Bénin : Scandale de corruption présumée autour d’un parti politique, Richard Boni Ouorou et des fonctionnaires arrêtés
Cotonou, 16 mai 2025 – Un véritable coup de tonnerre a secoué la scène politique béninoise. Dans la soirée du jeudi 15 mai, une opération d’envergure menée par la Police républicaine a conduit à l’interpellation de plusieurs figures clés, dont Richard Boni Ouorou, président du parti naissant Le Libéral, ainsi que des cadres de son mouvement. Ce coup de filet, orchestré sous l’égide du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Alassane Séidou, met en lumière de graves allégations de corruption concernant l’obtention du récépissé officiel du parti. Cette affaire, qui éclabousse également deux fonctionnaires du ministère, soulève par conséquent des questions brûlantes sur l’intégrité des processus administratifs au Bénin.
Au cœur de la machination : Le prix de l’enregistrement
L’enquête, confiée à la redoutable Brigade économique et financière (BEF), révèle un schéma troublant et bien rodé. Selon les déclarations d’Alassane Séidou, un cadre de la Direction des affaires intérieures et des cultes aurait ainsi initié une démarche frauduleuse en proposant à un responsable du parti Le Libéral – présumé être Richard Boni Ouorou – d’accélérer la délivrance du récépissé officiel contre une somme d’argent. Ce dernier, loin de rejeter l’offre, aurait donné son aval. Par la suite, le fonctionnaire indélicat aurait enrôlé un collègue de la Direction des partis politiques et des affaires électorales, lui promettant une part du butin pour garantir le succès de l’opération.
Cependant, ce stratagème, qui semblait initialement huilé, a pourtant été éventé. Alerté par des sources fiables, le Ministre Séidou a réagi avec célérité et fermeté. « Face à la gravité de ces actes, j’ai ordonné sans délai l’interpellation des protagonistes et l’activation de la BEF pour faire toute la lumière sur cette affaire », a-t-il martelé dans une allocution solennelle diffusée le 15 mai à 20 h 00 GMT. Les deux cadres ministériels, immédiatement suspendus de leurs fonctions dans l’attente des poursuites judiciaires, se trouvent actuellement dans les locaux de la BEF aux côtés des cadres du parti Le Libéral, où ils sont auditionnés.
Richard Boni Ouorou dans la tourmente : un coup dur pour Le parti Libéral
Pour Richard Boni Ouorou, économiste et figure émergente de la politique béninoise, ce scandale pourrait bien sonner le glas de ses ambitions naissantes. Fondé le 5 avril 2025 lors d’un congrès constitutif à Abomey-Calavi, Le Libéral se voulait une nouvelle force, prônant une gouvernance réformée et une démocratie inclusive. Le récépissé provisoire, obtenu le 28 avril après moult ajustements administratifs, marquait une étape cruciale dans sa légalisation. Mais les accusations de corruption jettent désormais une ombre pesante et préjudiciable sur cette jeune formation politique, à peine structurée.
L’arrestation de son président, survenue aux alentours de 18 h 00 le 15 mai à Cotonou, selon des sources proches de l’enquête, fragilise considérablement l’image d’un parti qui ambitionnait précisément de bousculer l’échiquier politique en vue des élections de 2026. « Comment un mouvement qui se dit porteur de valeurs libérales et transparentes peut-il se retrouver embourbé dans une telle affaire dès sa Genèse ? » s’interroge un analyste politique local, reflétant ainsi l’incrédulité d’une partie de l’opinion publique face à cette situation.
Le Ministère de l’Intérieur secoué : des fonctionnaires impliqués
Au-delà du parti Le Libéral et de son leader, c’est l’administration même du Ministère de l’Intérieur qui se trouve sous le feu des projecteurs. Les deux cadres impliqués, dont l’un occupe un poste stratégique à la Direction des partis politiques, mettent en lumière des failles potentielles dans les mécanismes de contrôle interne et l’éthique professionnelle. Alassane Séidou, figure respectée pour sa rigueur et son engagement, a promis des sanctions exemplaires pour que de tels agissements ne se reproduisent plus. « Cette affaire ne restera pas sans conséquences. » « La transparence est non négociable », a-t-il insisté, laissant entrevoir, de surcroît, une possible réforme approfondie des procédures d’enregistrement des partis politiques.
Affaire Le parti Libéral : un avenir politique incertain pour le Bénin
Alors que les auditions se poursuivent activement, le Bénin tout entier retient son souffle. L’issue de l’enquête, confiée à une BEF réputée pour sa minutie et son professionnalisme, pourrait bien redessiner les contours de la scène politique nationale. Pour Richard Boni Ouorou, le chemin vers la rédemption ou la justification s’annonce indéniablement ardu. Ses détracteurs, nombreux face à ses critiques acerbes du pouvoir en place, y voient déjà une opportunité en or de discréditer définitivement un adversaire jugé encombrant. Ses partisans, en revanche, appellent à la prudence et au respect des principes, invoquant le principe fondamental de présomption d’innocence.
Dans un pays où la confiance envers les institutions publiques est un bien précieux et fragile, ce scandale rappelle une vérité implacable : la quête de pouvoir, même sous les oripeaux de la vertu et du changement, peut parfois trébucher lourdement sur les écueils de l’ambition démesurée ou de la tentation de la facilité. La justice, désormais seule maîtresse du jeu, tient les rênes de cette saga dont chaque rebondissement est scruté avec une avidité grandissante par les citoyens et les observateurs.