Bénin : le médiateur Essou en tournée chez les « Sages »

Bénin : Pascal Essou, architecte du dialogue, chez Adrien Houngbédji pour apaiser les tensions électorales

Au cœur du quartier Adjina à Porto-Novo, une rencontre discrète, mais lourde de sens a réuni deux figures emblématiques du Bénin ce lundi 5 mai. Pascal Essou, Médiateur de la République, s’est rendu au domicile de Me Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (PRD) et trois fois président de l’Assemblée nationale. En effet, cette visite, rapportée par La Nation, s’inscrit dans une tournée stratégique entreprise par Essou auprès des grandes figures morales du pays, amorcée le 15 avril par un échange avec l’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo. À l’approche des élections générales de 2026, ce ballet diplomatique vise à tisser un dialogue politique apaisé dans un Bénin où les fractures partisanes menacent l’unité. Entre sagesse et manœuvre, cette initiative éclaire les aspirations d’un pays à la croisée des chemins.

Face aux fractures politiques : l’urgence d’un dialogue pour désamorcer les tensions vers 2026

Le Bénin, souvent loué comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, traverse une période de crispations politiques.1 Les législatives de 2019, marquées par l’exclusion de l’opposition en raison d’un code électoral restrictif, et les violences post-électorales de mai 2019, dénoncées par Amnesty International, ont laissé des cicatrices. Adrien Houngbédji, figure tutélaire du PRD, n’a pas mâché ses mots ces derniers mois. Lors du sommet des jeunes en février 2025, il lançait un appel vibrant à l’unité nationale, plaidant pour des élections inclusives : « Laissez tout le monde être candidat. » « Il n’y a pas de démocratie sans opposition », avait-il déclaré. Ce positionnement, critique envers un pouvoir qu’il soutient pourtant, fait de lui une voix incontournable pour Pascal Essou, dont la mission, instaurée par la Constitution de 1990, est de prévenir les conflits par la médiation.

Discrétion et symbole : le dialogue à huis clos qui signifie l’espoir

L’entretien, tenu à huis clos sans déclaration publique, reflète la délicatesse de l’exercice. Accompagné de membres de son cabinet, Pascal Essou, ancien cadre du ministère de l’Intérieur, a choisi la sobriété pour cette démarche. La cordialité de l’échange contraste avec l’urgence du contexte. Après sa visite à Nicéphore Soglo, ancien président et leader de la Renaissance du Bénin, Essou semble dessiner une cartographie des sages capables d’infléchir la trajectoire politique. Houngbédji, fort de son parcours – Premier ministre sous Mathieu Kérékou (1996-1998) et président de l’Assemblée nationale à trois reprises (1991-1995, 1999-2003, 2015-2019) – incarne cette autorité morale. Son PRD, pilier de la vie politique depuis 1990, reste influent malgré l’absence de sièges à l’Assemblée depuis 2019.

L’équilibre délicat : la voix critique de Maître Houngbédji au sein de la mouvance présidentielle

L’engagement de Houngbédji dans ce dialogue n’est pas anodin. Bien que fidèle à la mouvance du président Patrice Talon, il s’est érigé en voix critique, plaidant pour la libération de figures comme Joël Aïvo et Reckya Madougou, détenues à la CRIET, et pour le retour des exilés politiques, selon Basile Ahossi, vice-président des Démocrates. Ces prises de position, saluées par l’opposition, ne signifient pas une rupture avec Talon, mais une volonté de peser sur les réformes électorales. Le Code électoral de 2018, avec sa caution de 249 millions de FCFA pour les partis, a marginalisé nombre de formations. Houngbédji, qui dénonçait en 2019 des risques de « violences post-électorales », sait que 2026 sera un test pour la démocratie béninoise, avec 4 millions d’électeurs attendus, selon la CENA.

Le Bénin à la croisée des chemins : tirer les leçons de l’histoire pour apaiser l’avenir

La tournée de Pascal Essou intervient dans un climat dans lequel les anciens chefs d’État, comme Soglo et Boni Yayi, restent des acteurs clés, malgré leur absence au dialogue national de 2019. Soglo, rencontré le 15 avril, porte la voix d’une opposition exigeante, tandis que Houngbédji joue les équilibristes, entre loyauté et critique. Le Bénin, qui a su orchestrer une transition démocratique exemplaire en 1990 grâce à la Conférence nationale présidée par Houngbédji, doit aujourd’hui conjurer les spectres de l’exclusion. Les appels à l’unité, comme celui lancé par Houngbédji au sommet des jeunes, résonnent avec les attentes d’une population jeune avide de transparence et d’équité.

Une lueur d’espoir : le pari du dialogue pour que 2026 soit une fête démocratique

En quittant Adjina, Pascal Essou emporte avec lui l’espoir d’un dialogue fécond. Si les détails de l’échange restent tus, l’image de ces deux figures, unies par la quête d’apaisement, est un signal fort. Dans un pays où la démocratie a triomphé des coups d’État, la médiation d’Essou pourrait désamorcer les rancœurs et ouvrir la voie à des élections inclusives. Comme le dit un proverbe fon : « Le feu s’éteint avec l’eau, pas avec la flamme. » À Houngbédji, Essou et leurs pairs de porter cette eau salvatrice, pour que 2026 soit une fête démocratique, et non un champ de bataille.

Porto-Novo : Diane Sintondji, un vent de renouveau à la tête de la mairie

Mairie de Porto-Novo : Diane Sintondji prend les rênes après une révocation et face à d’immenses défis

Ce 5 mai, l’Hôtel de Ville de Porto-Novo, cœur battant de la capitale béninoise, s’est drapé de solennité pour accueillir Diane Sintondji, nouvelle Secrétaire Exécutive (SE) de la mairie. Lors d’une cérémonie empreinte de gravité, en présence des cadres municipaux et de représentants du Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale, cette passation de pouvoir a marqué un tournant pour une institution ébranlée par la révocation, le 24 avril, de l’ancienne SE, Isabelle Essou Dahito, pour « faute lourde ». En effet,  dans une ville de 350 000 âmes, où la mairie orchestre le quotidien des citoyens, l’arrivée de Sintondji, précédée d’une séance de travail avec le maire Charlemagne Yankoty et le SE intérimaire, ouvre une ère d’espoir et d’exigence, portée par une femme au parcours prometteur.

