, promesses industrielles et urgence citoyenne ?

L’heure des choix technopolitiques 

Le rapport de la GSMA esquisse une feuille de route : moderniser les licences télécoms, libérer les fréquences, former aux compétences digitales… Autant de chantiers qui exigent un dialogue serré entre État, opérateurs et société civile. Car sans investissements ciblés et transparence, les 1 200 milliards de PIB promis resteront un mirage statistique.

Alors que MTN et Moov mijotent leur riposte, une question persiste : ces sanctions marquent-elles un tournant ou un épisode de plus dans la saga des engagements en pixelographie ? Réponse en 2026, à l’échéance de la nouvelle mise en demeure. D’ici là, le Bénin devra trancher : être un élève modèle du numérique… ou un éternel aspirant.

Les Guépards du Bénin écrivent leur légende en Davis Cup

Cotonou, 3 février 2025 –  Sous un soleil implacable, les courts de l’hôtel Sofitel de Cotonou ont vibré dimanche après-midi au rythme d’une épopée sportive sans précédent. Les Guépards du Bénin, portés par une ferveur nationale électrique, ont terrassé la Lettonie (3-2) en play-offs du Groupe Mondial II de la Dans une victoire historique, les Guépards du Bénin ont triomphé de la Lettonie 3-2 en Davis Cup, se qualifiant pour la première fois , décrochant leur billet pour la première fois de leur histoire dans l’antichambre de l’élite mondiale. Une victoire ciselée dans l’urgence, où chaque balle a ressemblé à un manifeste de résilience.

Le double, symphonie d’expérience et de jeunesse 

La journée décisive s’est ouverte sur un duo improbable : Alexis Klegou, vétéran de 36 ans au revers aussi tranchant que son mental, et Prince Gandonou, dauphin de 21 ans au service fulgurant. Face aux Lettons Aleksandrs Sotikovs et Robert Strombachs, les Béninois ont orchestré une valse tactique sans fausse note. En deux sets limpides (6-3, 6-3), ils ont verrouillé le filet, transformant chaque amorti en sentence. Le score bascule à 2-1 pour le Bénin, mais l’ombre de Strombachs, numéro un letton, plane déjà.

Strombachs, le réveil d’un géant

Réduit à l’état de spectateur lors du double, Robert Strombachs a brandi sa raquette comme une épée. Face à un adversaire béninois anonyme dont le nom s’est perdu dans l’ouragan letton, il a signé un carnage technique (6-1, 6-1), égalisant à 2-2. En quarante-huit minutes, le joueur a rappelé pourquoi il trône au 145ᵉ rang mondial, offrant à son équipe un sursis inespéré.

Davis Cup : Monnou, le substitut messianique

Alors que tous attendaient le retour de Klegou pour l’ultime bataille, le capitaine béninois a jeté son joker : Sylvestre Monnou, 28 ans, habitué de l’ombre. Face à Daniels Tans, 23 ans et 320ᵉ mondial, le Béninois a déployé un tennis de samouraï en transe. Son jeu, mélange de l’obs assassin et de passing-shots millimétrés, a désarticulé le Letton. En deux sets (6-3, 6-3), Monnou a scellé le destin du match, déclenchant une marée humaine sur les courts.

Une victoire aux multiples facettes

Ce succès, au-delà des chiffres, raconte une métamorphose :

– Gandonou, l’héritier : le jeune Prince a confirmé son statut de prodige, combinant audace et sang-froid.

– Klegou, le patriarche : son leadership a transcendé les générations, prouvant que l’expérience reste un capital inestimable.

– Monnou, l’inattendu : remplaçant de dernière minute, il incarne désormais la profondeur stratégique d’une équipe en pleine ascension.

L’envers du décor : un pari tactique osé 

La décision de remplacer Klegou par Monnou aurait pu virer au fiasco. Interrogé, le capitaine béninois a justifié son choix : « Alexis avait donné son âme en double. » « Nous avions besoin de fraîcheur, et Sylvestre possède un jeu déstructurant qui correspondait à Tans. » Un calcul risqué, mais visionnaire.

