Bénin : Gernot Rohr dévoile ses 28 Guépards pour la CAN 2025

Cotonou, 12 décembre 2025 – Le suspense a pris fin. Gernot Rohr a rendu publique ce vendredi la liste définitive des 28 joueurs qui porteront le maillot des Guépards lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, organisée au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

Comme redouté, deux forfaits de taille viennent amputer l’effectif : Andreas Hountondji et Felipe Santos, tous deux blessés, restent à la maison. Néanmoins, le sélectionneur germano-nigérian a pu compter sur l’intégralité de son socle expérimenté.

Steve Mounié, capitaine et buteur attitré, conduira le groupe, entouré des habitués Olivier Verdon en défense centrale, Junior Olaitan au milieu, Jodel Dossou sur les ailes, ainsi que des cadres comme Cédric Hountondji, David Kiki ou encore le gardien Saturnin Allagbé.

 Un Groupe D explosif et un objectif clair

 

Versés dans la poule D, les Guépards croiseront le fer avec le champion en titre sénégalais, la République Démocratique du Congo et le Botswana. Par conséquent, un tirage corsé oblige le Bénin à sortir le grand jeu dès le premier match.

Le calendrier des Guépards est le suivant :

  • 23 décembre 2025 : RDC – Bénin
  • 27 décembre 2025 : Bénin – Botswana
  • 30 décembre 2025 : Sénégal – Bénin

« Nous savons que chaque rencontre sera une finale. L’objectif est clair : passer le premier tour pour la première fois depuis 2019 », a déclaré Gernot Rohr en conférence de presse, tout en insistant sur « la solidarité et l’état d’esprit » comme clés du succès.

 

Stage de préparation à Casablanca

 

Le rassemblement débute lundi 15 décembre à Casablanca, où l’équipe posera ses valises avant un stage de préparation de six jours. Deux matchs amicaux sont encore à l’étude pour peaufiner les automatismes.

Après avoir frôlé l’exploit lors des éliminatoires (notamment la victoire historique contre le Nigeria), les Guépards abordent cette CAN avec l’ambition de franchir enfin le cap du premier tour. Le peuple béninois, quant à lui, n’attend qu’une chose : voir ses jaunes et verts rugir sur les pelouses marocaines.

CEDEAO : le Centre régional jeunesse‑sports s’installe au Liberia

Abuja (Nigeria), 11 décembre 2025 – La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a choisi de miser sur l’avenir et la réconciliation. En pleine session ministérielle à Abuja, l’organisation a officialisé, ce jeudi, l’installation de son Centre de Développement de la Jeunesse et des Sports (CDJS) dans la capitale libérienne, Monrovia. Cet accord de siège, signé en présence de la ministre libérienne des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, est un puissant symbole : il place la jeunesse et le relèvement post-conflit au cœur des priorités régionales, offrant un contrepoint positif à la crise institutionnelle que traverse actuellement l’organisation.

Centre régional : accord de siège et statut international

 

La cérémonie, qui s’est déroulée dans la capitale nigériane, en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères de la région, a réuni la ministre libérienne des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, et le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray.

Le document consacre juridiquement l’installation du Centre sur le territoire libérien et lui accorde le statut classique des organisations internationales : immunités diplomatiques, extraterritorialité des locaux, exonérations fiscales et douanières, ainsi que la protection des agents et des biens de l’institution.

Ce futur centre régional aura pour mission de coordonner les politiques sportives et les programmes de formation des jeunes dans les quinze pays membres, avec un accent particulier sur l’insertion professionnelle, l’éducation par le sport et la prévention de la délinquance juvénile.

 Le Liberia signe un accord historique avec la CEDEAO pour héberger le Centre régional de Développement Jeunesse et Sports (CDJS) à Monrovia.

 Un geste fort de reconnaissance historique

 

À l’issue de la signature, la ministre Sara Beysolow Nyanti a tenu à remettre deux distinctions honorifiques particulièrement émouvantes :

Premièrement, au nom du peuple et du gouvernement libériens, elle a décerné une haute distinction à la CEDEAO en tant qu’institution pour son rôle décisif dans la fin des guerres civiles (1989-2003) et la consolidation de la paix.

Ensuite, la ministre libérienne des Affaires étrangères a remis une seconde distinction au ministre béninois des Affaires étrangères, Olusegun Adjadi Bakari (qui assure la présidence tournante du Conseil des ministres), au nom de l’ensemble des États membres, pour leur soutien constant à la reconstruction démocratique du Liberia.