Sous-tension : la révocation de l’ancienne SE et le contexte délicat de la passation

La révocation d’Isabelle Essou Dahito, prononcée par arrêté préfectoral, a secoué Porto-Novo. Selon des sources proches du dossier, la « faute lourde » reprochée à l’ex-SE inclurait des irrégularités administratives, bien que les détails restent voilés par un mutisme officiel. De ce fait, cette décision, validée par le Conseil de supervision des mairies, a nécessité une gestion transitoire confiée à un SE intérimaire, dont l’identité n’a pas été publiquement dévoilée. Ainsi, ce climat d’instabilité a amplifié les attentes autour de Diane Sintondji, appelée à restaurer la confiance dans une administration communale essentielle pour les services publics, de la gestion des marchés aux infrastructures urbaines.

Diane Sintondji : un profil d’experte et des priorités ambitieuses pour Porto-Novo

Diplômée en gestion publique et forte d’une expérience dans l’administration territoriale, Diane Sintondji n’est pas une novice. Par ailleurs, ancienne collaboratrice au sein du Ministère de la Décentralisation, elle a contribué à des projets de renforcement des capacités des collectivités locales, notamment dans le cadre du Programme d’Appui à la Décentralisation (PAD). D’ailleurs,  sa nomination, entérinée par le préfet de l’Ouémé, Joachim Apithy, reflète une volonté de rigueur et de modernité. Lors de sa rencontre préparatoire avec le maire Charlemagne Yankoty, élu en 2020 sous la bannière de l’Union Progressiste, Sintondji a esquissé ses priorités : transparence budgétaire, amélioration des services publics et inclusion des jeunes et des femmes dans les projets communaux. « Porto-Novo mérite une administration à la hauteur de son histoire », a-t-elle déclaré.

Porto-Novo : une capitale aux défis colossaux, le rôle central de la nouvelle SE

Avec ses 42 quartiers et son riche patrimoine culturel, Porto-Novo est à la croisée des chemins. La mairie, dotée d’un budget de 5,8 milliards de FCFA pour 2025, doit jongler avec des défis pressants : assainissement, modernisation des marchés comme Ouando, et lutte contre les inondations saisonnières, qui ont touché 12 000 personnes en 2024. La décentralisation, pilier de la gouvernance béninoise depuis la réforme de 2003, confère aux SE un rôle clé : ils sont les chefs d’orchestre de l’administration communale, supervisant les finances et les ressources humaines sous l’autorité du maire. Dans ce contexte, Sintondji hérite d’une mission délicate, d’autant que des tensions entre le maire Yankoty et certains conseillers issus du Bloc Républicain, ont parfois freiné les projets.

Une cérémonie symbole d’un nouveau départ : l’Installation Sous le signe de l’exigence

La cérémonie d’installation, sobre, mais symbolique, a réuni une centaine de participants, dont des chefs traditionnels et des représentants de la société civile. Le représentant du Ministère de la Décentralisation, dans son allocution, a insisté sur la nécessité d’une « gouvernance irréprochable », un message adressé autant à Sintondji qu’à l’ensemble des cadres. Le maire Yankoty, connu pour son franc-parler, a salué « une femme de terrain, capable de redonner du souffle à notre administration ». Cette passation, retransmise en direct sur Radio Tokpa, a capté l’attention des Porto-Noviens, nombreux à exprimer sur les réseaux sociaux leur espoir d’une gestion plus transparente.

Vers un Porto-Novo réinventé ? Les premiers chantiers cruciaux de Diane Sintondji

L’arrivée de Diane Sintondji intervient dans un Bénin où la décentralisation, vingt ans après son lancement, cherche encore à s’ancrer pleinement. Les mairies, souvent critiquées pour des lenteurs bureaucratiques, sont sous pression pour répondre aux attentes d’une population jeune. Sintondji, à 42 ans, incarne cette génération de cadres appelés à concilier technicité et proximité. Parmi ses premiers chantiers, la finalisation du Plan de Développement Communal 2023-2027, qui inclut la réhabilitation de 10 écoles et l’électrification de 5 quartiers périphériques, sera un test de sa capacité à fédérer.

Dans les ruelles animées de Porto-Novo, où les effluves des marchés se mêlent aux échos des tambours vaudou, une nouvelle ère s’ouvre. En somme, Diane Sintondji, avec sa rigueur et son ambition, porte sur ses épaules l’espoir d’une capitale revitalisée. Comme le dit un proverbe fon : « Le balai neuf nettoie mieux, mais c’est la main qui le tient qui fait la différence. » À elle, désormais, de prouver que cette main est à la hauteur des attentes.

Et si on repensait ensemble les transferts d’argent vers l’Afrique ?

Chaque année, la diaspora africaine envoie des dizaines de milliards de dollars vers le continent (près de 100 milliards en 2023).

 

Des milliards qui représentent des montants plus importants que l’aide publique au développement et plus importants que les investissements directs étrangers.

Ces transferts d’argent sont bien plus que de simples transactions : ils sont le reflet d’un lien fort, d’une solidarité constante, d’une volonté d’agir, même à distance.

Ils racontent les sacrifices de celles et ceux qui, installés ailleurs, continuent de porter l’Afrique dans leur cœur, dans leurs responsabilités et dans leur portefeuille.

Mais quel est l’impact réel de cet argent ?

C’est une des nombreuses questions que beaucoup parmi nous ressentons au fond de nous-même.

  • Au vu des montants importants de transferts d’argent vers l’Afrique, à quel point sommes-nous satisfaits de leur utilisation ?
  • Ces transferts peuvent-ils être servir pour réellement développer le continent ? Si oui, comment pouvons-nous faire pour y parvenir ?

Et si on y réfléchissait ensemble ?

Nous lançons une grande étude sur les transferts d’argent vers l’Afrique par la diaspora dans une démarche de réflexion collective pour explorer ces questions cruciales.

Parce que nous sommes convaincus que les meilleures idées viennent de ceux qui vivent la réalité des situations et parce que nous croyons fermement que des réponses et solutions existent déjà dans nos esprits, nous avons mis en place ce questionnaire ouvert à tous les membres de la diaspora.

A travers ce questionnaire, nous souhaitons engager un dialogue fécond avec toute la diaspora africaine qu’elle soit basée en Afrique, Aux Amériques, En Asie, Dans la Caraïbe, en Europe, En Océanie ou ailleurs.

Nous le pensons comme un outil pour comprendre les réalités, identifier les blocages et les leviers, capter les idées.

Ce questionnaire n’est pas une fin mais Il est un début : le début d’une réflexion structurée, le début vision partagée, le début d’une communauté d’action et pourquoi pas le début de nouveaux modèles de solidarité.

Pourquoi répondre ?