Le Bénin intègre le Groupe Mondial II, devenant le quatrième pays subsaharien à atteindre ce niveau après l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et l’Ouganda. Prochain défi : pérenniser cette percée en structurant un vivier de jeunes talents et en attirant des sponsors. La Fédération annonce déjà un plan Marshall incluant la construction de centres d’entraînement high-tech à Parakou et Natitingou.

Sur le court, Klegou résume l’état d’esprit : « Cette victoire n’est pas un aboutissement, mais un tremplin. » « Nous avons montré que le tennis africain n’est pas un folklore, mais une force en devenir. »

Alors que la Lettonie sombre dans le groupe III de la Davis Cup, le Bénin, lui, regarde vers les cimes. Reste à savoir si les Guépards sauront transformer cet exploit en révolution durable… ou s’ils resteront les étoiles filantes d’un continent en quête de légendes.

 

Moov Africa Bénin dans l’œil du cyclone réglementaire

Alors que le Bénin aspire à hisser son drapeau dans l’arène numérique africaine, un coup de semonce réglementaire vient de fissurer le paysage des télécoms. En effet, l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP-Bénin) a infligé, le 15 janvier dernier, une amende cinglante de 1,5 milliard de FCFA à Moov Africa Bénin SA. Motif : un maillage défaillant de ses réseaux 3G et 4G, laissant des pans entiers du territoire en proie à une connectivité fantôme. Une sanction qui sonne comme un réquisitoire contre les promesses non tenues.

Moov Africa Bénin  : un cahier des charges en lambeaux

Dès 2020, Moov Africa s’était engagé à tisser une toile 3G sur l’ensemble du territoire, suivie d’une couverture 4G en 2021, des échéances inscrites dans l’article 42 de son cahier des charges. Mais les audits de l’ARCEP, menés en 2021 puis en 2023, ont révélé un désert numérique persistant. Sur 526 arrondissements contrôlés, seuls 17 affichaient une 3G viable et 16 une 4G fonctionnelle. Pis, les principaux axes routiers de Cotonou à Malanville ou de Parakou à Djougou naviguaient dans un noir électronique, privant voyageurs et riverains de tout signal digne de ce nom.

Mise en demeure, mise en échec

Malgré un ultimatum de 12 mois lancé en 2022, le récent audit (août-novembre 2023) a confirmé l’inertie opérationnelle de l’opérateur. Aucun des 10 axes routiers stratégiques, artères économiques du pays, ne répondait aux normes. Pire : sur 99 arrondissements réexaminés, zéro conformité fut enregistrée, selon le rapport. Un constat accablant qui a poussé l’ARCEP à actionner le levier financier : 1,5 % du chiffre d’affaires 2023 de Moov, soit 1 506 290 505 FCFA, devront abonder le Trésor public sous 60 jours.

Double peine, double défi  

Outre l’amende, l’opérateur se voit accorder un sursis connecté de 12 mois pour combler ses lacunes. L’article 3 de la décision n°2025-012/ARCEP/PT/SE/DJPC/GU acte cette dernière chance, sous peine de sanctions aggravées. Pour Moov, l’enjeu est désormais de sortir d’une spirale de défiance, dans un marché où son concurrent historique, MTN, domine sans partage.

Les zones grises du progrès

Cette sanction, la plus lourde jamais imposée dans le secteur au Bénin, interroge au-delà du cas Moov. Elle révèle les angles morts d’une transition numérique souvent célébrée à coups de communiqués triomphants. « Comment expliquer qu’en 2025, des villes comme Porga ou Kpédékpo restent des zones blanches ? », s’insurge une utilisatrice sur les réseaux sociaux. L’ARCEP, quant à elle, campe sur sa ligne : « La couverture universelle n’est pas négociable », assène un porte-parole, rappelant que le droit à la connectivité est un droit citoyen.

Si certains saluent une régulation enfin musclée, d’autres dénoncent un écran de fumée dans un pays où seuls 48 % de la population ont accès à internet. Pour Kévin Adjahouin, analyste en politiques technologiques, « cette amende doit être un électrochoc pour tout le secteur ». « Le Bénin ne peut être à la fois un hub d’innovation et un territoire en quarantaine numérique. »

Alors que Moov Africa mijote sans doute son plan de rattrapage, les Béninois, eux, attendent une seule chose : que leurs barres de réseau cessent de ressembler à des fantômes. L’histoire dira si cette sanction marque un tournant… ou reste un épisode de plus dans une saga de promesses en pixellisation.