« Sans l’intervention déterminante de la CEDEAO et de ses États membres, notamment à travers l’ECOMOG puis l’ECOMIL, le Liberia ne serait peut-être pas debout aujourd’hui », a déclaré la cheffe de la diplomatie libérienne, visiblement émue, sous les applaudissements nourris de la salle.

Centre régional: un symbole face à la crise institutionnelle

 

Le choix de Monrovia pour accueillir cette institution dédiée à l’excellence sportive et éducative n’est pas un hasard. Il rappelle le rôle de bouclier de la CEDEAO dans l’histoire récente du Liberia, notamment via les forces de l’ECOMOG et de l’ECOMIL.

Les travaux de construction du siège du CDJS, financés par la Commission de la CEDEAO et plusieurs partenaires, devraient débuter au premier semestre 2026 dans la banlieue de Monrovia.

Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger tournent le dos à l’organisation, le Libéria, lui, a choisi d’en rappeler la valeur — et de le faire en pleine lumière, à Abuja. En récompensant la CEDEAO pour son engagement passé, Monrovia envoie un signal fort à toute l’Afrique de l’Ouest : au-delà des turbulences politiques, la solidarité et la construction commune restent des impératifs historiques.

Le journaliste Sossoukpè : 154 jours de détention dans l’ombre

Cotonou, 11 décembre 2025 –   Le journaliste d’investigation béninois Comlan Hugues Sossoukpè, connu pour ses enquêtes sur la corruption, croupit depuis plus de cinq mois dans des conditions qualifiées d’« inhumaines » à la prison civile de Ouidah. Les autorités béninoises l’ont récupéré le 9 juillet 2025 après son interpellation en Côte d’Ivoire, puis l’ont immédiatement placé en isolement quasi total. Privé de tout contact avec sa famille et ses avocats, il devient, selon ses soutiens, la cible d’une « vengeance lente et silencieuse ».

 

Un isolement carcéral qui s’apparente à une disparition

 

D’après plusieurs sources concordantes, l’ancien réfugié politique togolais passe vingt-deux heures par jour enfermé, sans le moindre échange avec les autres détenus. L’administration pénitentiaire refuse systématiquement les visites : ni sa mère, ni sa fille, ni aucun membre de sa famille n’ont pu apercevoir son visage depuis son transfèrement. Ses avocats, eux, se heurtent à un refus catégorique.

Son dossier judiciaire reste figé. Aucune audition. Par mise en examen. Aucune date d’audience. Rien.

« On veut l’effacer », confie un membre du collectif de soutien, sous anonymat. « Ce n’est pas une détention, c’est une vengeance lente et silencieuse. »

 

Sossoukpè : Des enquêtes qui dérangent, au cœur de son enlèvement

 

Comlan Hugues Sossoukpè s’est imposé par ses enquêtes sans concession sur la corruption et les dérives autoritaires au Bénin. Ses révélations sur la gestion controversée des contrats publics en 2018 avaient déclenché une vive polémique. Menacé, il avait fui à Lomé en 2019, où il avait également obtenu le statut de réfugié politique.

Son retour forcé au Bénin — présenté comme une opération conjointe entre services ivoiriens et béninois mais dénoncé comme une extradition illégale — a immédiatement suscité l’indignation des organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse.

 

Silence officiel, pression internationale

 

D’ailleurs, depuis son enlèvement, les autorités béninoises gardent un silence absolu. Ni le ministère de la Justice, ni la direction de la prison de Ouidah, ni la présidence n’ont répondu aux multiples demandes d’explication.

Face à cette opacité, Reporters sans frontières, Amnesty International et la FIDH réclament sa libération immédiate et l’ouverture d’une enquête indépendante sur les conditions de son arrestation et de sa détention.

« Même les personnes poursuivies pour terrorisme bénéficient de droits élémentaires que l’on refuse à Hugues », déplore un avocat béninois qui suit le dossier à distance. « On est dans l’arbitraire pur et la violation flagrante du droit. »

 

Finalement, cela fait désormais 154 jours que dure ce que de plus en plus de voix au Bénin qualifient de « disparition forcée en plein jour ». Et aucune perspective de clarification ne se dessine.

Bénin : la première édition du Prix Gazelle consacre dix entreprises

C’est dans une salle comble du Novotel Orisha, lundi soir, que le Bénin a officiellement lancé son nouveau prestigieux rendez-vous économique : le Prix Gazelle. Organisée conjointement par le magazine CADRECO et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI Bénin), cette première édition a réuni dirigeants d’entreprises, représentants institutionnels et partenaires financiers autour d’un même mot d’ordre : saluer celles et ceux qui font bouger l’économie du pays.