  • Parce que chaque voix de la diaspora africaine compte dans ce débat essentiel
  • Pour partager nos expériences, nos visions et nos idées sur les transferts d’argent vers l’Afrique
  • Pour participer à la co-construction de réponses concrètes et adaptées à nos réalités

Prenons le temps de la réflexion.

Répondons au questionnaire en cliquant sur le lien suivant : https://tally.so/r/mOkJ98

Partageons le questionnaire autour de nous, à toute la diaspora.

Chaque contribution est indispensable pour atteindre l’objectif de 2 000 réponses minimum.

Merci infiniment

Steve Pentang pour The Seeds

PS :

Une version en anglais du questionnaire est disponible sur le lien suivant : https://tally.so/r/mVDWQM

Qui sommes-nous ?

Nous sommes The Seeds (www.the-seeds.net), une initiative africaine visant à contribuer à la libération du potentiel de l’Afrique à travers notamment l’accompagnement de l’entreprenariat.

Source : https://www.un.org/osaa/news/digital-remittances-africa

Le Kataclè du Dahomey : un trône retrouvé, un peuple réconcilié

Un retour emblématique après plus d’un siècle : le Kataclè, siège sacré du Dahomey, retrouve le sol béninois !

Cotonou, le 12 mai 2025, s’apprête à vibrer d’une émotion rare. Dans une semaine, le Kataclè, tabouret royal à trois pieds, emblème sacré du royaume du Dahomey, foulera à nouveau le sol béninois après plus d’un siècle d’exil. Pillé en 1892 par les troupes coloniales françaises du général Alfred Dodds lors du sac d’Abomey, ce siège, partie des trésors royaux, a été retrouvé dans les réserves du Kulttuurien museo, département du Musée national de Finlande. en effet, Sa restitution, orchestrée par une délégation finlandaise conduite par la ministre de la Culture, marque un nouveau chapitre dans la quête du Bénin pour récupérer son patrimoine spolié. Entre mémoire, diplomatie et espoirs économiques, ce retour s’annonce comme un acte de justice et un levier pour l’avenir.

Le Kataclè : symbole d’autorité arrachée, son chemin vers l’exil finlandais

Le Kataclè, modeste en apparence, mais chargé de sens, est bien plus qu’un objet. Taillé dans une seule pièce de bois, ce trône d’intronisation des princes d’Abomey incarne l’autorité et la continuité de la dynastie dahoméenne. En novembre 1892, lorsque le roi Béhanzin, acculé, mit le feu à son palais avant de s’enfuir, les flammes n’épargnèrent pas la mémoire du royaume. Les troupes de Dodds, pillant les trésors royaux, emportèrent ce siège, parmi 26 autres œuvres, vers la France. Si ces dernières regagnèrent le Bénin en 2021, le Kataclè, prêté en 1939 depuis les collections françaises au musée finlandais, échappa à l’inventaire initial, comme l’avait révélé Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou.

D’Helsinki à Cotonou : comment la Diplomatie Bénino-finlandaise a scellé le retour.

Ce n’est qu’en 2024, après des négociations menées par le ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, avec son homologue finlandaise, Elina Valtonen, que la restitution fut actée. Le 4 novembre 2024, une première cérémonie à Helsinki scella cet engagement, salué par Bakari comme « un pas vers la réconciliation des peuples ». La ministre Valtonen, quant à elle, y vit l’expression de « valeurs d’empathie mutuelle ». Ce retour, officialisé le 12 mai à Cotonou, s’inscrit dans un mouvement mondial de restitution des biens culturels, amorcé par le discours d’Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017.

Au-delà du symbole : une délégation porteuse d’avenir et d’espoirs économiques pour le Bénin

La délégation finlandaise, attendue ce week-end à Cotonou, ne se limite pas à un geste symbolique. Menée par la ministre de la Culture, elle inclut des hommes d’affaires, signe d’une volonté de tisser des liens économiques avec le Bénin, dont le tourisme culturel, boosté par les restitutions, a attiré 200 000 visiteurs en 2024, selon l’Agence nationale de promotion des patrimoines. Ce retour du Kataclè « trois pieds pour asseoir l’Histoire » suscite un engouement populaire. À Porto-Novo, les artisans des marchés et les prêtres vaudou préparent déjà des célébrations, voyant dans cet événement une chance de revitaliser l’économie locale.

Un Trésor en quête d’écrin : entre retards du MuRAD et débats sur l’exposition

La France a restitué 26 trésors, parmi lesquels le Kataclè viendra s’ajouter. Les autorités les conservent en attendant l’achèvement du Musée des Rois et des Amazones du Dahomey (MuRAD) à Abomey, dont elles ont reporté l’ouverture de 2022 à décembre 2025 en raison de retards dans la construction. D’ailleurs, Les fouilles archéologiques, menées jusqu’en avril 2025 sous la direction de Didier N’Dah, ont révélé des vestiges – tessons de poterie, autels portatifs – qui enrichiront ce futur écrin. En attendant, le Kataclè pourrait être exposé temporairement au palais de la Marina à Cotonou, où l’exposition « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui » avait attiré 50 000 visiteurs en 2022. Ce choix, bien que pragmatique, ravive les frustrations de Ouidah, où le fort portugais, promis comme lieu d’exposition, reste inachevé, au grand dam des habitants.

Un Acte de Justice et un Ferment d’Espoir : Le Kataclè, symbole de l’âme béninoise retrouvée

Par ailleurs, ce retour du Kataclè transcende la simple restitution d’un objet. Il répond à une blessure historique, celle d’un peuple dépossédé de ses symboles par la violence coloniale. Comme le soulignait le président Patrice Talon en 2021, lors de l’arrivée des 26 trésors, « ces œuvres sont le ferment de l’unité nationale ».

Le Kataclè, avec sa silhouette épurée, porte en lui la mémoire des rois Ghézo, Glèlè et Béhanzin, dont les statues anthropo-zoomorphes – oiseau, lion, requin – incarnent la puissance spirituelle du Dahomey. À Cotonou, les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi, filmés par Mati Diop dans son documentaire Dahomey, primé à la Berlinale 2024, ont débattu avec lucidité des enjeux de ces restitutions, certains y voyant un outil de soft power, d’autres une reconnexion avec leur identité.

Le 12 mai, lorsque le Kataclè resplendira sous les regards du ministre béninois Jean-Michel Abimbola et de la délégation finlandaise, ce ne sera pas qu’un trône qui reviendra, mais une part vibrante de l’âme béninoise. Dans un pays où 60 % de la population a moins de 25 ans, ce geste ravive la fierté d’une jeunesse avide de se réapproprier son passé. Comme le dit un proverbe fon : « Un arbre sans racines ne peut fleurir. » Le Kataclè, planté à nouveau sur sa terre, promet de faire éclore un Bénin plus fort, plus uni et résolument tourné vers l’avenir.