 

Le Mono, artère vitale d’une hydro-solidarité naissante

Grand-Popo/Bénin, 3 février 2025 – Sur les rives du Mono, fleuve frontière entre le Bénin et le Togo, une symphonie d’espoirs s’est élevée  jeudi  dernier avec le lancement officiel de l’Initiative Régionale pour l’Eau et l’Environnement (IREE-Mono). en effet , ce projet, nourri par un financement de 5 millions USD du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), aspire à réconcilier écologie et économie, tout en tissant une coopération transfrontalière inédite. Un pari audacieux pour ce bassin fluvial, longtemps témoin silencieux de défis climatiques et de rivalités territoriales.

Une cérémonie sous le signe de l’écosystème diplomatique

En présence des préfets, ministres et représentants de la société civile des deux nations, le lancement a transcendé les protocoles habituels. Le Préfet du Mono, en ouverture, a salué une « alliance contre la fatalité », rendant ainsi hommage aux partenaires techniques et aux communautés locales, « gardiennes oubliées des eaux ». Par ailleurs, le Directeur Exécutif de l’Autorité du Bassin du Mono (MBA) a, quant à lui, comparé le projet à « un baobab dont les racines doivent puiser dans l’intelligence collective », insistant sur l’urgence d’une gouvernance transaquatique, néologisme désignant une gestion unifiée des ressources hydriques par-delà les frontières.

En plus, l’UICN, bras technique de l’initiative, a promis de « fertiliser les dialogues » via des approches inclusives, tandis que le Togo a plaidé pour un « partage équitable des pluies et des responsabilités ». Du côté béninois, le Secrétaire Général du Ministère des Eaux et des Mines a martelé : « Ce fleuve n’est pas une frontière, mais un cordon ombilical. » « Protéger sa biodiversité, c’est préserver notre ADN commun. »

L'Initiative Régionale pour l'Eau et l'Environnement (IREE-Mono), financée par le FEM, vise à réconcilier écologie et économie Trois piliers pour une renaissance bleu-vert

D’ailleurs, structuré en trois volets, le projet combine pragmatisme et ambition.

1. L’évaluation et la planification : une Analyse Diagnostique Transfrontalière (ADT) cartographiera les enjeux écologiques et économiques, suivie d’un Plan d’Action Stratégique (PAS) visant à transformer le bassin en « laboratoire de résilience climatique ».

2. Le renforcement des capacités : les comités locaux de l’eau, souvent marginalisés, seront érigés en « sentinelles des aquifères », formés aux techniques de gestion intégrée.

3. La gestion des connaissances : une plateforme de données ouvertes servira de « vigie numérique », permettant un suivi en temps réel des ressources et des pollutions.

En parallèle, des initiatives pilotes de restauration de mangroves, d’agriculture climato-intelligente agiront comme « leviers de preuve » pour démontrer l’impact d’une écologie appliquée.

Un financement sous tension géopolitique

Bien que porté par le FEM, l’IREE-Mono devra naviguer entre les écueils bureaucratiques et les attentes divergentes. La première réunion du Comité de Pilotage Régional, tenue les 27 et 28 janvier, a révélé des frictions sur l’allocation des fonds. Certains membres ont plaidé pour un « budget carbone » priorisant les zones les plus érodées, tandis que d’autres ont défendu des investissements dans l’aquaculture communautaire.

L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) et le Partenariat Mondial de l’Eau (GWP-AO), co-exécuteurs, devront incarner des médiateurs techniques. « Sans une transparence absolue, ce projet deviendra un miroir aux alouettes », avertit un délégué togolais sous anonymat.

L’ombre portée des défis

Si les discours célèbrent une « nouvelle ère hydro-diplomatique », les obstacles restent tangibles. Les conflits d’usage entre agriculteurs et pêcheurs, la pression des industries extractives et la méfiance historique entre villages frontaliers menacent l’édifice. « Le vrai test sera de faire germer la confiance avant les arbres », confie une représentante d’une ONG locale.