Dix lauréats pour trois catégories de croissance

 

Dix sociétés, toutes tailles et tous régimes fiscaux confondus, sont montées sur scène pour recevoir trophée, diplôme et cadeaux offerts par MTN Business, partenaire principal. Ainsi, les organisateurs ont réparti les dix sociétés en trois catégories distinctes : deux « Gazelles Émergentes », trois « Gazelles Confirmées » et cinq « Gazelles Leaders », récompensant ainsi des parcours allant de la jeune pousse ambitieuse au poids lourd établi. Parmi les vainqueurs, on a remarqué la société Agri-Boost, spécialisée dans la transformation de produits locaux, en tant que Gazelle Émergente, illustrant le dynamisme du secteur agro-industriel.

 

 Prix Gazelle : célébrer l’audace malgré la tempête

 

« Nous célébrons ce soir l’audace et l’excellence entrepreneuriale béninoise », a lancé Arnauld Akakpo, président de la CCI Bénin, en ouvrant la cérémonie. De fait, pour lui, ce prix s’inscrit dans la droite ligne de la mission de l’institution consulaire : créer des ponts entre entreprises, investisseurs et pouvoirs publics, tout en valorisant innovation et responsabilité. Il a rappelé que les lauréats ont été choisis sur leur capacité à avoir maintenu, voire accéléré, leur croissance entre 2019 et 2025 – une période particulièrement marquée par la pandémie, les chocs mondiaux et les réformes fiscales nationales.

Première édition du Prix Gazelle à Cotonou : 10 entreprises récompensées pour leur croissance 2019-2025. Trophées remis par la CCI Bénin et CADRECO au Novotel Orisha.

Des critères chiffrés à la résilience managériale

 

Francine Aïssi Houangni, présidente du jury, a détaillé la méthode de sélection. Les dossiers devaient comporter des états financiers certifiés et une note stratégique expliquant la vision de croissance de l’entreprise. Cependant, initialement très stricts, les critères ont dû être légèrement assouplis en cours de route : seules trois sociétés répondaient parfaitement aux exigences chiffrées initiales. Par conséquent, le jury a décidé de prendre également en compte la qualité du management, la discipline interne et la trajectoire globale. Cette flexibilité a permis de valoriser la résilience managériale, souvent aussi cruciale que les chiffres bruts. « Le Bénin possède un vivier d’entreprises solides, capables de rayonner bien au-delà de nos frontières », a-t-elle affirmé, avant de féliciter chaleureusement les dix lauréates, désormais « ambassadrices » du Prix Gazelle.

 Prix Gazelle : un rendez-vous annuel tourné vers l’avenir

 

Du côté de l’organisation, Yann Coco, gérant de CADRECO, n’a pas caché sa satisfaction. « Voir naître une distinction entièrement dédiée aux entreprises qui ont tenu bon et progressé malgré les tempêtes, c’est une fierté », a-t-il déclaré. Il a tenu à remercier les nombreux partenaires qui ont rendu l’événement possible : Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin, Port Autonome de Cotonou, Fabrimétal Bénin, MTN Business, SGI-AGI, AGA et La Poste du Bénin. Message spécial également aux entreprises non sélectionnées cette année : « Continuez, perfectionnez-vous, l’an prochain le trophée peut être pour vous. »

En une soirée, le Prix Gazelle a posé ses marques : un rendez-vous annuel qui entend devenir la vitrine de l’entrepreneuriat béninois performant et la boussole d’une économie tournée vers l’innovation et la résilience. La CCI Bénin l’a promis : elle remettra le couvert, avec encore plus d’ambition, en 2026.

 

Élections 2026 : la HAAC tire au sort l’ordre de passage des partis dans les médias

Cotonou, 10 décembre 2025 – À deux semaines du lancement officiel de la campagne médiatique (26 décembre), la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a clos ce mercredi la séquence de préparation en organisant, sous l’œil attentif de son président Édouard Loko et de l’ensemble des conseillers, le tirage au sort tant attendu par les cinq partis autorisés à concourir.