Nikki : Le CEG 3 retrouve son éclat après la tempête, grâce à un élan solidaire

Après la tempête dévastatrice : miracle anonyme à Nikki, le CEG 3 retrouve un toit et l’espoir !

Dans la commune de Nikki, nichée au cœur du département du Borgou, le Collège d’Enseignement Général (CEG) 3 célèbre une renaissance. Dévasté le 10 avril 2025 par une tempête d’une rare violence, l’un de ses bâtiments, privé de sa toiture, menaçait l’avenir scolaire de centaines d’élèves. Mais, en l’espace de quelques jours, un souffle d’espoir a balayé les stigmates de la catastrophe. Grâce à la générosité d’un bienfaiteur anonyme, le module de classes, désormais coiffé d’une toiture neuve, a retrouvé sa vocation pédagogique. Ce geste, né des appels désespérés de la direction, illustre la résilience d’une communauté déterminée à préserver l’éducation, pilier de l’avenir de cette région du nord-est béninois.

Sous les vents furieux : La tempête qui a laissé le CEG 3 à ciel ouvert

Le 10 avril 2025, Nikki, située à 529 km de Cotonou et à une vingtaine de kilomètres de la frontière nigériane, a été frappée par des vents furieux. Selon La Chaîne Météo, la région, perchée à 406 mètres d’altitude, a subi une pluviométrie exceptionnelle cette année, marquée par des tempêtes d’une intensité inhabituelle. Au CEG 3, un bâtiment essentiel, abritant plusieurs salles de classe, a vu sa toiture arrachée, exposant élèves et enseignants aux intempéries. « Les manuels étaient trempés, les bancs inutilisables », confiait un enseignant. Face à cette urgence, la direction de l’établissement a lancé un appel vibrant, relayé par les ondes locales et les réseaux sociaux, où des posts sur X dénonçaient : « Nos enfants ne peuvent pas étudier sous la pluie ! »

Un souffle de générosité anonyme : la réparation express qui rallume l’espoir

L’écho de cet appel a trouvé une réponse aussi inattendue que salvatrice. En quelques jours, un donateur anonyme, dont l’identité reste voilée, a pris en charge l’intégralité des travaux de réhabilitation. Selon des sources proches de la mairie, la réfection a mobilisé des artisans locaux et des matériaux robustes pour garantir une toiture durable, capable de résister aux caprices climatiques. Ce chantier express, achevé en un temps record, témoigne d’une coordination efficace entre la direction du CEG, les autorités communales et le mystérieux mécène. « C’est un miracle discret », a déclaré le maire de Nikki, soulignant l’impact de cette solidarité sur les 15 000 habitants de la commune.

Nikki : Un donateur anonyme permet la réparation express du CEG 3 dévasté par une tempête, sauvant l'éducation locale et insufflant l'espoir.L’éducation, pilier inestimable : pourquoi le sauvetage du CEG 3 arrive à point nommé

Le CEG 3, l’un des établissements phares de Nikki, accueille des centaines d’élèves dans un département où l’éducation est un levier crucial pour contrer la pauvreté rurale. Avec 22 235 candidats au Certificat d’Étude Primaire dans le Borgou en 2019, la région mise sur la formation de sa jeunesse pour accompagner son développement. La réhabilitation du bâtiment arrive à point nommé, alors que les examens de fin d’année scolaire 2024-2025 approchent à grands pas. Les dégâts engendrés par la tempête menaçaient de creuser les inégalités d’accès à l’enseignement. Désormais, les salles de classe, baignées de lumière sous leur nouveau toit, résonnent à nouveau des voix des élèves et des craies sur les tableaux.

Nikki, une terre de résilience : comment la commune fait face aux défis climatiques et infrastructurels

Par ailleurs, cette victoire sur l’adversité s’inscrit dans un contexte plus large de défis climatiques et infrastructurels. En 2022, le ministre des Infrastructures, Hervé Hehomey, avait déjà lancé des travaux d’urgence sur l’axe N’Dali-Nikki, endommagé par des pluies diluviennes. Plus récemment, le Conseil des Ministres du 15 janvier 2025 a acté un programme de réfection de pistes rurales dans le Borgou, visant à rendre les routes carrossables en toutes saisons. Ces efforts, conjugués à l’élan solidaire autour du CEG 3, dessinent une commune résolue à transformer les épreuves en opportunités.

Un symbole fort pour l’avenir : l’éducation, racine de l’espoir face aux tempêtes

À Nikki, cet élan de générosité rappelle que l’éducation est le véritable moteur du progrès. Les élèves, de retour dans leurs classes, portent désormais l’espoir d’une communauté qui, face aux tempêtes, choisit de bâtir plutôt que de plier. Comme le dit un proverbe bariba : « Le vent peut souffler fort, mais l’arbre enraciné ne tombe pas. » À Nikki, ces racines, ce sont les enfants, et leur avenir, plus que jamais, s’écrit sous un toit solide.

Banikoara : Douze cultivateurs face à la justice pour un soupçon de complicité avec le djihadisme

Devant la CRIET : des cultivateurs de Banikoara accusés d’alimenter le djihad, un procès révélateur des tensions au nord Bénin

Ce lundi 5 mai 2025, la salle d’audience de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) à Porto-Novo s’est transformée en théâtre d’un drame judiciaire aux enjeux brûlants. En effet, douze hommes, originaires de l’arrondissement de Sompérékou dans la commune de Banikoara, département de l’Alibori, ont comparu, entravés par des accusations graves : approvisionnement en carburant de groupes djihadistes opérant dans le nord du Bénin. Arrêtés le 17 avril 2025, ces cultivateurs, pour la plupart modestes, ont clamé leur innocence avec force, rejetant en bloc les soupçons de collusion avec des réseaux terroristes. Par consequent la cour a  reporté l’audience au 23 juin pour réquisitions et plaidoiries . D’ailleurs, cette affaire révèle les tensions d’une région en proie à l’insécurité et les défis d’une justice confrontée à la complexité du terrorisme.