Les quatre ans alloués au projet semblent un sprint face à l’urgence climatique. Pourtant, comme le rappelle un expert de l’UICN : « Les fleuves ignorent les calendriers politiques. » « Seuls comptent les cycles de l’eau… et de la patience. »

Le Mono, miroir de l’Afrique de demain ?  

En somme, l’IREE-Mono incarne plus qu’un projet environnemental : un laboratoire de cohésion régionale. En reliant restauration écologique et justice sociale, il pourrait aussi inspirer d’autres bassins transfrontaliers du continent, où 90 % des ressources en eau sont partagées entre États. Cette « solidarité pour l’eau » saura-t-elle résister aux sécheresses politiques et aux inondations bureaucratiques ?

 

Le Bénin, Phénix renaissant de sa puissance militaire : une métamorphose stratégique en huit actes

Alors que l’Afrique de l’Ouest traverse une période de turbulence sécuritaire, le Bénin, autrefois perçu comme un maillon faible, opère une mue spectaculaire. En huit ans, son armée s’est affranchie d’un héritage de vulnérabilités pour incarner un rempart régional.

En effet, les chiffres dévoilés par le ministre de la Défense, Fortunet  Alain  Nouatin, lors d’un bilan d’étape, dessinent une trajectoire aussi ambitieuse qu’inédite : le taux de disponibilité opérationnelle des forces armées, qui frôlait à peine 17 % en 2016, culmine aujourd’hui à 78 %, épousant les standards internationaux. Une renaissance orchestrée par un sursaut salvateur, mariant vision stratégique et pragmatisme.

Le Bénin, 2016-2024 : de la fragilité chronique à la résilience calculée 

« Il y a huit ans, nos unités peinaient à répondre aux menaces, et notre marine naviguait en eaux troubles, minée par la piraterie », confie le ministre, évoquant une époque où l’inertie menaçait de devenir fatale. Un diagnostic sans fard qui a catalysé un programme pluriannuel, structuré autour d’un triptyque audacieux : infrastructures, équipement et ressources humaines. Loin des ajustements cosmétiques, ce plan a insufflé une dynamique de mutations profondes.

Infrastructures : l’armature d’une nouvelle ère

Premier pilier, les infrastructures ont été repensées pour incarner une « ossature stratégique ». Des bases militaires dotées de technologies de pointe, des centres logistiques reconfigurés pour une réactivité optimale et des installations navales modernisées ont remplacé les vestiges d’un passé vétuste. « Nous avons bâti des citadelles de la sécurité, adaptées aux défis du XXIe siècle », résume un officier supérieur sous couvert d’anonymat.

Équipement : la fin de la pénurie tactique

Le deuxième volet a rompu avec une dépendance chronique aux équipements obsolètes. Le ratio « un soldat, un fusil d’assaut », longtemps inatteignable, est désormais dépassé. L’acquisition de véhicules blindés, d’hélicoptères de combat Mi-17 et H125M, ainsi que d’avions de surveillance Beechcraft King Air, a transformé l’arsenal béninois. La marine, hier paralysée, dispose aujourd’hui de patrouilleurs ultramodernes capables de traquer les menaces en haute mer.

Ressources humaines : l’humus de la performance

Avec plus de 9 000 recrues intégrées entre 2019 et 2025, l’armée a renouvelé son vivier, combinant jeunesse et expertise. Des programmes de formation accélérée, conçus avec l’appui de partenaires étrangers, ont hissé les compétences techniques et tactiques. « Nous avons insufflé une culture de l’excellence opérationnelle », souligne le ministre, insistant sur la « professionnalisation accélérée » des troupes.

Résultats : un bilan en demi-teinte… Mais porteur d’espoirs

Les fruits de cette métamorphose sont tangibles. Aucun acte de piraterie n’a été enregistré dans les eaux béninoises depuis fin 2021, un exploit pour un pays dont les côtes étaient jadis un sanctuaire de brigandage. Sur le front antiterroriste, les attaques se raréfient après des opérations ciblées ayant infligé des pertes lourdes aux groupes jihadistes. « L’armée est aujourd’hui pleinement opérationnelle », martèle Fortunet Alain Nouatin, sans occulter les défis persistants.