HAAC : un exercice de transparence salué

 

Devant les représentants des formations politiques, les boules ont été tirées en direct et en public, garantissant une impartialité totale dans l’attribution des temps de parole. Voici l’ordre de passage déterminé pour le scrutin couplé :

Pour les législatives du 11 janvier 2026 :

  • Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE).
  • Union Progressiste le Renouveau (UP-R).
  • MOELE-Bénin
  • Les Démocrates (LD)
  • Bloc Républicain (BR)

Pour les communales (même jour) :

  • Bloc Républicain (BR)
  • Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE).
  • Union Progressiste le Renouveau (UP-R).
  • MOELE-Bénin
  • Les Démocrates (LD)

Fait notable : la composition des listes autorisées est identique pour les deux scrutins, seule la séquence de passage sur les ondes et les plateformes publiques change.

Tirage au sort à la HAAC : FCBE ouvre pour les législatives, BR pour les communales. Ordre de passage officiel fixé pour la campagne du 26 décembre au 9 janvier.

L’ordre est gravé, la stratégie s’affine

 

À l’issue du tirage, les délégués des partis, même ceux moins bien lotis, ont unanimement salué la transparence du processus. « C’est un gage de fair-play qui rassure tout le monde », a confié un cadre de l’opposition.

Désormais, avec cet ordre gravé dans le marbre, les états-majors peuvent finaliser leurs stratégies médiatiques et réserver leurs créneaux de grande écoute sur les radios, télévisions et plateformes publiques.  Bien que la campagne officielle s’annonce intense, la décision de la HAAC, qui constitue l’autre pilier du processus, viendra strictement l’encadrer. Cette régulation est cruciale pour que l’ardeur des débats ne dépasse pas le cadre républicain. Ainsi, dans quinze jours, les médias béninois diffuseront des programmes 100 % électoraux.

 

HAAC :  un test pour la démocratie médiatique

 

Le tirage au sort a levé la dernière incertitude procédurale. L’enjeu de ce scrutin couplé — législatif et communal — est triple : consolider la démocratie locale, renouveler le parlement, et surtout, réussir l’examen de la sérénité médiatique imposé par la HAAC. L’autorité a fourni le cadre ; désormais, c’est aux cinq partis de démontrer, du 26 décembre au 9 janvier, que le Bénin est prêt pour une nouvelle ère électorale, apaisée et transparente.

 

Élections 2026 : la HAAC fixe les règles strictes de campagne

Cotonou, 10 décembre 2025 – À un mois du scrutin couplé législatif-communal du 11 janvier 2026, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) passe à l’action. Ce mercredi, son siège a accueilli les cinq partis autorisés à concourir (UP-R, BR, MOELE-Bénin, LD et FCBE) ainsi que les directeurs des médias publics pour une séance à haut enjeu : cadrer strictement la campagne médiatique à venir.

 

Trois moments forts pour la transparence

 

Sous la présidence d’Édouard Loko, la rencontre a été marquée par trois actes symboliques qui posent les bases de la transparence du processus :

  • la présentation officielle des règles électorales (Décision n°25-083/HAAC du 9 décembre), un texte de 40 articles qui fixe le cadre pour l’ensemble des médias ;
  • le tirage au sort de l’ordre de passage des partis sur les antennes publiques, un mécanisme essentiel pour garantir la neutralité des temps de parole ;
  • Enfin, la signature solennelle d’une charte de bonne conduite par les représentants des formations politiques.

À un mois du scrutin couplé du 11 janvier 2026, la HAAC impose égalité et équité médiatique, tire au sort l’ordre de passage et fait signer une charte aux 5 partis.

Égalité sur le service public, équité sur le privé

 

Devant les responsables politiques et les patrons de presse, le président Loko a affirmé clairement : « Toutes les dispositions garantissent l’égalité de traitement sur les médias publics et l’équité sur les privés. »

La campagne officielle débutera le vendredi 26 décembre à 00 h 01 et s’achèvera le vendredi 9 janvier à minuit. Pendant ces deux semaines, la HAAC ne tolérera aucun débordement : elle sanctionnera les discours de haine, l’incitation à la violence, la désinformation ou l’atteinte à l’honneur.

La décision, lue par la 1ʳᵉ rapporteure Roukiatou Bio Faï, détaille les temps d’antenne, les formats autorisés, les sanctions en cas de manquement et les modalités de contrôle. « Nous voulons une campagne qui respecte les valeurs républicaines et consolide la paix sociale », a martelé Édouard Loko.

 

 La HAAC appelle à la responsabilité collective

 

Le président de la HAAC n’a pas seulement brandi le bâton : il a également tendu la main aux partis. « Vous avez votre part de responsabilité. Jouez le jeu pour que cette campagne soit une belle fête démocratique. »

À l’issue de la cérémonie, plusieurs responsables politiques se sont dits satisfaits du cadre posé, même si certains, sous couvert d’anonymat, regrettent déjà la brièveté de la période officielle (14 jours seulement).