Piégés par une accusation lourde : le récit de l’arrestation et leur déni catégorique

Le 17 avril, dans la commune de Banikoara, frontalière du Burkina Faso et du Niger, une opération des forces de sécurité a conduit à l’interpellation de ces douze hommes. Sur leurs motos Haojue Xpress, les réservoirs contenaient entre 10 et 15 litres d’essence, un fait qu’aucun d’eux ne conteste. Mais l’accusation pèse lourd : ces carburants visaient à alimenter les activités de groupes djihadistes, notamment la Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), affiliée à Al-Qaïda, qui intensifie ses incursions dans le nord béninois depuis 2021. À la barre, les prévenus, cultivateurs pour la plupart, ont offert une défense unanime : l’essence servait à des usages agricoles, comme alimenter un tricycle pour le transport de récoltes. « Je n’ai jamais vu de djihadistes », a déclaré l’un d’eux, illustrant le fossé entre leurs témoignages et les charges retenues.

Banikoara : un carrefour sous pression, entre économie grise et menace djihadiste

Banikoara, avec ses 75 000 habitants et ses vastes champs de coton, est un poumon économique de l’Alibori, mais aussi un point névralgique de l’insécurité régionale. Depuis l’attaque d’une gendarmerie à Kérémou en février 2020, la commune est sous la menace de groupes armés exploitant les parcs transfrontaliers comme le W, où se mêlent trafic de carburant, d’armes et de drogue. Par ailleurs, le Bénin, jadis havre de paix, a vu l’insécurité croître, avec 28 événements violents attribués à JNIM ou à l’État islamique entre novembre 2021 et avril 2025. Le carburant, vital pour les motos des djihadistes, est devenu une ressource stratégique, souvent acheminée via des réseaux informels. Cette réalité place les habitants, dont beaucoup vivent de la contrebande transfrontalière, dans une zone grise où la survie économique frôle l’illégalité.

Le défi de la preuve : quand la contrebande devient soupçon de terrorisme devant la CRIET

La CRIET est au cœur de ce dossier sensible. Dans cette affaire, le chef de « contrebande » retenu contre les douze prévenus semble fragile face à leur déni catégorique de liens avec des groupes armés. L’absence de preuves directes, comme des témoignages de complicité ou des échanges avec des djihadistes, pourrait compliquer la tâche de l’accusation, d’autant que la contrebande de carburant est une pratique courante dans la région, alimentée par les écarts de prix avec le Nigeria voisin.

Plus qu’un procès : les vrais enjeux de la lutte antijihadiste et le poids des soupçons sur les communautés

Ce procès, loin d’être un simple fait divers, reflète les défis d’un Bénin confronté à l’expansion du djihadisme depuis le Sahel. Les autorités, qui ont déployé une base militaire à Porga après l’attaque de 2021, oscillent entre fermeté et risque de stigmatisation des communautés locales, souvent peules, soupçonnées à tort de collusion. En plus, les prévenus, par leur profil modeste, incarnent cette tension : cultivateurs pris dans un engrenage sécuritaire, ils risquent de payer le prix d’une lutte antiterroriste où la nuance peine à s’imposer.

L’Heure de vérité : un verdict aux lourdes conséquences pour les accusés et le nord du Bénin

Le 23 juin, lorsque le juge rendra son verdict, l’issue de ce dossier pourrait marquer un tournant. Une condamnation sans preuves solides risquerait d’attiser la défiance des populations du Nord, tandis qu’un acquittement pourrait être perçu comme un aveu d’impuissance face aux réseaux transfrontaliers. À Banikoara, où le soleil brûle les champs et où l’angoisse des attaques plane, ces douze hommes attendent, derrière les barreaux, que la justice tranche. Dans leurs regards, un proverbe bariba semble résonner : « La vérité est comme l’eau, elle finit toujours par trouver son chemin. » Reste à savoir si ce chemin mènera à la lumière ou à l’ombre.

Yamine Atchiba : Le Guépard rugit à Casablanca

Casablanca 2025 : un « Guépard » Béninois rugit sur le tapis africain ! Yamine Atchiba décroche un bronze historique en lutte !

Sous le ciel ardent de Casablanca, le Championnat d’Afrique de lutte 2025 a vu éclore une nouvelle étoile béninoise. Yamine Atchiba, 24 ans, Franco-Béninois au cœur vaillant, a gravi la troisième marche du podium en lutte gréco-romaine, catégorie des 72 kilos, offrant au Bénin une médaille de bronze aussi méritée que symbolique. Pour sa première participation sous les couleurs nationales, ce sociétaire du club Kafass Lutte Ivry, en France, a porté haut le drapeau des Guépards, mêlant audace et résilience face à l’élite continentale. Son parcours résonne comme une promesse d’avenir pour la lutte béninoise, dans un pays où ce sport, encore discret, aspire à briller.

L’Odyssée du bronze : le parcours combatif d’Atchiba face à l’élite africaine

Le complexe sportif Mohammed V de Casablanca, théâtre des joutes africaines du 28 avril au 2 mai 2025, a vibré sous les exploits de Yamine Atchiba. Né en France de parents béninois, ce lutteur de 24 ans, formé dans l’exigeante école française, a choisi de défendre les couleurs de son pays d’origine, répondant à l’appel de la Fédération béninoise de lutte. Dès son entrée en lice, Atchiba a imposé sa fougue, écartant un adversaire cap-verdien avec une maîtrise tactique impressionnante. Qualifié pour les demi-finales, il s’est heurté à l’Égyptien Mohamed S. Ibrahim, champion en titre et figure dominante de la catégorie. Malgré cette défaite, le jeune Guépard n’a pas fléchi. Dans le match pour la médaille de bronze, il a terrassé le Congolais Norvil Kalala Bukasa, arrachant ainsi  une victoire qui scelle son entrée dans l’histoire du sport béninois.

Un bronze qui pèse de tout son poids : symbole d’espoir et de défi pour la lutte béninoise

Cette médaille de bronze, la première du Bénin dans ce championnat, est bien plus qu’un trophée. Dans un pays où le football et l’athlétisme dominent, la lutte, introduite dans les années 1980, peine à s’imposer. par ailleurs , avec seulement 200 licenciés en 2023, la discipline repose sur une poignée de passionnés et des infrastructures limitées. Le succès d’Atchiba, qui s’entraîne à Ivry-sur-Seine sous la houlette de coaches français, illustre le potentiel d’une diaspora mobilisée. « Représenter le Bénin, c’est une fierté et une responsabilité », a-t-il confié, soulignant son attachement à ses racines bassilaises.