Le Bénin, 2026 : L’Acmé opérationnel en ligne de mire

Le Bénin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Objectif affiché : atteindre 96 % de disponibilité opérationnelle avant 2026. Un pari audacieux, qui exigera de pérenniser les investissements et de consolider les gains. « Cette progression n’est pas une fin en soi, mais un tremplin pour garantir notre souveraineté et contribuer à la stabilité régionale », précise le ministre, rappelant que la sécurité est un « bien commun ».

Entre ombre et lumière : le défi de la durabilité

Si les avancées impressionnent, certains observateurs pointent des écueils potentiels : dépendance accrue aux fournisseurs étrangers, risques de corruption dans les marchés d’équipement et pression budgétaire face à des ambitions colossales. « La vraie réussite sera de maintenir cette dynamique sur le long terme », analyse un expert ouest-africain, sous couvert d’anonymat.

Une nouvelle silhouette sur l’échiquier régional 

En conclusion, en se muant en acteur militaire crédible, le Bénin redéfinit son rôle dans un paysage sécuritaire ouest-africain en pleine recomposition. Cette ascension, aussi rapide que méthodique, pourrait inspirer d’autres nations aux prises avec des défis similaires. Reste à savoir si cette mue structurelle saura résister aux tempêtes à venir…

 

Chaïbou à Cotonou : une poignée de main qui sème les graines d’une diplomatie fraternelle

Cotonou, 31 janvier 2025 — Dans l’éclat feutré d’un après-midi béninois, le nouvel ambassadeur du Niger près du Bénin, M. Kadade Chaïbou, a déposé les copies figurées de ses lettres de créance entre les mains du ministre Shegun Bakari. Un rituel protocolaire, certes, mais empreint d’une symbolique puissante : celle d’un dégel calculé entre deux nations sahéliennes liées par une histoire enchevêtrée et des défis communs.

Cérémonie sous le signe de l’égrégore fraternel

L’instant, sobre mais éloquent, s’est déroulé dans un climat de cordialité délavée des habituelles rigidités diplomatiques. Vêtu d’un boubou aux motifs discrets, l’ambassadeur Chaïbou a marqué ses premiers pas sur le sol béninois par des remerciements appuyés envers le gouvernement hôte, soulignant « l’hospitalité tissée dans l’étoffe des relations séculaires ». Une allusion directe aux racines partagées des peuples Haoussa, Zarma, et Bariba, qui traversent les frontières comme des veines invisibles.

Face à lui, le ministre Bakari, gardien des clés de la diplomatie béninoise, a accueilli ce geste avec une gravité teintée d’optimisme. « Les lettres de créance ne sont pas de simples parchemins, mais des passerelles entre deux volontés politiques », a-t-il glissé en substance, rappelant que Niamey et Porto-Novo ont, ces dernières années, navigué entre méfiances épidermiques et accalmies tactiques.

Au-delà du protocole : les non-dits d’une réconciliation

Si la cérémonie s’est tenue sans fioritures, elle n’en porte pas moins les stigmates d’un passé récent tumultueux. Entre 2023 et 2024, des litiges frontaliers et des divergences sur la gestion des flux transhumants avaient oxydé les relations. L’arrivée de Chaïbou, perçu comme un « pontife du dialogue » à Niamey, pourrait incarner un tournant.

Des sources proches des chancelleries évoquent des dossiers sensibles en suspens : la sécurisation des corridors agropastoraux, la lutte contre l’extrémisme dans le bassin du fleuve Niger et la relance de projets économiques conjoints gelés depuis 2022. Autant de chantiers où l’ambassadeur devra user de sa diplomatie du fari, cette farine de mil symbole de patience et de persévérance dans la culture sahélienne.

L’ambassadeur Chaïbou : un tisseur de liens dans l’âme

Ancien conseiller aux affaires transfrontalières, Chaïbou n’est pas un novice dans l’art de dénouer les nœuds géopolitiques. Son credo : « Parler peu, écouter beaucoup, et agir en silencieux ». Une philosophie qui pourrait séduire un Bénin en quête de partenaires stables dans un Sahel en ébullition.