Avec cette décision et ce tirage au sort public, la HAAC de la 7ᵉ mandature pose un jalon décisif : elle entend faire de la campagne 2026 un modèle de transparence et de sérénité médiatique, dans un pays où les tensions électorales passées ont parfois laissé des traces. Le compte à rebours est lancé.

En somme, cette feuille de route stricte est, pour la HAAC, un engagement clair. Après des scrutins passés parfois marqués par la crispation et la désinformation, l’autorité de régulation entend placer la barre haut. Les 14 jours de campagne médiatique ne testeront pas seulement les partis ; ils mesureront aussi l’efficacité d’un régulateur déterminé à faire respecter la paix sociale. L’enjeu est simple : faire du scrutin de 2026 le contrepoint réussi aux périodes de forte tension médiatique vécues par le pays.

Églises du Bénin : grande prière pour des élections pacifiques 2026

Porto-Novo, 10 décembre 2025 – À dix mois des élections générales de 2026 (qui incluront notamment la présidentielle), le Conseil œcuménique chrétien des Églises du Bénin (COCEB) et l’Église protestante méthodiste du Bénin prennent les devants. Le dimanche 21 décembre prochain, Ils célèbreront  un grand culte d’intercession pour la paix à Porto-Novo, avec pour objectif clair : placer le pays sous la protection divine et appeler tous les acteurs politiques à la retenue et au sens des responsabilités.

À 10 mois du scrutin, le COCEB organise le 21 décembre à Porto-Novo un culte œcuménique géant pour la paix. Louis Vlavonou invité d’honneur.

Louis Vlavonou, invité d’honneur de la prière nationale

 

À cette occasion, ce mercredi matin, le président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou, a reçu à son cabinet une importante délégation conduite par le Révérend Professeur Kpondjésugo Amos Hounsa, président du COCEB – une institution reconnue pour son rôle d’influence et de médiation dans les crises nationales.

Étaient également présents les responsables de sept grandes dénominations, attestant de l’unité de la démarche : Église protestante méthodiste du Bénin, Église Première Mission Africaine, Église des Chérubins et Séraphins, Église Méthodiste Africaine, Église du Christianisme Céleste, Église Biblique du Saint-Esprit et Église Méthodiste Africaine Restaurée.

« Nous sommes venus inviter personnellement le président Vlavonou à cette célébration et lui demander de porter dans la prière le processus électoral à venir », a expliqué le Révérend Hounsa à la sortie de l’audience.

L’accueil réservé par le deuxième personnage de l’État a été qualifié de « chaleureux, fraternel et profondément républicain ». Louis Vlavonou aurait prodigué de « sages conseils » pour la réussite de l’événement et insisté sur le rôle historique des Églises comme « sentinelles de la paix » et garantes du vivre-ensemble.

 COCEB : une mobilisation spirituelle avant la bataille électorale

 

Au-delà de l’aspect cultuel, les organisateurs veulent transformer cette journée du 21 décembre en vaste campagne de sensibilisation. À cette fin, dans les paroisses, les quartiers et les villages, les pasteurs et responsables religieux diffuseront le même message : « Le Bénin est un et indivisible. Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix. »

Des spots radio, des affiches et des prêches dominicaux sont déjà en préparation pour rappeler aux fidèles, mais aussi aux responsables politiques, candidats et militants, les « bons réflexes citoyens » à adopter pendant la campagne et le scrutin.

« Nous ne voulons pas attendre que la tension monte pour réagir », confie un membre de la délégation. « L’Église a une voix qui porte. Nous allons l’utiliser pour prévenir plutôt que guérir. »

De plus, par cet accueil respectueux des leaders religieux, Louis Vlavonou – une figure éminente du parlement et proche du pouvoir – délivre un message politique clair : le camp présidentiel cherche l’appui moral des Églises pour assurer un climat serein durant les prochaines élections.

Rendez-vous donc le 21 décembre à Porto-Novo : les organisateurs attendent des milliers de fidèles pour cette « grande croisade pour la paix » qui pourrait bien devenir l’un des premiers grands marqueurs de la campagne 2026.

Pascal Tigri en fuite au Togo : Cotonou veut activer Interpol

Cotonou, 10 décembre 2025 – Trois jours après les troubles qui ont brièvement secoué le Bénin, l’attention se porte désormais sur le sort de Pascal Tigri, lieutenant-colonel de la Garde nationale et figure centrale des événements du 7 décembre. Selon des sources gouvernementales, l’officier aurait franchi la frontière et se terrerait actuellement à Lomé, au Togo, dans le quartier animé de Lomé 2. Si elle se confirme, cette information pourrait précipiter un bras de fer diplomatique entre les deux pays voisins.

