Cotonou : le Bénin consolide son modèle mondial d’alimentation scolaire et prend les rênes du PNASI et trace l’avenir des cantines scolaires
Cotonou, 7 mai 2025 – Dans les salles vibrantes de l’hôtel Golden Tulip Le Diplomate, experts, décideurs et partenaires du Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré (PNASI) se réunissent du 6 au 7 mai, de 8 h 30 à 17 h 00, pour un atelier décisif de capitalisation des acquis de 2014 à 2023. Orchestré par l’Agence Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (ANAN), en synergie avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et Catholic Relief Services (CRS), cet événement de deux jours marque une étape charnière : le transfert de la gestion du PNASI, jadis piloté par le PAM, au gouvernement béninois sous l’égide du président Patrice Talon. À l’heure où le Bénin s’impose comme une référence mondiale en matière d’alimentation scolaire, cette rencontre vise à pérenniser un héritage tout en traçant les contours d’un avenir durable.
Le succès foudroyant du PNASI : des chiffres qui parlent, une vision qui prend corps
Lancé en 2017, le PNASI a transformé le paysage éducatif béninois en offrant des repas chauds et équilibrés à des millions d’écoliers, tout en stimulant l’agriculture locale. En effet, en 2023, 75 % des écoles primaires publiques, soit 5 759 établissements, bénéficiaient de cantines scolaires, contre seulement 31 % en 2017, touchant plus de 1,4 million d’enfants, selon Ali Ouattara, représentant du PAM au Bénin. Ce bond spectaculaire, financé à hauteur de 153 milliards de FCFA sur cinq ans, a dopé la scolarisation, réduit la déperdition scolaire et amélioré la nutrition des élèves, particulièrement dans les zones rurales.
Ouvrant les travaux à 9 h 00 le 6 mai, Dèwanou Avodagbé, directeur de cabinet du ministre des Enseignements Maternel et Primaire, a salué cet élan. « Notre vision, « une école, une cantine », prend corps grâce à une approche intégrée mêlant éducation, santé et agriculture », a-t-il déclaré. Il a également insisté sur la nécessité de capitaliser les leçons apprises pour garantir la pérennité du programme, alors que l’ANAN prend les rênes de sa gestion.
Le transfert s’opère : L’ANAN prend les rênes face aux défis pour un PNASI pérenne
Ce transfert, amorcé en 2024, consacre l’autonomie du Bénin dans la conduite du PNASI. Cependant, l’ANAN, désormais au cœur de la coordination, hérite d’un programme robuste, mais confronté à des défis : coordination interministérielle perfectible, mobilisation communautaire fragile et intégration limitée des petits producteurs locaux. Alain Hinkati, directeur général de l’ANAN, a fixé le cap lors de son intervention à 10 h 00 : « Nous devons tirer parti des succès, comme les 27 000 tonnes de produits locaux achetées pour 24 milliards de FCFA, dont 284 millions reversés aux coopératives féminines. » Il a précisé : « Cet atelier doit identifier les écueils à éviter et les pratiques gagnantes à amplifier pour une gouvernance renforcée ».
Les discussions, animées par des panels d’experts, portent sur des axes stratégiques : améliorer l’approvisionnement local, renforcer l’hygiène dans les cantines et intégrer des critères d’équité de genre, un point faible relevé dans l’évaluation de 2022. De plus, des ateliers pratiques, prévus le 7 mai de 14 h 00 à 16 h 00, permettront de formuler des recommandations concrètes pour 2026, année où le gouvernement vise une couverture de 100 % des écoles primaires.
Un modèle qui inspire : achats locaux, femmes et cadre légal au cœur des débats
Le Bénin, loué par le PAM et la FAO comme un modèle global, inspire au-delà de ses frontières. Par exemple, la visite de Cindy McCain, directrice exécutive du PAM, en juillet 2023, a souligné l’impact du PNASI : « Le Bénin montre qu’un programme d’alimentation scolaire peut transformer l’éducation et l’économie locale », avait-elle déclaré. En outre, les achats locaux, qui représentent 80 % des approvisionnements en 2024, ont injecté des milliards dans les communautés, notamment via des coopératives féminines.
Pourtant, les participants, parmi lesquels des représentants de la société civile et des producteurs locaux, savent que la transition exige vigilance. « Les bonnes pratiques, comme l’implication des femmes dans la chaîne d’approvisionnement, doivent éclairer notre stratégie », a plaidé Katherine Overcamp de CRS à 11 h 00 le 6 mai. Aussi, les débats, qui se prolongent jusqu’à 17 h 00 le 7 mai, s’attachent à structurer un cadre légal robuste, à l’image de la loi sur l’alimentation scolaire adoptée en 2023.
Nourrir les rêves de demain : le PNASI, pilier stratégique pour le Bénin
Clôturant la première journée, Ali Ouattara a rappelé l’enjeu ultime : « Chaque repas servi est un investissement dans le capital humain. » Effectivement, alors que Cotonou vibre au rythme de ces échanges, le PNASI s’affirme comme un pilier du développement béninois. En conséquence, cet atelier, par sa rigueur et son ambition, pose les jalons d’un programme pérenne, prêt à nourrir les rêves des générations futures tout en ancrant le Bénin comme un phare de l’alimentation scolaire mondiale.