Épilogue : Et maintenant, cultiver l’oasis

En quittant le ministère, Chaïbou a jeté un regard appuyé sur l’immense carte de l’Afrique accrochée au mur. Peut-être y traçait-il mentalement les contours d’une coopération renouvelée. Reste à savoir si cette « diplomatie de la main tendue » résistera aux tempêtes de souverainetés chatouilleuses et aux intérêts contradictoires.

Une chose est sûre : à Cotonou comme à Niamey, on observe cette nouvelle germination avec un mélange d’espoir et de prudence. Car dans le désert des relations internationales, même les oasis promises doivent être arrosées… sans relâche.

Bénin : la Cour constitutionnelle éteint une polémique à fortes odeurs politiques

Cotonou, 31 janvier 2025 — Dans un climat dans lequel chaque syllabe devient un champ de bataille juridique, la Cour Constitutionnelle du Bénin a, hier, balayé d’un revers de toge le recours de l’opposition visant à incriminer Mariam CHABI TALATA, Vice-présidente de la République. Une décision qui clôt, provisoirement, une controverse née d’une déclaration ambiguë, mais révélatrice des tensions sous-jacentes autour de l’héritage constitutionnel béninois.

Une déclaration sous la loupe à la Cour constitutionnelle : entre malentendu et machination 

Tout commence à Allada, le 25 mai 2024. Lors d’une visite officielle, un citoyen lance, devant la Vice-présidente, une formule choc : « Si TALON ne fait pas cette route, s’il le faut, on va le ramener pour un troisième mandat. » Mariam CHABI TALATA, en écho à cette interpellation, aurait alors esquissé une réponse jugée équivoque par l’opposition. Pour Guy MITOKPÈ, porte-voix des contestataires, ces mots distillent un parfum de prolongation anticonstitutionnelle.

L’accusation, portée jusqu’aux marches du temple constitutionnel, se heurte cependant à une défense en règle. La Vice-présidente rétorque que ses propos, triturés hors contexte, ne visaient qu’à capter le pouls d’une population assoiffée de développement, notamment en matière d’infrastructures. « J’ai servi de caisse de résonance à une attente citoyenne, non de héraut d’une révision des règles du jeu politique », a-t-elle martelé, rejetant toute velléité de sa part ou de celle du Président TALON de forcer les verrous de la Constitution.

La Cour constitutionnelle, arbitre des nuances sémantiques

Face à ce duel rhétorique, les sages de la Cour ont tranché avec une froide précision. Leur verdict, rendu après une exégèse minutieuse des déclarations incriminées, est sans appel : « Aucune incitation à l’outre-passement des limites constitutionnelles n’a été établie. » Un désaveu cinglant pour l’opposition, qui voyait dans cette affaire une occasion de cristalliser les craintes d’un talonisme perpétuel.

Pour les observateurs aguerris, cette décision souligne la difficulté à qualifier juridiquement des propos politiques, souvent teintés de sous-entendus. « La frontière entre l’expression d’une aspiration populaire et la manipulation des esprits est parfois ténue », analyse Me Dossou AÏVO, constitutionnaliste.

Au-delà du bruit, les enjeux cachés 

Derrière cette tempête dans un verre juridique se profile une réalité moins médiatique : la quête de légitimité d’un pouvoir en phase avec ses réalisations économiques, mais confronté à une opposition en mal de relais populaires. Le régime de Patrice TALON, souvent décrit comme « autoritaire par efficacité », continue de susciter des passions contradictoires, entre admiration pour ses chantiers structurants et inquiétudes sur l’érosion des contre-pouvoirs.

L’affaire TALATA-MITOKPÈ révèle aussi les mutations d’un débat public où chaque mot devient une arme. « Au Bénin, la politique se joue désormais autant dans les prétoires que dans les urnes », ironise un éditorialiste local.