 

Une fuite qui complique l’enquête béninoise

 

Ancien commandant des forces spéciales de la Garde nationale, Pascal Tigri s’est illustré ces dernières années dans des opérations antiterroristes au nord du pays, aux côtés de troupes entraînées à naviguer dans les zones frontalières hostiles. Discret et peu connu du grand public avant son intervention télévisée du dimanche matin, il avait alors justifié son action par des griefs internes à l’armée : retards de promotions, négligence envers les familles de soldats et précarité accrue dans les régions exposées à l’insécurité.

Mais l’opération a tourné court. Une brève déclaration à la télévision nationale, où il évoquait la création d’un « Comité militaire de refondation » et la suspension de la Constitution, n’a pas suffi à rallier les soutiens espérés. En effet, les forces loyales ont rapidement repris le contrôle des institutions clés. Elles ont reçu un renfort rapide de troupes extérieures, notamment du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et de la France. Cette intervention a permis de libérer des officiers otages et de neutraliser une partie des mutins – estimés à une centaine d’hommes, dont certains ont été pris au dépourvu par la nature réelle de leur mission.

Du côté loyalistes, l’enquête révèle un bilan humain partiel : un garde présidentiel tué, un autre grièvement blessé, et des pertes parmi les insurgés dont leurs pairs ont évacué les corps, rendant le décompte précis impossible. Les autorités ont interpellé au moins une douzaine de militaires, mais Tigri reste le plus recherché.

 

Interpol en ligne de mire, Lomé dans l’embarras

 

Face à cette évasion présumée, le gouvernement de Patrice Talon ne compte pas lâcher prise. Une source proche du ministère de la Justice a indiqué que Cotonou envisageait sérieusement d’émettre une notice rouge auprès d’Interpol dès ce mercredi, visant l’arrestation immédiate et l’extradition du fugitif. « Nous saurons exactement où il se trouve », a assuré le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, chef de la Garde républicaine, lors d’une déclaration à l’AFP, soulignant que l’enquête se poursuit avec l’appui de partenaires régionaux et internationaux.

À Lomé, l’atmosphère est plus réservée. Des proches du président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, ont fait savoir ne disposer d’aucune information sur la présence de Tigri sur le sol togolais. Cependant, si les rumeurs se confirment, le Togo – allié historique du Bénin au sein de la CEDEAO – pourrait se retrouver dans une position délicate. Accepterait-il une extradition rapide, au risque de froisser des sensibilités militaires internes ? Ou opterait-il pour une discrétion qui exposerait les relations bilatérales à des tensions inédites ? Les analystes régionaux évoquent déjà un test pour la coopération sécuritaire ouest-africaine, dans un contexte où les frontières poreuses facilitent les passages clandestins.

 

Un profil atypique pour un fugitif en vue

 

Âgé d’une quarantaine d’années, Pascal Tigri n’était pas perçu comme un agitateur au sein de l’armée béninoise. Formé à l’artillerie et passé par le commandement du 3ᵉ Groupement inter-armes, il avait contribué à des missions sensibles contre les groupes jihadistes aux confins nigériens et burkinabés. Son apparition soudaine à l’écran, en uniforme et flanqué de soldats armés, a choqué par son contraste avec sa réputation de « calme et poli ».

Aujourd’hui, sa cavale soulève des questions sur les réseaux internes qui pourraient l’avoir aidé à filer : complicités logistiques ? Soutiens logistiques transfrontaliers ? Les autorités béninoises promettent des révélations au fil des auditions, mais pour l’instant, l’homme traqué reste une ombre insaisissable entre Cotonou et Lomé.

Alors que le Bénin affiche un retour à la normale – avec des patrouilles renforcées et des rassemblements de soutien au président Talon –, l’affaire Tigri pourrait bien s’étendre au-delà des frontières. Une extradition forcée via Interpol mettrait à l’épreuve les traités bilatéraux, tandis qu’un silence togolais prolongé alimenterait les spéculations sur une possible protection discrète. Dans tous les cas, cette fuite met en lumière les fragilités sécuritaires d’une région où les militaires, héros du quotidien contre le terrorisme, deviennent parfois les acteurs d’un drame politique.