Casablanca, arène des Titans : le Bénin crée la surprise face aux géants africains

Le Championnat d’Afrique 2025, organisé à Casablanca après l’édition 2024 à Alexandrie, a réuni plus de 300 lutteurs de 25 pays, dans les disciplines de lutte libre, gréco-romaine et féminine. L’Égypte, avec 15 médailles en 2023 à Hammamet, et la Tunisie, forte de 9 médailles cadets cette année, dominent le continent. Pourtant, le Bénin, modeste acteur, s’est frayé un chemin grâce à Atchiba. Son style, mêlant puissance physique et précision technique, a séduit les observateurs, qui notent sa capacité à rivaliser avec des nations mieux dotées. Face à Kalala Bukasa, il a déployé une stratégie agressive, verrouillant son adversaire au sol pour s’assurer la victoire, comme décrit par un commentateur de SNRT Maroc.

Le bronze, un tremplin vers l’avenir : rêves olympiques et défis structurels pour la lutte béninoise

À 24 ans, Yamine Atchiba n’en est qu’au début de son odyssée. Inspiré par des figures comme Ibrahim Ghanem, champion du monde de lutte gréco-romaine en 72 kilos en 2023, il rêve de mondiaux et, pourquoi pas, des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Mais son parcours n’est pas sans défis. La catégorie des 72 kilos, non olympique, l’oblige à envisager une descente en 67 kilos, un défi physique de taille. Au Bénin, le manque de financement et de structures, malgré les efforts du ministère des Sports, freine le développement de la lutte. La médaille d’Atchiba pourrait toutefois changer la donne, attirant sponsors et vocations, à l’image du Sénégal, qui a raflé 10 médailles à Hammamet en 2023.

Une étincelle d’espoir qui embrase tout un pays : l’impact retentissant du bronze d’Atchiba

À Casablanca, où les tambours des supporters ont rythmé les combats, Yamine Atchiba n’a pas seulement remporté une médaille : il a planté une graine d’espoir. Pour les 60 % de Béninois de moins de 25 ans, son succès est une invitation à rêver grand. À Porto-Novo, où la fédération planifie un accueil triomphal, on murmure déjà son nom comme celui d’un pionnier. « Yamine montre que le Bénin peut briller partout », a déclaré un dirigeant sportif. En écho, un proverbe fon semble lui répondre : « Le feu commence par une étincelle. » Sur le tapis marocain, Atchiba a allumé cette flamme. À lui, désormais, de la faire grandir.

Interpol : Plus de 75 véhicules volés saisis en Afrique de l’Ouest

Opération «  Safe Wheels  »  : Interpol met un coup de frein au trafic de véhicules volés en Afrique de l’Ouest

Du 17 au 30 mars 2025, l’Afrique de l’Ouest a vibré au rythme d’une traque silencieuse, mais implacable. Sous l’égide d’Interpol, l’opération « Safe Wheels » a mobilisé les forces de l’ordre de douze nations – Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Togo – pour démanteler un réseau tentaculaire de trafic de véhicules volés. En deux semaines, 150 véhicules ont été débusqués, dont plus de 75 saisis, révélant l’ampleur d’une criminalité transnationale qui transforme des voitures dérobées en carburant pour le crime organisé. Dans ce ballet d’enquêtes et de checkpoints, le Bénin s’est illustré comme un acteur clé, prouvant que la coopération internationale peut ébranler les fondations de l’illégalité.

Du Canada aux ports africains : les chemins sombres du trafic qui financent le crime organisé

Pour cela, une chasse aux bolides volés a été lancée à grande échelle. L’opération Safe Wheels, orchestrée par Interpol et financée par le Canada dans le cadre du projet « Drive Out », a déployé une stratégie méthodique. 12 600 véhicules ont été inspectés à travers un maillage de 46 points de contrôle quotidiens, sur des routes poussiéreuses et dans des ports grouillants. Les officiers, équipés de la base de données des véhicules volés (SMV) d’Interpol, ont traqué des Toyota, des Peugeot et des Honda, marques prisées par les trafiquants pour leur valeur marchande. Par ailleurs,  la majorité des voitures interceptées provenaient du Canada, où des réseaux sophistiqués les arrachent à leurs propriétaires avant de les expédier vers l’Afrique via des conteneurs maritimes ou des voies terrestres sinueuses. D’autres, volées en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas, témoignent d’une toile criminelle tissée à l’échelle mondiale.

Bénin : au cœur de la traque, la police démasque les réseaux à Cotonou

D’ailleurs, ces véhicules empruntent diverses voies. Au Bénin, la police républicaine, sous la direction de la division de la police judiciaire (DPJ), a joué un rôle pivot. À Cotonou, des conteneurs suspects ont révélé des véhicules de luxe, dont certains portaient des traces d’effraction. Ces découvertes, confirmées par la base SMV – qui a recensé 270 000 véhicules volés dans le monde en 2024 – ont permis d’initier 18 nouvelles enquêtes et de démasquer deux groupes criminels opérant dans l’ombre. Comme l’a souligné David Caunter, directeur d’Interpol pour le crime organisé, « le vol initial n’est que le prélude d’un voyage dans les abysses du crime mondial ».

Une victoire d’étape : quel avenir pour un combat qui exige durée et coopération ?

Ce rôle pivot place le Bénin au cœur d’un fléau aux ramifications profondes. Le trafic de véhicules volés n’est pas un simple délit de covoiturage illicite. Les profits, colossaux, irriguent des activités bien plus sombres : trafic de drogue, contrebande d’armes, financement du terrorisme. En Afrique de l’Ouest, où les frontières poreuses et les réseaux de contrebande prospèrent, les voitures volées deviennent une monnaie d’échange, troquées contre des substances illicites ou des armes. Au Nigeria, par exemple, la douane a extrait six véhicules Toyota et Lexus d’un conteneur en provenance du Canada, tous signalés volés en 2024. Ces trouvailles, souvent marquées par des serrures forcées, trahissent l’audace de réseaux professionnels qui opèrent avec une précision chirurgicale.

Le Bénin, carrefour commercial de la région, est à la croisée des chemins. Son port de Cotonou, plaque tournante du commerce régional, est aussi un point d’entrée pour les marchandises illicites. Pourtant, grâce à Safe Wheels, le pays montre sa détermination à ne pas être réduit à un maillon faible. Les officiers béninois, épaulés par neuf experts d’Interpol, dont un spécialiste canadien, ont prouvé que la vigilance peut transformer une vulnérabilité en force.

Interpol : Une victoire, mais un combat inachevé

Ces efforts constituent une victoire, mais le combat est inachevé. Safe Wheels ne se limite pas à un coup d’éclat policier ; il envoie un signal clair aux criminels : la coopération fait reculer l’impunité. Les saisies et les enquêtes lancées dans les douze pays participants dessinent les contours d’un front uni contre le crime transnational. Au Bénin, où la sécurité est un enjeu majeur pour le développement, cette opération renforce ainsi la crédibilité de la police républicaine et son intégration dans les réseaux mondiaux de lutte contre la criminalité.