Les mots, ces passants clandestins 

Si la Cour a éteint l’incendie juridique, les braises de la méfiance persistent. Cette séquence rappelle que, dans une démocratie en consolidation comme le Bénin, le dialogue entre pouvoir et opposition reste un exercice d’équilibriste, où la moindre étincelle verbale peut rallumer les vieux démons de la défiance.

En refermant ce chapitre, Mariam CHABI TALATA ressort blanchie, mais l’ombre d’un troisième mandat, bien que juridiquement improbable, continue de hanter les couloirs de la politique béninoise. Preuve que, dans l’arène africaine, les constitutions sont parfois perçues moins comme des boucliers que comme des épées à aiguiser.

 

Wadagni : le repli stratégique qui ébranle les arcanes de la BAD

Cotonou, 31 janvier 2025 — À l’heure où les candidatures pour la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD) se scellaient dans l’urgence, Romuald WADAGNI, ministre béninois de l’Économie et des Finances, a choisi de tirer un trait sur ses ambitions continentales. Un désistement inattendu, survenu en catimini à quelques encablures de la clôture, qui laisse les cercles économiques africains en proie à une perplexité teintée de spéculations.

WADAGNI: un retrait en forme d’énigme

Considéré comme un favori de cette course à la gouvernance de l’institution financière panafricaine, WADAGNI incarnait l’espoir d’une candidature porteuse de la « success story » béninoise. Sous son magistère, le Bénin a en effet navigué à contre-courant des crises globales, des pandémies, des tensions ukrainiennes en maintenant une croissance insolente de plus de 5 % annuelle. Un bilan qui aurait dû faire de lui un ambassadeur naturel des ambitions de réforme de la BAD.

Pourtant, le ministre a préféré un repli silencieux à la lumière des projecteurs. « Une décision qui interroge autant qu’elle déconcerte », lâche un diplomate ouest-africain sous couvert d’anonymat. Les hypothèses fusent : pressions internes, calcul politique en vue d’un mandat national ou simple lassitude face aux jeux d’influence régionaux ? Aucune explication officielle ne vient étayer ces conjectures, laissant le champ libre à une valse d’interprétations.

La BAD, nouveau théâtre des jeux de puissance 

Ce retrait in extremis ouvre une brèche dans laquelle s’engouffrent désormais d’autres prétendants. Swazi TSHABALALA, figure sud-africaine aguerrie des marchés financiers, et Amadou HOTT, ex-ministre sénégalais et architecte de l’initiative « Desert to Power » , deviennent les nouveaux pions d’un échiquier dans lequel se mêlent rivalités géopolitiques et quête de leadership transformatif.

Si TSHABALALA incarne l’axe austro-africain, soucieux de renforcer les partenariats public-privé, HOTT, lui, porte l’étendard d’une transition énergétique accélérée. «La bataille ne sera pas seulement entre individus, mais entre visions du développement africain », analyse un expert de la finance basé à Abidjan.

Wadagni : un fantôme dans le débat ? 

L’absence soudaine du Béninois laisse toutefois un goût d’inachevé. Était-ce une manœuvre pour éviter un affrontement perdu d’avance, face à des poids lourds mieux armés en réseaux et soutiens régionaux ? Ou une stratégie délibérée du gouvernement béninois pour recentrer ses priorités ? Wadagni reste un pilier de la « rupture » talonnienne. Son retrait pourrait cacher une réaffectation domestique ambitieuse, avance une source proche du palais de Marina.

Reste que cette décision éclabousse, malgré elle, les fragilités structurelles de la gouvernance africaine. « Les candidatures à la tête d’institutions comme la BAD sont souvent le fruit de marchandages opaques entre États. » « Wadagni, en se retirant, a peut-être évité de jouer un rôle dans une pièce déjà écrite », souligne un éditorialiste économique.

Les non-dits d’une ambition contenue

En renonçant à la course, Romuald WADAGNI a peut-être offert à l’Afrique une leçon de réalisme politique. Mais son geste, aussi énigmatique soit-il, révèle les fissures d’un système où les compétences individuelles peinent parfois à transcender les logiques de blocs.