 

Bénin : Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale exigent le retrait immédiat des troupes étrangères

 

Cotonou, 10 décembre 2025 – Deux jours après la tentative de coup d’État du 7 décembre 2025, le parti Restaurer l’Espoir (RE) et la Coordination Nationale de la Résistance Nationale (CNRN), réunis en session extraordinaire conjointe mardi 9 décembre sous la présidence de Candide A. M. Azannaï, ancien ministre et coordonnateur national de la Résistance, ont publié une déclaration d’une rare fermeté.

Qualifiant les faits de « tentative de coup d’État militaire » et de « profanation inacceptable de la mémoire du colonel Vincent Guezodjè – dont le serment de 1990 avait scellé le retour des militaires dans les casernes – », les deux mouvements rendent un hommage ému aux victimes innocentes et présentent leurs condoléances à la Nation.

 

Hommage aux victimes et condoléances nationales

 

La déclaration commence par un hommage solennel aux « victimes innocentes de cette crapuleuse barbarie ». Les deux structures présentent leurs « vives et profondes condoléances » aux familles endeuillées et à l’ensemble de la Nation béninoise. De plus, elles saluent la « sérénité, la maturité et la lucidité » du peuple face à l’épreuve. En suite, elles ont apporté leur solidarité et leurs compassions aux Forces armées nationales régulières, prenant soin de distinguer les militaires béninois des putschistes présumés.

 

Une « transgression » de l’engagement historique des forces armées

 

Pour le RE et la CNRN, les événements du 7 décembre 2025 constituent une « transgression » flagrante de l’engagement solennel pris en 1990 par les Forces armées, sous le commandement du colonel Vincent Guezodjè, de ne plus jamais intervenir dans la vie politique et de regagner irrévocablement les casernes.

« Le 7 décembre 2025 est une profanation inacceptable et intolérable de la mémoire du colonel Guezodjè », affirment-t-ils, rappelant  ainsi que ce serment historique avait permis la réconciliation nationale et l’avènement pacifique du Renouveau démocratique.

 

Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale exigent le retrait immédiat des troupes étrangères

 

L’un des points les plus saillants de la déclaration concerne la présence de forces armées étrangères sur le sol béninois. En conséquence, les parties exigent le retrait immédiat et sans condition de toutes les forces armées étrangères présentes sur le sol béninois (Nigeria, Côte d’Ivoire, France et autres), estimant que leur présence est une atteinte à la dignité nationale.

« Cette exigence n’est pas négociable : elle découle de la dignité, de la fierté nationale et de l’honneur de nos braves Forces armées nationales », soulignent les signataires.

 

Condamnation de la CEDEAO et appel au Dialogue National Inclusif

 

Les deux mouvements fustigent également la CEDEAO, accusée de « s’immiscer dans les affaires intérieures des États par la force armée » sous prétexte de défense de la démocratie, tout en fermant les yeux sur les « tripatouillages » constitutionnels et les « coups de force institutionnels ».

C’est pourquoi ils exigent la tenue « sans délai » d’un Dialogue National Inclusif (DNI), présenté comme la « seule issue » pour une réconciliation nationale.

Parmi les résolutions adoptées figurent aussi :

  • la condamnation de la « courtisanerie politique » et des « pirouettes hypocrites » observées depuis le 7 décembre ;
  • un appel solennel à la résistance pacifique et non violente, avec mandat donné à tous les points focaux de l’intensifier dans les villes et campagnes.

Le parti Restaurer l’Espoir (RE) et la Coordination Nationale de la Résistance Nationale mettent en garde avec la même fermeté les dictatures et ceux qui, dans l’opposition, seraient tentés de répondre par la violence.

 

Critique virulente du « pouvoir déviant dit de la rupture »

 

Sans jamais nommer directement le président Patrice Talon, la déclaration dénonce « le pouvoir déviant dit de la rupture », accusé de « courtisanerie politique », de « confiscation du pouvoir » par la manipulation et l’intimidation des voix dissidentes.

D’ailleurs, elle cite une phrase attribuée à l’homme politique britannique George Galloway qui a « profondément inspiré » la session : « Si tu es réduit à faire appel à une force étrangère pour bombarder ton propre pays dans le but de garder le pouvoir, c’est que ce pouvoir tu l’as déjà perdu. »

Elle dénonce également avec dégoût l’« aisance hypocrite » avec laquelle, depuis le 7 décembre, « politiques et apolitiques de tout bord » ont « pirouetté » selon l’évolution de la situation, révélant le « dégoût psychopolitique » que suscite ce pouvoir auprès de la majorité des Béninois.

 

Restaurer l’Espoir et la Résistance Nationale prônent une résistance pacifique et non violente.