Mais le chemin reste semé d’embûches. Les réseaux de trafic, agiles et inventifs, adaptent leurs méthodes à chaque coup porté. Le financement des opérations comme Safe Wheels, dépendant de contributions étrangères comme celle du Canada, doit s’inscrire dans la durée. Et Il est crucial que les communautés locales, souvent complices par nécessité économique, participent activement à des solutions globales à travers des programmes d’emploi ou de sensibilisation.

Vers un horizon plus sûr : renforcer la coopération pour que la justice garde la pédale

En ce printemps 2025, vers un horizon plus sûr se dessine une nouvelle dynamique. En ce printemps 2025, l’opération Safe Wheels a fait plus que saisir des véhicules ; elle a rallumé l’espoir d’une Afrique de l’Ouest moins perméable au crime. Le Bénin, aux côtés de ses voisins, a démontré que la solidarité internationale peut transformer des frontières en remparts. Chaque voiture rendue à son propriétaire, chaque réseau démantelé est un pas vers un avenir dans lequel la route, au lieu de mener au crime, conduit à la justice. Comme l’a murmuré un officier béninois au détour d’un checkpoint, « nous ne poursuivons pas seulement des voitures, mais un idéal de sécurité pour tous ».

Bénin : 1ᵉʳ mai, le syndicaliste Kassa Mampo arrêté puis libéré

Un 1ᵉʳ mai 2025 sous haute tension à Cotonou  : la liberté syndicale mise à l’épreuve

Le 1ᵉʳ mai , jour consacré à la célébration des travailleurs, a pris des allures de bras de fer à Cotonou, capitale économique du Bénin. Alors que la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) appelait à une marche pacifique pour défendre les droits des travailleurs, l’élan revendicatif s’est heurté à une répression brutale. Kassa Mampo, figure emblématique du syndicalisme béninois et secrétaire général de la CSTB, a été interpellé avec son adjoint Norbert Kouto et plusieurs militants, avant d’être libéré en fin de journée. Ce soubresaut, loin d’être anodin, révèle les tensions persistantes entre le pouvoir et les forces syndicales, dans un pays où la liberté d’expression semble marcher sur un fil fragile.

Le 1ᵉʳ mai 2025 à Cotonou, la marche de la CSTB a été réprimée et son leader Kassa Mampo arrêté puis libéré,Marche avortée, arrestation musclée : récit d’un 1ᵉʳ mai réprimé à Cotonou

Concrètement, la marche a été avortée et le message étouffé par la force. Dès l’aube, la place de l’Étoile Rouge, point de ralliement prévu pour la marche, s’est transformée en théâtre d’intimidation. Un imposant dispositif policier a barré la route aux manifestants, empêchant tout rassemblement. Contraints de se replier vers la Bourse du Travail, les travailleurs ont tenté de faire entendre leur voix, brandissant des revendications légitimes : meilleures conditions de travail, école gratuite pour tous, recrutements d’enseignants, respect des libertés syndicales. Mais ce refuge symbolique n’a pas suffi à les protéger. Sous le regard du directeur départemental de la Police républicaine, Dah Lokonon, une intervention musclée a conduit à l’arrestation de Kassa Mampo, Norbert Kouto ainsi que de cinq autres militants, dont Damien Degbé et Léandre Doussouh. Des gaz lacrymogènes ont dispersé les derniers irréductibles, tandis que la liberté d’expression, si chèrement acquise, semblait s’effilocher dans l’air âcre.

Kassa Mampo : le symbole de la résistance syndicale béninoise, arrêté puis libéré sous pression

Cet événement a suscité de vives réactions ; une arrestation aux contours flous a particulièrement interpellé. L’interpellation, survenue dans les locaux mêmes de la Bourse du Travail, a suscité stupeur et indignation. Selon des sources proches de la CSTB, les forces de l’ordre auraient agi sans motif clair, une pratique qui rappelle les neuf arrestations qu’a subies Kassa Mampo depuis 1985 pour son militantisme. Conduits à la Brigade criminelle pour une audition, les syndicalistes ont vu leur sort suspendu à une opacité déconcertante. Aucune communication officielle n’a filtré sur les raisons de cette détention, laissant planer le spectre d’une répression ciblée contre une marche pourtant annoncée dès le 22 avril par un communiqué signé de Mampo lui-même.

L’avocat du leader syndical, Me Aboubacar Baparapé, a fait son entrée dans les locaux de la brigade vers 16 h, tandis qu’une délégation de syndicalistes, menée par Appolinaire Afféwé (UNSTB) et Moudachirou Bachabi (CGTB), s’est massée aux abords pour témoigner sa solidarité. « Nous sommes venus par esprit de fraternité syndicale », a déclaré un représentant, la voix teintée de détermination. Ce soutien, conjugué à la pression de l’opinion publique, a sans doute pesé dans la balance : en début de soirée, Kassa Mampo et ses compagnons ont recouvré la liberté, après une audition aussi brève qu’énigmatique.

Liberté syndicale en survie : les plaintes étouffées des travailleurs béninois

Cependant, bien que cette libération soit un soulagement, elle n’efface pas les questions sur la liberté syndicale en sursis. Kassa Mampo, 62 ans, n’est pas un novice dans l’arène des luttes sociales. Né à Natitingou, cet ancien étudiant en philosophie, titulaire d’une maîtrise, a forgé son destin dans la défense des droits des travailleurs. Élu secrétaire général de la CSTB en 2017, il incarne une voix inflexible face aux dérives du pouvoir. Ses multiples arrestations, toujours suivies de libérations sous la pression populaire, en font un symbole de résilience. En 2023, il portait plainte contre le gouvernement auprès de l’Organisation internationale du travail pour « violations des libertés syndicales », un combat qu’il poursuit avec une ténacité rare. Ce 1ᵉʳ mai 2025, son interpellation n’a fait que raviver la flamme de sa détermination.

Cet épisode, s’il s’achève par une libération, n’efface pas les questions qu’il soulève. La marche de la CSTB, prévue dans les 12 départements du Bénin, visait à dénoncer la dégradation des conditions de vie sous le régime de Patrice Talon. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, les syndicats déplorent une restriction croissante des droits, des arrestations arbitraires et une absence de dialogue sur des revendications essentielles, comme l’école gratuite pour tous. L’ancien député Guy Dossou Mitokpè, dans une déclaration cinglante, a dénoncé une « nouvelle atteinte aux libertés syndicales », exigeant des comptes aux autorités.