Alors que la BAD s’apprête à tourner une nouvelle page, une question persiste : et si ce retrait n’était que l’acte I d’une recomposition plus vaste, où le Bénin, discrètement, prépare son prochain coup d’éclat sur l’échiquier continental ? Dans les coulisses du pouvoir, on chuchote déjà que l’histoire n’a pas fini de s’écrire.

Bantè, Épicentre d’une renaissance agricole : la triomphale alchimie du riz et de la technologie

Cotonou, 31 janvier 2025 — À Bantè, bourgade jadis reléguée au rang de simple maillon dans la chaîne de transformation du riz, une révolution silencieuse est en marche. Hier, le Fonds National de Développement Agricole (FNDA), bras armé de la politique agrariste du gouvernement, a orchestré une cérémonie symbole : la remise d’une trieuse optique de couleur à deux chutes à la Coopérative Communale des Étuveuses de Riz (CCER). Un geste technique, mais lourd de sens, qui scelle l’autonomisation d’un territoire et de ses artisans.

Le Fonds National de Développement Agricole offre une trieuse optique à la Coopérative Communale des Étuveuses de Riz de Bantè, De l’exode du riz à la souveraineté technologique

Jusqu’ici, le riz de Bantè, une fois décortiqué, entamait un périple éreintant vers Savalou, Glazoué ou au-delà, pour y être trié. Un parcours synonyme de coûts supplémentaires, de délais aléatoires et de dépendance. Désormais, grâce à ce bijou technologique offert par le FNDA avec l’appui financier de la Coopération suisse, la commune écrit sa propre épopée. « Cet équipement n’est pas qu’une machine, c’est un affranchissement », s’enthousiasme Nanako KAGNIHOUN, présidente de la CCER. Pour les étuveuses, majoritairement des femmes, c’est la promesse d’un travail valorisé : fini les interminables tris manuels, place à un produit fini, calibré, aux standards internationaux.

Le Fonds National de Développement Agricole offre une trieuse optique à la Coopérative Communale des Étuveuses de Riz de Bantè, Un partenariat en mode symbiose 

Nicolas AHOUISSOUSSI, Directeur Général du FNDA, a salué cet aboutissement comme « l’incarnation tangible d’une vision où chaque grain de riz compte ». L’appel à projets 2022, dont cette initiative est issue, illustre la stratégie en éventail du Fonds : modernisation des outils (guichet 1), structuration des filières (guichet 2) et accès au crédit (guichet 3). Un triptyque renforcé par l’allié helvète, représenté par Salihou MAMADOU ALIDOU, dont la présence rappelle que « le développement agricole est un chantier sans frontières ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 40 millions de francs CFA en 2023-2024, le crédit alloué à la CCER a bondi à 80 millions pour la campagne en cours. Une manne qui a permis à la coopérative de répondre à des commandes pharaoniques, comme les 152 tonnes de riz étuvé fournies au Programme alimentaire mondial (PAM), générant un chiffre d’affaires de 91 millions. La saison en cours vise 255 tonnes, sans compter les 86 tonnes déjà livrées à Catholic Relief Services (CRS).

Au-delà de la Trieuse : l’édification d’un écosystème

La cérémonie a également marqué le lancement de la construction d’un magasin de stockage, incluant un bureau de gestion. Une infrastructure clé pour une coopérative en pleine expansion, dont les ambitions dépassent désormais les frontières béninoises. « Avec ces outils, nous ne vendons plus de riz, mais de la qualité et de la confiance », glisse une étuveuse, les mains encore teintées de la senteur caractéristique du grain cuit à la vapeur.

Épilogue : Grains de riz, graines de prospérité  

Derrière cette trieuse optique se cachent des enjeux bien plus vastes : réduction de la pauvreté rurale, autonomisation des femmes et affirmation du Bénin comme grenier ouest-africain. Alors que le FNDA et ses partenaires tissent cette toile de progrès, Bantè incarne désormais un modèle dans lequel technologie et tradition s’épousent pour écrire une nouvelle page de l’agriculture africaine.

En ces lieux, une évidence s’impose : ici, chaque grain trié est une graine de dignité qui germe. Et si l’avenir de l’Afrique se jouait aussi dans l’humilité d’une coopérative de femmes armées de machines et de volonté ?