 

En conclusion, la Résistance Nationale et Restaurer l’Espoir appellent à « resserrer les rangs » face à un pouvoir qu’ils jugent « aux abois », tout en réaffirmant leur attachement à une lutte strictement pacifique et non violente. Ils mettent en garde ceux qui, au sein même de l’opposition, seraient tentés par la violence : ils représentent, selon eux, « un danger aussi grand que les dictatures qu’ils prétendent combattre ». Le bloc mandate enfin l’ensemble des points focaux de la Résistance Nationale d’intensifier, dans toutes les villes, agglomérations et campagnes, la sensibilisation aux « vertus de la résistance nationale pacifique et non violente ».

La déclaration se termine par une série de slogans :

« Non à la violence, non à toute dérive dictatoriale, honte à l’arrogance, succès aux armes nationales régulières de la République, triomphe à la Résistance Nationale, victoire au peuple résistant debout. Vive la République. »

Signée par Candide A. M. Azannaï, cette prise de position marque une nouvelle escalade dans la crise politique béninoise, deux jours seulement après des événements dont les contours précis restent encore opaques pour une large partie de l’opinion.

 

Bénin : la lettre ouverte de Aurore Chahounka-Barrigah à Talon

Cotonou, 9 décembre 2025 – « Monsieur le Président, vous avez semé l’orage » : et vous récolterez la tempête. Deux jours après l’opération militaire avortée du 7 décembre contre le palais de la Marina, une voix citoyenne franco-béninoise, Aurore Chahounka-Barrigah, publie une longue lettre ouverte au président Patrice Talon.

 

L’accusation : coups d’État institutionnels

 

Sans détour ni langue de bois, l’auteure accuse directement le chef de l’État d’avoir, par ses choix politiques depuis 2019, « détruit méthodiquement l’unité nationale » et créé les conditions mêmes de la révolte armée de dimanche.

« Vous avez poussé le bouchon trop loin », écrit-elle, rappelant notamment les réformes électorales exclusives, l’emprisonnement d’opposants, l’exil forcé de figures politiques, la tentative perçue d’imposer un dauphin et successeur, ou encore les projets de Sénat et de révision constitutionnelle en pleine période pré-électorale.

Dès lors, pour Aurore Chahounka-Barrigah, la tentative de putsch n’est pas un accident mais « la résultante logique » d’une gouvernance qu’elle qualifie de « coups d’État institutionnels répétés ». Elle met en garde Patrice Talon : tant que rien ne changera dans sa façon de gouverner, « la probabilité d’un nouvel orage, plus violent encore, reste élevée ».

 

La feuille de route pour la décrispation

 

La lettre se transforme ensuite en véritable feuille de route pour éviter le pire. À cet égard, l’auteure exhorte le président à :

  • renoncer à imposer son ministre des Finances Romuald Wadagni comme candidat en 2026 ;
  • ouvrir totalement les élections générales de 2026 à tous les partis ;
  • abandonner tout projet de révision constitutionnelle et de création d’un Sénat avant le scrutin ;
  • libérer immédiatement l’ensemble des prisonniers politiques ;
  • garantir le retour sécurisé des exilés ;
  • abroger les dispositions restrictives du Code électoral et de la Charte des partis ;
  • engager une relecture concertée et inclusive de ces textes.

Dans un appel final, elle s’adresse à l’ensemble des forces vives – armée, clergé catholique, protestant et musulman, syndicats, société civile, corps diplomatique – pour qu’elles fassent pression en faveur d’une décrispation immédiate, rappelant que « la paix est d’abord une attitude ».

 

 Lettre ouverte : un cri citoyen face à l’ingérence régionale

 

Si le texte est signé « votre presque enfant » – signe d’une génération qui se sent trahie –, il est surtout porteur d’une mise en garde sans appel : continuer sur la même voie, c’est transformer le Bénin en « roi retranché dans son château fort », avec tous les risques que cela comporte quand la menace vient souvent… de l’intérieur.

À l’heure où le Nigeria déploie déjà des troupes pour sécuriser Cotonou et où la CEDEAO décrète l’état d’urgence régional, cette lettre ouverte résonne comme le cri d’une partie de l’opinion qui refuse de voir le pays replonger dans le cycle des coups de force.

Reste à savoir si, cette fois, le message sera entendu au sommet de l’État. Car, malgré la récente déclaration du président Talon : « Vous allez subir mais vous ne pourrez rien faire », cette tentative de putsch prouve que l’opinion ne compte pas rester silencieuse face à ces actions.