Le silence de la Police républicaine, qui n’a fourni aucune explication officielle, contraste avec la clameur des réseaux sociaux et des médias locaux. Cependant, certains ont salué la libération des syndicalistes comme une victoire arrachée de haute lutte. Mais cette liberté retrouvée ne masque pas une vérité plus amère : au Bénin, le droit de manifester reste une conquête précaire, surveillée par un pouvoir prompt à brandir la matraque.

Cotonou : entre tension permanente et appel à la justice pour les travailleurs

En somme, hier, Cotonou a vibré d’une énergie contradictoire : celle d’un peuple déterminé à se faire entendre et celle d’un État qui, par la force, cherche à imposer le silence. La libération de Kassa Mampo et de ses camarades, si elle apaise temporairement les tensions, ne résout pas le malaise profond. Les travailleurs, confrontés à la cherté de la vie et à l’érosion de leurs droits, attendent des réponses concrètes. Le gouvernement, qui vantait le même jour ses avancées sociales – 10 247 jeunes recrutés via le Psie, 42 377 accompagnés par Azôli – devra prouver que son discours n’est pas qu’un vernis.

Dans l’ombre de l’Étoile Rouge, un message persiste : la lutte syndicale, malgré les entraves, refuse de plier. Kassa Mampo, libre, mais toujours combatif, l’a rappelé avec force : « Le 1ᵉʳ mai n’est pas une fête, mais un cri pour la justice. » Au Bénin, ce cri résonne encore, en quête d’un écho qui ne soit pas celui des gaz lacrymogènes.

1ᵉʳ mai : le Bénin dévoile un bilan social ambitieux pour l’emploi

Un 1ᵉʳ mai 2025 sous le signe de l’emploi au Bénin  : le gouvernement dévoile son bilan social

 

Le 1ᵉʳ mai 2025, jour consacré à l’hommage des travailleurs, le gouvernement béninois a saisi l’occasion pour dévoiler un bilan audacieux de ses initiatives en faveur de l’emploi et du progrès social. Sous un ciel teinté d’espoir et de revendications, les autorités ont déroulé une fresque chiffrée, révélant l’ampleur des efforts déployés pour insuffler une nouvelle dynamique au marché du travail. Entre jeunesse soutenue, enseignants mobilisés et fonction publique revigorée, ce tableau ambitieux dessine un Bénin en quête de renouveau. Mais au-delà des statistiques, quels échos trouve-t-on dans la réalité quotidienne des travailleurs ?

Emploi, jeunes et éducation : des chiffres qui impressionnent, des interrogations qui demeurent

Premier axe fort de ce bilan, une jeunesse portée par Psie et Azôli. Au cœur de cette offensive sociale, deux programmes se dressent comme des phares pour la jeunesse béninoise. Le programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie) a permis à 10 247 jeunes de franchir le seuil du monde professionnel, offrant une bouffée d’oxygène à une génération souvent confrontée à l’incertitude. Parallèlement, le programme Azôli a déployé ses ailes sur 42 377 bénéficiaires, répartis également entre 21 353 emplois salariés et 21 024 aventures entrepreneuriales. Une ambition affirmée guide ces efforts : atteindre 50 000 jeunes d’ici à la fin de l’année, avec une parité exemplaire de 50 % de femmes. Ces chiffres, tels des semences jetées en terre fertile, promettent une récolte d’opportunités. Pourtant, certains s’interrogent : ces emplois, aussi nombreux soient-ils, tiendront-ils la promesse d’une stabilité durable ?

Par ailleurs, le secteur éducatif, pilier d’un avenir éclairé, bénéficie lui aussi d’une attention soutenue. Pour répondre à une pénurie d’enseignants qui asphyxiait les salles de classe, 34 105 aspirants ont été déployés dans les écoles publiques via un programme de préinsertion. Ces jeunes diplômés, jetés dans l’arène pédagogique avec une formation en bandoulière, incarnent une réponse pragmatique à un défi criant. Mais si l’initiative impressionne par son ampleur, elle soulève des murmures : quelle sera la destinée de ces aspirants, suspendus entre précarité et espoir de titularisation ?

Fonction publique et dialogue social : un renouveau administratif face aux attentes des travailleurs

En outre, dans les coulisses de l’administration et dans le domaine du dialogue social, le gouvernement a également actionné des leviers significatifs. Dans les coulisses de l’administration, le gouvernement a également actionné des leviers significatifs. Entre mai 2024 et avril 2025, 775 agents ont rejoint les rangs de l’État, tandis que 1 275 recrutements supplémentaires sont en gestation. À cela s’ajoute une gestion des carrières plus fluide, avec 11 795 actes traités pour 43 415 agents et la promotion de 6 365 fonctionnaires en 2024. Ces avancées, comme des rouages bien huilés, témoignent d’une volonté de moderniser une machine administrative souvent critiquée pour ses lenteurs. Cependant, le défi persiste : transformer ces efforts en une véritable réforme structurelle.

Si ce 1ᵉʳ mai 2025 résonne comme une célébration des progrès accomplis, il n’échappe pas aux tensions inhérentes à la fête du travail. Les syndicats, gardiens vigilants des droits des travailleurs, accueillent ces annonces avec un optimisme prudent. Ils appellent à un dialogue plus robuste, plaidant pour des salaires revalorisés et des conditions de travail à la hauteur des ambitions affichées. « Les chiffres dansent, mais la vie des travailleurs ne suit pas toujours le rythme », confie un représentant syndical, rappelant que le chemin vers l’équité reste jonché d’obstacles.

Vers un horizon plus juste : le pari béninois de la pérennité des initiatives sociales

En ce jour symbolique, vers un horizon plus juste, le gouvernement béninois trace sa voie. En ce jour symbolique, le gouvernement béninois plante les jalons d’une politique sociale résolue, où l’emploi des jeunes, l’éducation et la valorisation des agents publics s’entrelacent pour tisser un avenir prometteur. Les programmes Psie et Azôli, le déploiement des aspirants et les réformes administratives sont autant de fils conducteurs d’une trame en construction. Mais, pour que ce tableau prenne vie, la pérennité des initiatives et l’inclusion des plus vulnérables devront passer l’épreuve du temps. Sous le regard attentif des travailleurs, le Bénin avance, entre aspirations grandioses et défis à relever, vers un lendemain dans lequel le labeur trouve sa juste récompense.